Institutrice résistante, (C) (★ Haguenau 2.9.1908† Strasbourg 15.6.1981). Célibataire.
Fille d’Auguste Merk, inspecteur à la Fédération agricole, et d’Antoinette Seckunger. Après avoir suivi les cours de l’école primaire supérieure à Strasbourg (école du Dragon), Antoinette Merk fut institutrice à Wingen, puis à Lauterbourg. Pendant l’évacuation de cette commune en 1939-1940, elle enseigna dans le Limousin non loin d’Oradour-sur-Glane. Revenue en Alsace en automne 1940, Merk fut envoyée en Umschulung à Mannheim (Bade) en janvier 1941. Nommée institutrice à Rheinau, faubourg de Mannheim, Merk vint en aide aux prisonniers de guerre français qu’elle mit en relation avec une filière d’évasion à Reichshoffen (Bas-Rhin). Ayant fait la connaissance d’un certain Claude Chavanne de Nancy qui rentrait souvent chez lui, elle confia à celui-ci des lettres pour des amis en France dans lesquelles elle donna libre cours à ses opinions antinazies et dans lesquelles elle décrivait la vie quotidienne en Alsace annexée. Dénoncées par celui-ci, le 27 janvier 1943, Antoinette Merk et sa sœur Marie Anne (★ Strasbourg 31.1.1914), également institutrice, furent arrêtées et restèrent neuf mois en prison à Mannheim. Le 28 septembre 1943, elles furent transférées à la prison Moabit à Berlin. Le 25 octobre 1943, elles comparurent devant le Volksgerichtshof présidé par Dr Roland Freisler. Antoinette Merk fut condamnée à mort pour avoir écouté la radio étrangère, aidé des prisonniers de guerre à l’évasion, passé des lettres clandestinement en France, pour complicité avec l’ennemi et crime de haute trahison. Alors qu’Antoinette Merk fut transférée à la prison de la Barnimstrasse et enfermée dans une cellule pour condamnés à mort, sa sœur Marie-Anne fut reconduite à la prison Moabit, puis, le 16 décembre 1943, enfermée à la prison de Schwäbisch-Gmünd. En avril 1944, Antoinette Merk fut envoyée à la prison de Waldheim (Saxe) après que sa condamnation à mort fut commuée en 12 ans de travaux forcés. Jusqu’à la libération par les Russes le 6 mai 1945, elle travailla à l’usine d’armement à Waldheim. Le 25 mai 1945, elle rentra malade à Strasbourg. En automne 1945, elle fut nommée institutrice au lycée Kléber où elle resta jusqu’à son départ à la retraite.
Le Nouveau Journal du 16.6.1945 ; copie conforme du jugement du 18 avril 1944 commuant la peine de mort du 25 octobre 1943 en 12 ans de travaux forcés ; copie conforme du jugement du Volksgerichtshof du 25 octobre 1943.
† François-Joseph Fuchs (1995)