Premier abbé français de Munster (★ 1607 † 5.4.1681).
Profès de Saint-Germain-des-Prés de Paris, conseiller et aumônier de Louis XIV et du prince d’Harcourt, gouverneur de l’Alsace, il prit possession de l’abbaye le 14 août 1656. L’évêque de Bâle l’avait choisi pour la rétablir, tant sur le plan spirituel que temporel, dans sa splendeur passée.
N’espérant pas trouver de sitôt, dans la province d’Alsace, assez de religieux capables de se conformer à la stricte observance de la règle, il projeta de faire venir d’ailleurs des religieux réformés et d’unir son abbaye à la congrégation lorraine de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe. Le traité d’union fut signé le 14 mars 1659 en présence des prieurs de Senones et de Moyenmoutier et du sous-prieur de Senones, confirmé le 3 mai suivant par le chapitre général, tenu à Saint-Mihiel. Il comportait 14 articles auxquels l’évêque de Bâle ajouta 16 autres sans lesquels l’union n’eut pu se faire. Les anciens religieux se retirèrent en Souabe et en Suisse. L’abbé Marchant déploya un zèle exemplaire pour conserver et recouvrer les droits de son abbaye. Il paya les dettes, réunit par souci d’économie les biens et revenus dispersés et, bien que le monastère eût subi de grandes pertes à Colmar, Munster et Turckheim (1675), il le sauvegarda pendant les années de guerre (1674-1675). L’abbaye fut tour à tour occupée par les troupes françaises, brandebourgeoises et lorraines.
L’abbé Marchant fut le premier à rédiger l’ébauche d’une Histoire de l’abbaye en 18 pages (Archives départementales du Haut-Rhin, H Munster 35, 1656-1681). Il eut également à résoudre la controverse au sujet de l’auteur présumé de l’Imitation de Jésus-Christ. En 1680, l’abbé assigna aux religieux quelques biens et leur fit une mense séparée de leur mense abbatiale. Les 15 articles dressés à Munster le 3 avril 1680 furent ratifiés au chapitre général tenu à Moustier le 12 mai et confirmés par l’évêque de Bâle le 26 mai 1682. En 1680, l’abbé choisit un coadjuteur en la personne de D. Louis de La Grange, religieux de la congrégation de Saint-Maur, frère de l’intendant d’Alsace. Les obituaires de l’abbaye de Munster font état de l’éloge funèbre du prélat et nous rappellent ses œuvres : il contribua à l’embellissement de l’église conventuelle qui fut ornée de quatre nouveaux autels et le chœur garni de nouvelles stalles et boiseries. Il fit don de vases sacrés et d’ornements en soie. Enfin, il laissa à ses religieux une somme de 19 000 livres pour la construction des lieux réguliers et une chapelle magnifique.
P. Huot, « Le mobilier et l’argenterie de l’abbaye de Munster aux XVIIe et XVIIIe siècle (sic) », Curiosités d’Alsace, 1863, p. 97-112 (inventaires de 1659 et 1686) ; J. Rathgeber, Münster im Gregorienthal, Strasbourg, 1874, p. 74-75, 150-151 ; Dom Calmet, Histoire de l’Abbaye de Munster, Colmar, 1882, p. 198-220; A.-M.-P. Ingold, Les Bénédictins de Munster en Alsace…, Paris, 1896; L. Ohl, Geschichte der Stadt Münster und ihrer Abtei, Vorbruck-Schirmeck, 1897, p. 349-381 ; A.-M.-P. Ingold, L’Abbaye de Munster au Val Saint-Grégoire, Strasbourg-Paris, 1898, VI, p. 6-7 ; E. Herzog, « L’obituaire de l’abbaye de Munster », Annuaire de la Société d’histoire du Val et de la Ville de Munster, 1933, p. 21, 48, 74, 85.
Gérard Bobenrieter (1995)