Directeur du Service de la carte géologique d’Alsace-Lorraine, (C) (★ Paris 11.11.1862 † Paris 24.12.1953).
Fils d’Eugène Marie François Jacquin de Margerie (★ Paris 18.3.1820 † Paris 15.3.1900), avocat à la Cour d’appel de Paris, auteur de romans, contes, études historiques et religieuses sous le pseudonyme de L.-M. Delamarre, et de Thérèse Charlotte Demion. ∞ 22.1.1903 à Paris Gabrielle Berthe Renée Ferrère. Jeune prodige, échappant à toute scolarité, E. de Margerie suivit très tôt des cours de géologie, en particulier à l’Institut catholique, auprès d’Albert de Lapparent, qui lui écrivit en 1897 : « Oui, j’aime à vous réclamer, avec ou sans droit, comme mon élève, le seul à vrai dire que j’aie eu, mais aussi de quelle qualité ! » L’unique disciple rédigea d’ailleurs une notice nécrologique du maître (Annales de géographie, 1908). Il garda d’étroites relations avec l’Institut catholique. Ainsi promit-il à Teilhard de Chardin de s’entremettre en sa faveur auprès de Mgr Baudrillart, en 1919, à Strasbourg et à Colmar. Il fut nommé en 1919 à la tête du Service de la carte géologique d’Alsace-Lorraine (ex-Geologische Landesanstalt). Il hésita quelque peu à accepter cette tâche. Il fit partie du corps enseignant, sans enseigner pour autant, si ce n’est une « mission d’enseignement géologique aux États-Unis », en 1922-1923. Certes, il était « parfaitement résolu à soutenir le régionalisme dans le domaine des institutions scientifiques » (P. Teilhard de Chardin, 1919), mais le bilan était maigre. En effet, E. de Margerie était absentéiste. « Turbo-prof » avant la lettre, il obtint en 1928 de résider à Paris « pour pouvoir remplir des tâches en partie officielles… et en partie privées ». En 1930, le doyen Rothé © et le recteur Pfister © parvinrent à l’écarter de Strasbourg, après une vive critique de sa direction et des résultats obtenus. Le Service fut repris en main. Après une prodigieuse renaissance, sous l’impulsion du doyen G. Millot © et de L. Simler, il connut un autre désastre, un demi-siècle plus tard, en perdant sa personnalité.
Il a publié notamment: Les dislocations de l’écorce terrestre (avec A. Heim), Zurich, 1888 ; Les formes du terrain (avec G. de La Noë), Paris, 1888 ; Catalogue des bibliographies géologiques, Paris, 1896 ; Le Jura. Mémoires pour servir à l’explication de la carte géologique détaillée de la France, Paris, 1922-1936, 2 vol. ; Critique et géologie, Paris, 1943, 4 vol. ; Études américaines, Paris, 1952-1954, 2 vol. Il édita et traduisit en collaboration l’ouvrage d’E. Suess, La face de la terre, Paris, 1921, 3 vol.
Archives départementales du Bas-Rhin, 98 AL 354 ; G. Simoens, Réponse aux critiques formulées par M. E. de Margerie au sujet de la Bibliographia Geologica, Bruxelles, 1904 ; E. de Margerie, « À propos de la Bibliographia Geologica. Réponse à MM. Mourlin et Simoens », Bibliographie moderne, 1904 ; idem, « Lettre à un professeur suisse allemand », Correspondant de l’Institut de France, 1916 ; Lettres échangées au sujet de la Guerre européenne entre M. le Prof. Albert Heim… et M. E. de Margerie, 1917; L. Lutaud, « Rapport au sujet de l’attribution du Prix Gaudry à E. de Margerie », Comptes rendus sommaires de la Société géologique de France, 1953 ; P. Fourmarier, E. J. de Margerie (1862-1953), Bulletin de la Société géologique de France, 1954; H. Baulig, E. de Margerie (1862-1953), Annales de Géographie, 1954 ; A. Cailleux, Nécrologie E. de Margerie (1862-1953), Revue de géomorphologie dynamique, 1954 ; P. Teilhard de Chardin, Genèse d’une pensée. Lettres (1914-1919), Paris, 1961 (source aimablement signalée par R. Specklin) ; H. Tobien, Dictionary of scientific biography, IX, New York, 1969 ; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1990, p. 346-347; B. Gèze, « Présidents à gratter », Travaux du Comité français d’histoire de la géologie ; Lettres à G. Sarton et W.M. Davis, signalées avec l’accord de Houghton Library, Harvard (et qu’il reste à exploiter systématiquement). Sur le milieu familial et social: E. de Margerie, Eugène de Margerie, Fribourg, 1901.
Jean Vogt (1995)