Famille noble d’Alsace apparaissant au XIIe siècle avec Burcard de superiori ecclesia (Oberkirch). À travers les siècles, les Oberkirch occupèrent les plus hautes fonctions dans la vie publique tant à Obernai qu’à Strasbourg où on les retrouve, à intervalles réguliers, membres de la chambre des XXI, des XV, stettmeistre. Ils étaient alliés à la plupart des grandes familles de Basse Alsace. Les actes notariés mentionnent, en 1314, Burcard dit d’Oberkirch. Puis se succèdent des générations d’Oberkirch dont on ne sait que peu ou rien. Un peu plus consistantes sont les informations concernant Philipp, prévôt d’Obernai, ∞ Barbe de Ramstein (1423). Son fils, Jacob († Saverne 1533), fut bailli épiscopal du Kochersberg, ∞ Catherine Quintner; 3 fils: Jacob II, grand prévôt épiscopal à Saverne, ∞ Amelie von Landsberg; Siegried († 1562) ∞ Margrede von Venningen (1554), eut un fils Wolfgang qui Margrede Anna von Eltz, et Philipp. Wolfgang Thomas I, fils de Jacob II, ∞ Rosine Küchlin dont il eut 1 fils. Son petit-fils, Jean Nicolas († 1664), fut conseiller au Directoire de la noblesse d’Alsace, ∞ Marie-Salomé de Ruost. Son fils, Jean Wolfgang, provoqua en 1741 une scission dans la famille en abjurant le protestantisme et en retournant au catholicisme. Il est le fondateur de la branche cadette de Molsheim. II ∞ Jeanne Gremp de Freudenstein ; 2 fils et 1 fille: JeanChristophe qui demeura dans le protestantisme, ∞ Dorothée Marie Madeleine de Buch, Frédéric Léopold devint catholique en même temps que son père et ∞ Marguerite Hélène Albertini d’Ichtratzheim, et enfin Jeanne Barbe(★ 1700) ∞ 1719 Chrétien René de Dettlingen(1697-1742).
1. Philippe Christophe
(★ 29.11.1702 † 1.11.1768). Fils de Jean Christophe d’Oberkirch. ∞ Caroline Françoise de Buch († 14.6.1784), fille de Philippe Louis de Buch et de Jeanne Louise Gremp de Freudenstein. Ils eurent deux fils: Charles-Siegfried © 2 et Auguste Samson © 3. Membre du Petit et du Grand Sénat à Strasbourg, puis de la chambre des XV et, en 1740, élu stettmeistre.
2.Charles Siegfried
(★ 4.4.1735 † 9.3.1797). Fils de 1. ∞ 1.4.1776 Henriette Louise Waldner de Freundstein © 4, qui devint par ses Mémoires la célèbre Mme d’Oberkirch. Voici ce qu’elle y consigne à propos de son mari (p.66). «M. d’Oberkirch a servi comme capitaine dans Royal-Deux-Ponts, fait quatre campagnes et s’est trouvé à plusieurs batailles. Il reçut la croix du Mérite militaire en 1763, et quitta le service pour être conseiller noble de la Chambre des Quinze au Sénat de la ville libre de Strasbourg. Ce mariage, qui convint tout de suite à mon père, me plut bientôt à moi». Ils n’eurent qu’une fille: Marie Philippine Frédérique Dorothée (★ 1777 † 1827), 1798 Louis Simon Bernard comte de Montbrison. Son fils publia les Mémoires de la baronne d’Oberkirch en 1853.
3.Auguste Samson
(★ Strasbourg 11.10.1739 † 1811). Frère de 2. ∞ 1785 Caroline Sophie de Rathsamhausen (1727-1790), fille de Chrétien Samson de Rathsamhausen et de Caroline Elisabeth de Berstett (1745-1773). Auguste Samson prit part à la guerre de Sept Ans. Il changea plusieurs fois de régiment et quitta l’armée à la veille de la Révolution, en mars 1789, avec rang de colonel de hussards et se retira à Nonnenweier, Bade. Avec son fils Frédéric Édouard (★ 6.4.1800 † 10.11.1867), s’éteignit la branche cadette des Oberkirch.
4. Henriette Louise, baronne d’
(★ Schweighouse, Haut-Rhin, 5.6.1754 † Strasbourg 15.6.1803). Fille de François Louis, baron de Waldner-Freundstein (★ 11.7.1710 † 24.11.1788) et de Wilhelmine Auguste Éléonore Sophie de Berckheim (★ 1732 † 1757). ∞ 1.4.1776 le baron Charles Siegfried d’Oberkirch © 2. Mme d’Oberkirch n’avait pas quatre ans lorsqu’elle perdit sa mère. Elle fut alors élevée par sa marraine, Ève de Wurmser. Celle-ci lui «fit donner une éducation sérieuse» (Mémoires p. 9) comprenant l’apprentissage de plusieurs langues vivantes, de la musique, de la peinture, de l’histoire, de la généalogie etc. Lors du passage de Marie-Antoinette à Strasbourg, en 1770, la jeune baronne lui fut présentée (Mémoires p. 31). Elle fut l’amie des plus grandes familles d’Europe, en particulier de la princesse Dorothée de Wurtemberg. Elle fit plusieurs séjours au château de la princesse à Étupes, Doubs. Après le mariage de cette dernière avec le grand-duc Paul de Russie, les deux amies entretinrent une correspondance suivie pendant de longues années. Elles eurent l’occasion de se revoir à Fontainebleau, en 1782, lors d’une visite du tsar en France. Madame d’Oberkirch fut des intimes du cardinal de Rohan et fut très affectée lorsque éclata «l’affaire du collier de la reine». Elle en voulut aussi à Rohan de se commettre avec le charlatan Cagliostro ©. Esprit curieux du siècle des «lumières», avide de savoir, elle put, grâce à ses nombreuses relations, nous livrer, dans ses Mémoires, une image assez précise, quoique un peu édulcorée, de la société de son temps. Le comte de Montbrison, qui publia ces Mémoires, les qualifie lui-même, dans l’avant-propos, de «plus spirituels qu’importants, plus gracieux que graves». Ces qualités intellectuelles lui valurent l’estime de Goethe © et l’amour du poète livonien Lenz. Cependant, à la veille de la Révolution française, elle pressentit que l’ancien ordre des choses, qui lui avait été si naturel en Alsace, allait chavirer. «Tout ce que je vénère succombe; tout ce que j’aime est menacé». Menacée, elle le fut elle-même par les jacobins qui l’envoyèrent avec son mari en prison, d’où ne les tira que la chute de Robespierre. Quelques années plus tard, l’assassinat du tsar Paul, le 23 mars 1801 et les souffrances de son amie, la tsarine, furent un autre nuage sur son existence.
Mémoires de la baronne d’Oberkirch sur la cour de Louis XVI et la société française avant 1789, éditées par le comte de Montbrison, Paris, 1853.
Lehr, L’Alsace noble, 1870, II, p.395, III, p.184; Le Roy de Sainte Croix, Les dames d’Alsace, Strasbourg, 1880, p.147-163; J. Froitzheim, Beiträge zur Landes und Volkskunde von Elsass-Lothringen, 4, Strasbourg, 1888, p.13; Strassburger Post du 10.11.1888; M. Bloch, Femmes d’Alsace. Souvenirs littéraires, Strasbourg, 1896, p.83-115; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.380 et 940 sq.; C. Schneider, «Henriette-Louise, baronne d’Oberkirch», Alsace et Moselle n°1,1962, p.5; Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai, 1974, p.76-83.
5.Chrétien Frédéric
(★ 1699 † 26.2.1749). Fils de Frédéric Léopold d’Oberkirch. Il fut marié trois fois (les deux premiers mariages nous sont inconnus)! ∞ III Marie Madeleine Loubeau de Ronden; 2 fils: Chrétien Antoine Joseph (★ 1735 † Ratisbonne 1804). Il quitta l’armée avec le grade de colonel, fut membre de la chambre des XXI et des XV, stettmeistre en 1787, député de la noblesse en 1789. Émigra en 1793 à Ratisbonne. Son frère, François Frédéric (★ 1737 † 1795), ∞ Marie Thérèse Françoise Wilhelmine de Xavier, fut capitaine au régiment Royal-Allemand, puis député de la noblesse. Ses deux fils furent officiers dans l’armée napoléonienne: Jean Henri Frédéric Antoine (★ 1778 † 1811) et Louis Antoine (★ 1779 † 1852). Ce dernier eut 1 fils de sa seconde femme, Catherine Fuchs: Louis Adam (★ 24.12.1837) qui s’engagea dans l’armée autrichienne.
J.D. Schoepflin, L’Alsace illustrée (trad. fr.), t.IV et V; Lehr, L’Alsace noble, 1870, II, p.393-398; M. Gritzner, Der Adel des Elsass, Nuremberg, 1871, p.17, fig.21; A. Seyboth, Strasbourg, historique et pittoresque depuis son origine jusqu’en 1870, Strasbourg, 1894, p.64; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, 377 et s.; P. Dollinger, Histoire d’Alsace, Toulouse, 1970, p.337; J. Braun, «Le château d’Oberkirch àObernai», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Dambach, Barr, Obernai, 1974, p.76; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, III, p.323 et s.; Encyclopédie de l’Alsace, IX, 1984, p.5599 et s.
Jules Keller (1996)