Professeur, homme politique, pasteur, (Pl) (★ Munster 7.6.1752 † Munster 27.7.1808).
Fils de Christian Frédéric Lucé, de Munster, et de Sara Jaeglé, de Metzeral. Après avoir reçu sa première instruction à l’abbaye bénédictine de Munster, il apprit le français à Montbéliard, puis étudia la théologie protestante à l’Université de Tübingen (1770-1772), où il fut boursier. Revenu à Colmar en 1772, et comme il n’y avait pas de poste de vicaire vacant, il devint professeur au gymnase protestant de cette ville, co-recteur (1774), puis recteur (1790) jusqu’au 27 janvier 1793. Dès la fondation, en 1773, de l’Académie militaire par Pfeffel © à Colmar, Lucé fit partie du corps enseignant jusqu’à la fermeture de
l’établissement (1793) ; ami intime de Pfeffel, Lucé l’accompagna dans ses voyages et relut les épreuves de ses ouvrages, l’auteur étant devenu aveugle. Il fut également membre de la Société littéraire de Colmar fondée en 1760. Lors des événements révolutionnaires, Lucé devint président en 1791 de la Société des amis de la Constitution de Colmar; dans ses discours, il utilisait l’allemand, langue du peuple, de préférence au français. Le 13 avril 1791, il fit l’éloge funèbre de Mirabeau à l’église Saint-Matthieu, devant les autorités et les corps constitués. En 1792, c’est lui qui traduisit les paroles de la Marseillaise en allemand. Le 27 janvier 1793, il fut élu vicaire de la paroisse protestante de Colmar. En même temps, il exerça la fonction de bibliothécaire du Haut-Rhin, chargé de trier et d’inventorier les ouvrages provenant des abbayes sécularisées. Il eut également des responsabilités politiques ; membre en 1794 de la municipalité de Colmar, il refusa cependant le poste de membre du Directoire du Département du Haut-Rhin proposé par Hérault de Séchelles. Le 21 janvier 1794, il devint vice-président de la Société populaire révolutionnaire des amis de la liberté et de l’égalité de Colmar, mais, utilisant la langue allemande, il fut accusé d’antipatriotisme. Envoyé au printemps 1794 à Paris avec Ulrich Haussmann © pour plaider la cause du Haut-Rhin qui connaissait des difficultés économiques et alimentaires, il assista à la séance de la Convention du 31 mars 1794, où Robespierre justifia l’arrestation de Danton. À son retour, Lucé fut élu président du Club des jacobins de Colmar et en fut l’orateur officiel jusqu’à sa fermeture le 11 juin 1795. Réélu au conseil municipal de Colmar (12 février 1795) et réinstallé comme pasteur à Colmar (29 juin 1795), il fut élu, contre son gré, pasteur à Munster; il s’y installa en septembre de la même année, réorganisa la paroisse protestante et fut président du consistoire de 1804 à 1808. Élu membre de la Société d’émulation de Colmar (9 mars 1801), il s’adonna à des travaux littéraires (Die Wunder des Fässchens oder der Abend zu Hunaweyer, 1807) et étudia la vie agricole, en particulier l’apiculture, sur laquelle il publia un ouvrage en 1808. Fut en outre un collaborateur régulier de l’almanach, Der hinkende Bote.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 202-203 ; M.-J. Bopp, « Johann Friederich Lucé aus Münster », Annuaire de la Société d’histoire du Val et de la Ville de Munster, 1929, p. 9-47 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, p. 345, n° 3266.
Gérard Leser (1995)