Skip to main content

LUCÉ Jacques PINEAU de

Intendant d’Alsace, (C) (★ Le Tallud, Deux-Sèvres, 9.11.1709 † Château de Grand-Lucé, Sarthe, 24.9.1764).

Fils de Jacques II Pineau de Viennay, baron de Lucé († 1739), conseiller au Parlement de Paris (1709) (Chambre des enquêtes), puis doyen de cette chambre jusqu’à sa mort, et de Marguerite de Gennes. ∞ 20.4.1743 à Paris Marie Charlotte Françoise Lalive de Bellegarde (1728-1786), fille de Louis Denis Lalive de Bellegarde (1679-1751), secrétaire du roi (1705), fermier général (1716-1751), et de Marie Josèphe Prouveur (1716-1743). Conseiller au Parlement de Paris (3 février 1730), maître des requêtes (21 juin 1737), président au Grand Conseil (13 avril 1739). Intendant de Tours (1743-1745), de Hainaut (1745-1752), d’Alsace (23 octobre 1752). Ramener l’ordre dans les finances obérées par la gestion scandaleuse du préteur Klinglin © et l’harmonie au sein du Magistrat dans une ville où le nombre des catholiques tendait à équilibrer celui des protestants, travailler en liaison étroite avec le nouveau préteur royal, un ecclésiastique, l’abbé de Régemorte © (1752-1761), tel fut le premier souci de l’intendant. Un effort de justice fiscale, honni par les privilégiés, fut tenté pour l’ensemble de la province, aboutit à l’établissement de 474 (Revue d’Alsace, 1948, d’après Himly) ou 514 (Revue d’Alsace, 1960, d’après Juillard) plans de finage en 1760. « Très soigneusement établis, ces plans ne se bornent pas à montrer avec précision la répartition des labours, prés, pâturages, vignes et forêts ; ils en donnent l’arpentage, indiquent les chemins existants, citent des lieux-dits » (Juillard). Le « cadastre féodal » prescrit en 1756, « état général des vassaux et des fiefs mouvants du roi », fut éclairé par le retour des archives d’Innsbruck intéressant « les landgraviats d’Alsace et la préfecture de Haguenau et ses dépendances » (en échange des titres du Brisgau remis à la Cour de Vienne). En 1756, Lucé intervint par circulaire auprès des magistrats des villes pour assurer la diffusion de l’Alsatia illustrata de Schoepflin ©, répertoire dans le temps, et non plus dans l’espace, de la province. Les nouvelles conditions diplomatiques (le renversement des alliances en 1756 et le rapprochement franco-autrichien favorablement perçu en Alsace) favorisèrent le ralliement de la noblesse et des classes dirigeantes. La guerre de Sept ans (1756-1763) entraîna pour
la province frontière ses effets ordinaires, mais sans menace précise d’invasion. Lucé s’installa dans le nouvel hôtel de l’Intendance, ancien hôtel Klinglin, mis à sa disposition en 1753 par la ville. Conseiller d’État semestre (10 octobre 1761).

Pillot, de Neymerand, Histoire du Conseil souverain d’Alsace, Paris, 1860, p. 402 ; C. Oberreiner, « L’intendant de Lucé et l’Alsatia Illustrata », Revue d’Alsace, 1933, p. 315-316 ; Fr.-J. Himly, « L’aspect du paysage rural alsacien d’après les plans ruraux du XVIIIe siècle », Revue d’Alsace, 1948, p. 218-220 ; E. Juillard, « Les sources de la géographie régionale aux archives du Bas-Rhin », Revue d’Alsace, 1960, p. 131-137 ; M. Antoine, Le gouvernement et l’administration sous Louis XV. Dictionnaire biographique, Paris, 1978, p. 206; G. Livet, « Institutions, traditions, sociétés », Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, III, 1981, p. 353-354; E. Pelzer, Der elsässische Adel im Spätfeudalismus : Tradition und Wandel einer regionalen Elite zwischen dem Westfälischen Frieden und der Revolution, 1648-1790, Munich, 1990, p. 222-226.

† Georges Livet (1995)