Ingénieur et pédagogue, (C) (★ Karlsruhe, Bade- Wurtemberg, 3.8.1809 † lllkirch-Graffenstaden 16.10.1881).
Fils de Pierre Messmer († Karlsruhe 1837), maître-charpentier, machiniste du théâtre de la Cour, et de Jeanne Zipper. ∞ 22.1.1845 à Strasbourg Marie Clémentine Amélie Schwilgué (★ Sélestat 1813), fille de Jean-Baptiste Schwilgué © et de Marie-Thérèse Hihn. Messmer fit des études au lycée et au Polytechnicum de Karlsruhe. Sa formation théorique fut complétée par un apprentissage auprès de son père et du mécanicien de la Cour. À peine diplômé, il enseigna la mécanique pratique au Polytechnicum et construisit à cet effet un petit atelier où il fit sa première leçon en janvier 1833. La même année, il participa à un voyage d’études à Paris consacré aux théâtres et aux établissements artistiques. En 1834, il partit en Angleterre pour y étudier les moulins et les machines agricoles. Grâce à des recommandations, il put également visiter quelques grandes usines de Manchester et fit la connaissance de George Stephenson, inventeur de la locomotive. À son retour, il s’associa avec son ancien élève Émile Kessler pour construire des machines et, à la demande de ses collègues, des appareils de mathématiques et de physique destinés à l’enseignement. Il reçut en 1838 la grande médaille des arts pour la réalisation de sa machine à trois pieds pour la division du cercle. Depuis avril 1837, il s’était fixé en Alsace: chargé d’étudier la construction d’une filature et d’une fabrique de sucre à Ettlingen, Bade-Wurtemberg, il visita les manufactures de Suisse et d’Alsace, et se lia au cours de son voyage à ses homologues strasbourgeois Frédéric Rollé © et Jean-Baptiste Schwilgué. Il accepta la direction technique de l’établissement de Constructions mécaniques de Strasbourg, qui prit en avril 1838 la succession des ateliers Rollé et Schwilgué, et de la Fabrique d’acier du Bas-Rhin à Graffenstaden. Messmer s’attacha immédiatement à former la main-d’œuvre qualifiée indispensable et à moderniser les installations. La fabrication des bascules, des balances et des presses, fut complétée par celle des machines-outils pour le travail du fer, puis à partir de 1845 par le matériel ferroviaire fixe (aiguillages) ou roulant (wagons et tenders). Les effectifs passèrent de 80 ouvriers en 1840 à 1 100 en 1855. En 1850, pour compenser la fuite de ses meilleurs ingénieurs et techniciens attirés par les grands chantiers ferroviaires, Messmer créa une école professionnelle à l’intérieur de l’usine qui accueillit cent élèves la première année. Il institua d’autre part des caisses de secours et de retraite, organisa un réfectoire pour les célibataires et un « casino » avec billard et salle de lecture. Naturalisé français en 1854 et nommé chevalier de la Légion d’honneur l’année suivante lors de l’Exposition universelle, il entreprit alors la construction des locomotives dont les premiers exemplaires furent livrés à la compagnie du Nord en 1857: sous son impulsion, l’usine de Graffenstaden, société anonyme présidée par le baron Alfred Renouard de Bussière © depuis 1848, devint un des six grands constructeurs français de locomotives, fabriquant 669 machines jusqu’à sa fusion en 1872 avec André Kœchlin & Cie pour former la SACM. Depuis la fin de 1867 cependant, Messmer avait abandonné son poste de directeur à son beau-frère Charles Brauer © pour prendre celui d’administrateur-délégué. Maire d’Illkirch-Graffenstaden d’août 1860 à janvier 1872, il fut très actif pour améliorer la voirie, faciliter la construction de logements ouvriers et développer les écoles; il entreprit d’autre part la construction d’une nouvelle église catholique.
F. von Weech, Badische Biographien, II, Heidelberg, 1875, p. 74-76; Allgemeine deutsche Biographie, XXI, 1885, p. 500-501; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 238-284; F. Crouzet, « Essor, déclin et renaissance de l’industrie française des locomotives », Revue d’histoire économique et sociale 55, 1977, p. 137-153; J.-C. Fritsch, « Biographie de Jacques Frédéric Messmer », Annuaire de la Société d’histoire des quatre cantons, 1983, p. 111-112; F. Bernard, L’usine de Graffenstaden et la Société alsacienne de constructions mécaniques, 1838-1965, mémoire DEA, Strasbourg II, 1991.
Nicolas Stoskopf (1995)