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MAURUS (MAUR)

Abbé de Marmoutier (vers 724-761). Selon la tradition locale de Marmoutier, fixée au XVIIIe s. par le Catalogue des abbés, Maurus fut disciple de saint Pirmin ©, restaura l’église et le monastère démolis en grande partie à la suite d’un incendie en 717, obtint en 724 du roi Thierry IV une charte confirmant les anciens droits et possessions. La critique des sources, replacées dans leur contexte historique, permet d’accepter l’essentiel de ces affirmations, mais avec des restrictions et des précisions. L’action de l’abbé Maurus, bien attesté par le Nécrologe de Reichenau, a dû être importante, sinon la postérité ne l’aurait pas reconnu quasiment comme le deuxième fondateur d’un monastère, appelé désormais d’après son nom, Mauri Monasterium. L’œuvre accomplie à Marmoutier par Maurus est comparable et cohérente avec la fondation de Murbach par saint Pirmin (vers 727). Maurus semble avoir regroupé les différentes cellae iro-mérovingiennes dispersées aux alentours, dont se composa le premier établissement monastique fondé par Liuberat ou Léobard (vers 660), en un monasterium unique et centralisé. Son action s’inscrit dans le programme général des rois francs, exécuté par saint Pirmin, en vue d’organiser et de sédentariser sous la Règle de saint Benoît un monachisme d’origine irlandaise, qui restait encore trop nomade et trop incontrôlable.

 

Sources : Charte du roi Thierry IV (721-737) datée de Metz au monastère de Saint-Arnould du 1er mai 724, cf. Monumenta Germaniae Historica Diplomata regum francorum e stirpe merovingica, éd. par K.A.F. Pertz, Hanovre, 1872, n° 90, p. 204-205. Sur les éditions antérieures, les copies, les critiques, cf. aussi A. Bruckner, Regesta Alsatiae, Strasbourg-Zurich, 1949, n° 105, p. 48-49; W. Goldinger, Die Verfassung des Klosters Maursmünster im Elsass, Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 90, 1938, p. 1-63, donne le dernier état de la question. Nécrologe de la Reichenau, commencé au début du IXe s. avec des ajouts postérieurs : Nomina fratrum de cœnobio quod Mauri Monasterium vocatur, Monumenta Germaniae Historica Libri confraternitatum, éd. par P. Piper, Berlin, 1884, p 246; en fac-similé, J. Autenrieth, D. Gevenich, K. Schmid, Das Verbrüderungsbuch der Abtei Reichenau, Hanovre, 1979, f. 82 (Monumenta Germaniae Historica Libri memoriales et necrologia,t. 1). Vita et miracula sancti Pirmini éd. Par O. Holdner-Egger : Monumenta Germaniae Historica Scriptores, XV-1, Stuttgart, 1887, p. 17-35, surtout c. 5, p. 25-26 ; Acta Sanctorum, édition des Bollandistes, Nov. II-2, 1894, p. 34-44, surtout C. 8, p. 38. Sur l’œuvre monastique de saint Pirmin, cf. A. Angenendt, Monachi peregrini. Studien zu Pirmin und den monastischen Vorstellungen des frühen Mittelalters, Munich, 1972. Catalogus abbatum monasterii Sancti Martini in Maursmunster : conservé à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Ms 592 (Als. 16), rédigé entre 1745 et 1752, f. 29-46.

 

F. Sigrist, « L’abbaye de Marmoutier », Revue catholique d’Alsace, NS 1, 1882-1883, p.157-162, 219-225; L’abbaye de Marmoutier, Strasbourg, 1899, p. 24-49 (à utiliser avec précaution) ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 263-264 (suit Sigrist !) ; F. Prinz, Frühes Mönchtum im Frankenreich, Munich, 1965, p. 170, 283 ; F. Petry, E. Kern, « Découvertes archéologiques dans l’ancienne abbatiale de Marmoutier (Bas-Rhin). Rapport provisoire », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 20, 1977, p. 39-88 : depuis lors, les fouilles ont permis de dégager le plan de « l’église mérovingienne construite sous l’abbatiat de saint Maur » ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 5017.

René Bornert (1995)