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NICLOUX Maurice

Universitaire (★ Paris 19.9.1873 † Annecy 5.1.1945). ∞ 1919 Marguerite Lacroix (★ 1880 † 1967); 4 enfants. Après des études secondaires au lycée Charlemagne, un diplôme d’ingénieur à l’École de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris (1893) et une licence de sciences physiques (1893). Nicloux se tourna vers les études de médecine. Il obtint son doctorat en médecine en 1900, avec une thèse portant sur des Recherches expérimentales relatives à l’élimination de l’alcool dans l’organisme. En 1906, il soutint une thèse de doctorat ès sciences physiques, portant sur le dosage du glycérol dans la lipolyse par la lipase du ricin. Il occupa successivement les postes de préparateur de physiologie générale au Muséum d’histoire naturelle (1893-1895), d’attaché, puis de chef de laboratoire de la clinique Tarnier (faculté de Médecine de Paris) (1899-1907), puis fut nommé professeur agrégé de chimie biologique de la faculté de Médecine de Paris (1907) et sous-directeur du Museum d’histoire naturelle (1908). Après la Première Guerre mondiale, en 1919, il fut nommé professeur titulaire de la chaire de chimie physiologique de l’Université de Strasbourg (transformée en chaire de chimie biologique en 1922). À partir de 1919, Nicloux créa à Strasbourg un laboratoire de recherches en microanalyse de renommée internationale. Lors du repli de l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand en 1939, il suivit son Université, mais fut délégué à l’Université de Marseille dans le laboratoire de chimie biologique par le ministère de l’Éducation nationale. Il y poursuivit ses recherches, tout en assurant la charge de ce laboratoire. Ses travaux lui valurent de nombreuses distinctions. Il fut entre autres, lauréat de l’Académie des sciences (1900 et 1907), de l’Académie de médecine (1906 et 1908), de la Société de biologie (1900). En 1914, il fut l’un des fondateurs de la Société de chimie biologique et son premier président. Membre de l’Académie allemande des Sciences naturelles (1932); membre associé de l’Académie de Médecine (1932); membre correspondant de l’Académie des Sciences (1935). La confiance de ses collègues lui valut d’être membre du Comité consultatif des universités de 1930 à 1937, et vice-doyen de la faculté de Médecine de Strasbourg de 1930 à 1932. Officier d’Académie en 1900; chevalier (1923) puis officier (1933) de la Légion d’honneur; médaille d’or de l’Hygiène publique du ministère de la santé (1937).
L’œuvre de Nicloux comporte un ensemble d’études menées avec une extrême rigueur expérimentale et un souci constant de perfectionnement des méthodes de chimie analytique appliquées à la biochimie. Dans ces recherches, la mise au point des méthodes nouvelles entraîne toujours une application à des problèmes biochimiques, physiologiques, thérapeutiques ou médico-légaux. Ainsi de la réaction dite «réaction de Nicloux»: avec l’équipe compétente qu’il sut réunir autour de lui, Nicloux put montrer le mécanisme réversible du déplacement de l’oxygène par l’oxyde de carbone sur l’hémoglobine du sang; l’oxyhémoglobine qui existe normalement dans le sang est transformée par l’oxyde de carbone en carboxy-hémoglobine, incompatible avec la vie. Mais l’oxygène sous pression permet de régénérer l’oxyhémoglobine à partir de la carbony-hémoglobine. Il en résulte un moyen de traiter efficacement l’intoxication par l’oxyde de carbone. Un autre exemple est celui du dosage de l’alcoolémie. Nicloux avait dès sa thèse de doctorat en médecine mis au point une méthode de micro dosage de l’alcool dans le sang permettant de le doser avec une précision supérieure à 0,5%. Cette méthode est encore utilisée comme méthode de référence dans les cas d’accidents de la route, suicides et autres problèmes médico-légaux. L’étude de la répartition des anesthésiques dans les tissus et de leur élimination a également fait l’objet de recherches de Nicloux.
Archives de la Faculté de Médecine; J. Roche, Notice nécrologique, Bulletin de la Société de chimie biologique, XXVII, 1945, p.136-139; Les Sciences en Alsace, p.1393; R. Biethet, R Mandel, L’institut de chimie biologique, Strasbourg (sous presse).

Mathilde Brini (1996)