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LOUIS XV, dit le Bien Aimé

Roi de France et de Navarre, (C) (★ Versailles 10.2.1710 † Versailles 10.5.1774).

Fils de Louis, duc de Bourgogne (1682-1712), fils du Grand Dauphin et de Marie Anne de Bavière, et de Marie Adélaïde de Savoie (1684-1712). Arrière-petit-fils de Louis XIV ©. ∞ 5.9.1725 à Fontainebleau Marie Leszczinska © ; 10 enfants, dont 7 survécurent. Louis hérita de la couronne à cinq ans et demi ; il fut émancipé à treize ans, après avoir été sacré à Reims le 25 octobre 1722. Les rapports avec l’Alsace et la part d’influence directe du roi sont difficiles à cerner, d’une part du fait du jeu admirablement monté de la « mécanique administrative » qui habita des formes louis-quatorziennes (rôle croissant du contrôleur général des finances), d’autre part du fait des inclinations propres à la personnalité du monarque qui, à la différence de son aïeul, n’aimait ni la représentation (qui lui pesait), ni la décision (qui lui coûtait), ni le suivi d’un métier de roi qu’il dut assumer pendant près de 60 ans. Au total, il resta un homme seul. De l’Alsace, il eut une connaissance surtout livresque et cartographique (la carte de Cassini, son protégé, pourrait s’appeler « carte de Louis XV »), à part le grand voyage de 1744, pendant la guerre de Succession d’Autriche. Remis de sa grave maladie survenue à Metz, il vint à Strasbourg (5-10 octobre 1744), logeant au Palais Rohan et accueilli par un peuple en liesse savamment mis en action par le préteur royal François Joseph de Klinglin ©. Les gravures de J.-M. Weis © illustrent cet événement. Le roi coucha ensuite à Sélestat, et reçut le 6 novembre la capitulation de Fribourg-en-Brisgau avant de retourner dans la capitale. Il participa ensuite à la bataille de Fontenoy (11 mai 1745). Mais l’Alsace ne rentra pas dans les combinaisons diplomatiques précédant la paix d’Aix-la-Chapelle (1748). La paix d’Hubertsburg (1763) en confirma les clauses et n’entraîna aucune modification sur le Rhin. Dans ses « Remontrances de 1764 », le Conseil souverain de Colmar fit état de la « ruine de la province écrasée par les charges nées de la guerre ». À la fin du règne de Louis XV, Marie-Antoinette d’Autriche fut accueillie à Strasbourg le 7 mai 1770, en tant que future Dauphine ; Louis Constantin de Rohan © célébra en elle le rapprochement des Bourbons et des Habsbourg, suite au renversement des alliances de 1756, bien reçu dans l’Alsace catholique. L’accession de la Lorraine au royaume de France (1738-1766) constitua un fait important pour l’Alsace, alors qu’en même temps une politique de grands chemins tentait de résoudre le problème de la distance. Inspiré par Choiseul, grand bailli de Haguenau, secrétaire d’État à la Guerre, le plan Blondel © esquissait une modernisation de Strasbourg, dont la place royale eût été le centre. On assista en Alsace à des transformations dans le domaine des mœurs et des mentalités. Louis XV fut un homme, mais aussi un système, un décor où l’architecture, le mobilier, la tapisserie, le style de vie jouèrent leur rôle à un point tel qu’ils peuvent être considérés comme une partie intégrante du patrimoine alsacien.

Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France, I, Autriche, éd. par A. Sorel, Paris, 1884, XVI, Prusse,éd. par A. Waddington, Paris, 1901, XVIII, Diète germanique, éd. par B. Auerbach, Paris, 1912, XXVIII, États allemands, op. cit. ; A. Dorlan, « Mme de « Lutzelbourg », La Vie en Alsace, 1933, p. 217-223; G. Livet, Les intendants d’Alsace et leur œuvre », Deux siècles d’Alsace française, Strasbourg, 1948, p. 179-181 ; F. Burckard, « Organisation, personnel et rôle du Conseil souverain d’Alsace de 1715 à 1790 », École des Charles. Positions des thèses, 1951 ; H. d’Andlau-Hombourg, Le livre d’histoire d’une famille d’Alsace, préf. par G, Livet, I, Colmar, 1976, p. 85 (le mariage de Louis XV, avec un portrait de la fiancée et la page finale de l’acte de mariage de Louis XV, Archives municipales de Strasbourg, registres paroissiaux, M 29, ainsi que la signature d’Armand Gaston de Rohan : « Ev. et Prince de Strasbourg et grand Aumônier de France ») ; F. Cabourdin, Quand Stanislas régnait en Lorraine, Paris, 1980; G. Livet, « Fidélités nobiliaires et transferts de souveraineté. Marie-Antoinette à Strasbourg en 1770 », Clientèles et fidélités en Europe à l’époque moderne. Hommage à Roland Mousnier, sous la dir. d’Y. Durand, Paris, 1981, p. 237-255; J.-D. Ludmann, « La vie artistique et l’urbanisme au XVIIIe siècle », Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, III, 1981, p. 497 (bibliographie p. 525-529); L’Europe, l’Alsace et la France. Mélanges G. Livet, prés. par J. Bérenger et alii, Colmar, 1986 (en particulier : P. Gern, « Les évêques de Strasbourg et la Cour de Vienne au XVIIIe s. », p. 282-294); M. Antoine, Louis XV, Paris, 1989 (reprend les thèses favorables au monarque).

Iconographie: gravures de Weis, reliées par Pasdeloup (voyage du roi, 5 octobre 1744).

† Georges Livet (1995)