Historien, (Pl) (★ Salzwedel, Allemagne, 30.10.1862 † Berlin-Dahlem 6.2.1954).
Fils de Friedrich Ludwig Meinecke, directeur des postes, originaire de Quedlinburg, et de Sophie Julia Heinemann. ∞ 1895 à Berlin, Antonie, fille de Karl Wilhelm Delhaes, médecin, et de Johanna Mathilde Kisker ; 4 filles. Après avoir réussi I’Abitur en 1882, Meinecke étudia l’histoire et la philosophie aux Universités de Berlin et de Bonn. En 1887, il entra au service des Archives d’État prussiennes et dirigea à partir de 1894 et pendant quatre décennies la Historische Zeitschrift. Pour son habilitation, il écrivit Das leben des Generalfeldmarschals Hermann von Boyen,Stuttgart, 1896-1899, 2 vol., Meinecke enseigna à partir de 1899 à l’Université de Berlin. En 1901, il fut nommé professeur d’histoire moderne à l’Université de Strasbourg en même temps que le jeune Martin Spahn ©, fils du leader du Zentrum. Cette dernière nomination, semble-t-il, devait faciliter la création d’une faculté de Théologie catholique, mais était considérée comme une marque de faveur par le corps professoral allemand. Meinecke eut donc à partager pendant quatre ans et demi l’Institut d’histoire avec « l’indésirable catholique » Spahn. Aux dires même de Meinecke, cette cohabitation se passa pacifiquement. Tout en ayant l’impression de vivre à Strasbourg dans une colonie (« Wir leben hier in einer Kolonie, hiess es unter uns Professoren ») et sur un terrain volcanique (« Wir fühlten uns wie auf einem alten vulkanischen Boden von herrlicher Fruchtbarkeit ») sans contact avec les quelques rares enseignants alsaciens à part Albert Schweitzer ©, Meinecke s’attacha passionnément à Strasbourg et s’efforça d’attirer à ses cours un public d’étudiants alsaciens. Il se fit construire une maison avec oriel à la manière alsacienne 14 rue de Reims, par l’architecte Nadler, pensant que cette ville pourrait devenir son domicile définitif (« eine dauernde Heimat »). Mais dès 1905, Meinecke partit pour Fribourg-en-Brisgau où il passa, selon ses propres dires, « les années les plus heureuses de sa vie ». Il y devint l’ami du professeur Georg von Below avec lequel il publia le Handbuch zur mittleren und neueren Geschichte et son livre le plus important : Weltbürgertum und Nationalstaat (1908). En 1914, Meinecke quitta Fribourg-en-Brisgau pour Berlin où il devint membre de l’Académie des Sciences. Meinecke s’opposa en 1916 à la guerre totale sous-marine, en 1919 au bolchévisme et, au début des années trente, au renversement de la République de Weimar. Adversaire du national-socialisme, Meinecke vécut retiré à partir de 1935. En 1948, Meinecke fut nommé recteur honoraire de l’Université libre de Berlin où, depuis 1951, l’Institut d’histoire porte son nom. À l’occasion de son 90e anniversaire, Meinecke fut nommé membre de l’ordre « Pour le mérite ».
Meinecke est l’auteur d’environ 400 publications diverses qu’on peut classer en deux groupes principaux : le destin national allemand depuis le XVIIIe siècle (Preussen und Deutschland im 19. und 20 Jh., Munich, 1918; Das Zeilalter der deutschen Erhebung 1795-1815, Leipzig, 1913 (2e éd.) ; Von Stein zu Bismark. Historische Aufsätze, Berlin, s.d. ; Weltbürgertum und Nationalstaat, Berlin, 1917, 4e éd.) ; Die deutsche Erhebung von 1914. Vorträge und Aufsätze, Stuttgart, 1915 ; Probleme des Weltkrieges, München, 1917), et le thème du sens de l’histoire (Vom geschichtiichen Sinn und vom Sinn der Geschichte, 1939 ; Die Entstehung des Historismus, 1936 dédiée « à la mémoire de l’Université de Strasbourg d’avant la guerre »). En 1946, Meinecke publia encore un dernier ouvrage important : Die deutsche Katastrophe.
« Die Universität Strassburg, Mommsen und Spahn », Frankfurter Zeitung du 3.12.1901 ; Strassburg/Freiburg/Berlin 1901-1919 : Erinnerungen, Stuttgart, Kœhler, 1949, p. 7-58 ; Revue historique, t. 212, 1954, p. 412-415 ; F. Meinecke, Erlebtes 1862-1919, Stuttgart, 1964, p. 155-176 ; Orden pour le Mérite für Wissenschafter und Künste. Die Mitglieder des Ordens, II, 1882-1952, Berlin, 1978, p. 396 (avec portrait) ; Histoire de Strasbourg, IV, 1982, p. 375 ; J.E. Craig, Scholarship and nation building. The universities of Strasbourg and Alsatian society 1870-1939, Chicago-Louvain, 1984, p. 84, 146-148, 154, 161, 164, 394 ; Neue Deutsche Biographie, 1990, p. 657-660.
† François-Joseph Fuchs (1995)