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NOELDEKE Theodor

Orientaliste, doyen de la faculté des Lettres de Strasbourg, (Pl) (★ Harburg, Basse-Saxe, 2.3.1836 † Karlsruhe 25.12.1930). Fils d’Ernst Georg Carl Noeldeke, docteur en philosophie, directeur de l’École municipale, et de Sophie Elise Klingemann ∞ Sophia Johanna Catharine Cornelie Harries. Il étudia les sciences orientales à Göttingen. Docteur en 1856, il se consacra à l’étude des différentes collections de manuscrits à Vienne (1856-1857), à Leyde (1857-1858) et à Berlin (1858-1860). Au cours de cette dernière étape, on lui confia la tâche de dresser le catalogue des manuscrits du fonds turc. Il commença alors une carrière professorale à Göttingen (habilitation en 1861) puis à Kiel (1864-1872) où on lui proposa la chaire de langues orientales. C’est en 1872 qu’il fut appelé à l’Université de Strasbourg. Il y enseigna les disciplines orientales (chaire de langues sémitiques, faculté de Philosophie) jusqu’en 1906, et y exerça la fonction de doyen (1877, 1901). À plusieurs reprises, on voulut lui confier une chaire à Vienne (1869 et 1879), à Leipzig (1888) et Göttingen (1891) en vue de succéder à Lagarde. Membre de la Disciptinarkammer des fonctionnaires et enseignants d’Alsace-Lorraine en 1891. Noeldeke préféra se maintenir à Strasbourg. Professeur émérite en 1905. Ce n’est qu’en 1920 qu’il quitta l’Alsace pour se fixer à Karlsruhe. Noeldeke fut reconnu par ses contemporains comme un maître incontesté dans sa matière, l’orientalisme.
Sa thèse, soutenue en 1856, porta sur les origines du Coran: De origine et compositione Surarum qoranicarum ipsiusque Qorani. Remanié à plusieurs reprises, cette étude forma en 1860 la fameuse Geschichte des Qorans, la première des œuvres capitales de Noeldeke. On peut affirmer qu’il s’agit là d’une des plus grandes contributions à l’histoire critique du texte coranique. Devenue dès lors un ouvrage de référence, Geschichte des Qorâns fut complétée après la mort de Noeldeke pour former une somme en trois volumes: le premier tome, revu par F. Schwally, Über den Ursprung des Qorans, Hildesheim, 1961; le second tome, Die Sammtung des Qorans, Hildesheim, 1961; le troisième tome, G. Bergsträsseret O. Pretzl, Die Geschichte des Korantexts, Hildesheim, 1961. À partir de 1875, il s’intéressa particulièrement aux langues iraniennes. En collaboration avec Goeje qui publia les annales de Tabarî, il rédigea une histoire des Sassanides. Ses recherches en iranologie sont regroupées dans Geschichteder Perser und Araber zur Zeit des Sassaniden, Leyde, 1879. À Kiel, il se mit à étudier le syriaque. Il publia trois grammaires: deux grammaires du syriaque et une grammaire du mandéen. Il aurait souhaité publier une grammaire comparative des langues sémitiques. Il ne réussit pas à s’y résoudre. Cependant, dans Beiträge zur semitischen Sprachwissenschaft (Strasbourg, 1904), Neue Beiträge zur semitischen Sprachwissenschaft (Strasbourg, 1910) et Die semitischen Sprachen (Leipzig, 1887), l’auteur a laissé poindre ses grandes intuitions de l’approche comparative des systèmes linguistiques sémitiques. Ainsi de suite, il parvint à connaître et à maîtriser toutes les langues orientales à l’exception de l’assyro-babylonien. Curieusement, il n’avait jamais entrepris de voyager en Orient. Paradoxe suprême, à l’exception du turc, cet orientaliste ne parlait aucune des langues dont il rédigea la grammaire. Quoiqu’il fût grand admirateur de son contemporain Wellhausen, Noeldeke refusa ses théories sur l’Ancien Testament. Il demeura attaché à la thèse de la haute ancienneté du Code sacerdotal. Ses principaux travaux sur l’Ancien Testament sont: Die Amalekiter und einige Nachbarvölker der Israeliten, Göttingen, 1864; Die alttestamentiiche Literaturin einer Reihevon Aufsätzen dargestellt, Leipzig, 1868; Untersuchungen zur Kritik des A.T., Kiel, 1869. Grâce au dynamisme de Noeldeke, l’Université de Strasbourg se rendit célèbre dans le domaine de l’orientalisme. Le fonds d’ouvrages et de manuscrits conservé à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg constitue l’une des grandes collections européennes d’orientalisme. Aigle rouge de Prusse (1880-1893); Mérite (1888) et autres décorations. Ses travaux personnels, ses manuscrits, ses annotations, sa bibliothèque et ses dossiers revinrent à la bibliothèque de Tübingen. L’inventaire en a été dressé dans E. Littmann, «Der wissenschaftliche Nachlass von Th. Noeldeke», Zentralblatt für Bibliothekwesen, Leipzig, 1933, p.137-158, 258-268.
Archives départementales du Bas-Rhin, 103 AL 626, 629; la bibliographie exhaustive de Noeldeke a été regroupée dans Orientalische Studien Th. Nöldeke zum 70. Geburstag gewidmet, Giesen, 1906, et dans Übersicht der Schriften Theodor Nöldekes, Giessen, 1907. Sa carrière a été retracée par C. Snouck-Hurgronje, Theodor Nöldeke, in Zeitschrift der deutschen morgenländischen Gesellschaft 85,1931, p.239-281. On peut également se référer aux études de F. Rosenthal et de E. Littmann; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p.283; J.-L. Reppert, Mobilités spatiales des professeurs de l’Université de Strasbourg, 1871-1918, mémoire de maîtrise, Strasbourg, 1992.

Michel Reeber et Christian Wolff (1996)