Médecin et homme politique, (C) (★ Sélestat 1.1.1876 † Sélestat 5.1.1947). Fils de Pancrace Oberkirch, maître-plâtrier, et de Valérie Joséphine Lestage, fille d’un mécanicien d’Ingersheim. ∞ 20.7.1911 à Strasbourg Suzanne Clot (★ Strasbourg 7.1.1883 † Wasselonne 18.2.1918), fille de Joseph Clot, rentier, de La Grave, Hautes-Alpes, et d’Élisabeth Rhein, de Bouxwiller; 1 fille. Après l’école primaire et secondaire à Sélestat, Oberkirch fit des études de médecine à Strasbourg (octobre 1894 – mars 1897), Berlin (mai 1897 – mai 1898), Strasbourg (mai 1898 – décembre 1899). Après un service militaire de six mois comme Einjähriger à Strasbourg (avril – septembre 1900), Oberkirch fit deux ans de stages de perfectionnement et de cours pratiques de spécialités à Dresde (octobre 1900 – février 1901), Paris (mai 1901 – janvier 1902) et Berlin (mars 1902). Il s’installa à Rouffach en août 1902, puis à Wasselonne en 1903 où il exerça jusqu’en 1920. Grand mélomane et bon pianiste amateur. Mobilisé comme médecin d’état-major à Dresde en août 1914, puis envoyé quelques temps sur le front russe, avant d’être démobilisé. En novembre 1918, Oberkirch fut chargé de l’accueil des troupes françaises à Wasselonne. Sa carrière politique débuta en novembre 1919 avec son élection comme député du Bas-Rhin sur une liste d’Union nationale, en tant que représentant de l’Union populaire républicaine (UPR). Maire de Wasselonne de décembre 1919 à mai 1925. Conseiller général du canton de Wasselonne de décembre 1919 à juillet 1925, puis du canton de Villé jusqu’en 1940. Président du Conseil général du Bas-Rhin du 22 septembre 1922 au 28 octobre 1931. Réélu député du Bas-Rhin en 1924, il fut député de la circonscription de Sélestat de 1928 à 1940. À la Chambre des députés, il s’inscrivit au groupe de l’Entente républicaine démocratique en 1919, au groupe de l’Union républicaine démocratique en 1924 et 1928, au groupe de la Fédération républicaine en 1932 et 1936. Membre du Comité directeur de l’UPR, il appartenait à l’aile «nationale» du parti. En 1923, il participa à la création de l’Écho d’Alsace et de Lorraine, l’organe de l’aile «nationale» de l’UPR. Le 4 juin 1928, il devint sous-secrétaire d’État au ministère du Travail, de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales dans le ministère Poincaré. Il garda ce portefeuille dans les ministères Briand et Tardieu jusqu’au 17 février 1930. Il encouragea la création de centres de puériculture pour lutter contre la mortalité infantile, de centres régionaux de lutte contre le cancer et de centres contre la tuberculose. Inspirateur, avec Camille Schneider ©, de la fête des mères en France. Il fut sous-secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie dans le second ministère Tardieu du 2 mars 1930 au 4 décembre 1930. En novembre 1928, il fut l’un des artisans de la scission de l’UPR. Il participa à la création de l’Action populaire nationale d’Alsace (APNA) et devint président du Comité interdépartemental en 1930. Dès 1931, il fut favorable à un rapprochement avec l’UPR. En mars 1932, il démissionna de la présidence de l’APNA, après que sa politique d’accord électoral avec l’UPR eut été désavouée. En juin 1936, il vota les projets de loi du gouvernement Blum sur les congés payés et sur les contrats collectifs de travail, mais rejeta la semaine des 40 heures. Oberkirch s’intéressa tout particulièrement aux problèmes de politique étrangère et intervint fréquemment sur les questions allemandes à la Chambre des Députés et dans la presse. Pendant la période de la «drôle de guerre», Oberkirch intervint à plusieurs reprises à la radio pour dénoncer le danger allemand. À Paris lors de l’invasion allemande, il se replia sur Bordeaux, puis à Vichy. Le 10 juillet 1940, il vota le projet de loi qui accordait les pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Le 4 septembre 1942, il participa à une réunion d’élus du Bas-Rhin qui rédigea à l’adresse du gouvernement une protestation contre l’incorporation de force décrétée dix jours plus tôt dans les trois départements de l’est. Le 27. octobre, devant l’absence de réaction de Vichy, les élus alsaciens et mosellans approuvèrent une protestation solennelle destinée au maréchal Pétain; Oberkirch fut en outre mandaté par ses collègues pour intervenir une nouvelle fois auprès de Pétain et du gouvernement, afin de protester contre l’application des lois raciales aux juifs d’Alsace et de Moselle. Le 11 novembre 1942, il se réfugia à Lausanne, puis à Genève à la suite de l’occupation de la zone libre par les Allemands. En février 1945, il fut élu membre du comité exécutif provisoire du nouveau parti catholique alsacien dans le Bas-Rhin, le Parti républicain populaire, qui adhéra au Mouvement républicain populaire (MRP) en juillet 1945. En septembre 1945, il fut élu conseiller général du canton de Marckolsheim. Le 21 octobre 1945, il fut élu membre de l’Assemblée constituante sur la liste MRP du Bas-Rhin et le 8 décembre 1946, conseiller de la République sur une liste MRP.
En 1945, il publia un ouvrage de réflexion sur Le problème politique allemand, préfacé par Louis Marin, où il définissait le nazisme comme un avatar du «prussianisme» et préconisait une série de mesures pour pacifier définitivement l’Allemagne, en particulier une structure fédérale avec morcellement de la Prusse.
Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, Paris, 1960 ss.; J.-L. Hirtler, Le Mouvement Républicain Populaire dans le Bas-Rhin en 1945-1946, Strasbourg, 1970; Chr. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg, 1982; Encyclopédie de l’Alsace, IX, p.5599; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p.326-327; B. Frantz, Le docteur Alfred Oberkirch, médecin de campagne, homme politique, ministre; sa vie, son œuvre sociale, thèse médecine, Strasbourg, 1987; Chr. Baechler, M. Goettelmann-Oberkirch, D. Hoeffel, A. Irjud, M. Kubler, P. Pflimlin, G. Schaff, Le docteur Alfred Oberkirch, 1876-1947. Un médecin alsacien dans la tourmente politique, Strasbourg, 1990 (plusieurs photos).
Christian Baechler (1996)