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LEOPOLD IV, dit le Superbe

Duc d’Autriche, landgrave de Haute-Alsace (★ 1371 † 3.6.1411 Vienne).

Fils de Léopold III dit le Preux. ∞ 14- 17.9.1387 à Dijon Catherine de Bourgogne ©. Fils aîné du vaincu de Sempach, L. IV fut rapidement associé à la politique de consolidation que menait son oncle et tuteur Albert III et reçut l’administration des « Vorlande » autrichiens à partir de 1392 (date de l’accomplissement de son mariage célébré en 1387). Ces derniers lui furent officiellement attribués en 1395 et 1396, mais il s’engagea à les remettre à son cadet Frédéric IV lorsque qu’il dut lui-même succéder à son frère Guillaume (†1406) en Autriche « intérieure » et qu’il partit s’établir à Vienne, sur l’héritage de son cousin Albert IV (fils d’Albert III). Prévu dès 1385, son mariage avec une fille du duc Philippe le Hardi se traduisit d’abord par l’arrivée de moyens financiers nouveaux (une dot fixée par la convention de Luxeuil, le 6.9.1387, qui s’accompagnait de garanties sur les seigneuries du Sundgau, notamment Altkirch, évaluée en 1390) mais aussi par un recentrage de la politique des Habsbourg dans la vallée du Rhin. Outre une meilleure gestion des domaines directs, qui firent l’objet d’un terrier général en 1394, et des finances provinciales, dont témoignent les comptes tenus par les « landvögte », cette politique de recueillement comprit trois volets principaux : 1) une réaffirmation de l’autorité ducale (résidence effective du duc entre 1398 et 1400, puis en 1406), notamment dans ses rapports avec les détenteurs des fiefs ou des terres hypothéquées (la seigneurie du Haut-Landsbourg à Bruno von Rappoltstein (Ribeaupierre), par exemple, en 1397, Florimont au comte de Thierstein, 1398) ; 2) une volonté d’expansion, avec l’acquisition (en gage) du Haut-Mundat épiscopal, des mains de son détenteur Burcard von Lützelstein © (1394) ou de la seigneurie de Badenweiler, sur la rive droite du Rhin (1398) ; 3) la recherche d’une paix provinciale, marquée par une alliance avec Strasbourg (1393), le règlement des litiges avec Bâle (à propos du Petit-Bâle, 1395, avec une alliance pour huit ans), entre cette ville et Brisach (1397), avec Mulhouse à propos de la Harth (1398) ou le fonctionnement durable d’une monnaie commune dans le cadre du « Rappenmünzbund » (1.9.1399). Les villes autrichiennes de la rive gauche du Rhin bénéficièrent de la sollicitude ducale, obtenant de nouveaux privilèges (Ferrette, un droit de pâturage en 1393, Cernay, un péage en 1397, Ensisheim, le pave- ment de ses rues avec l’aide des autres communautés du pays, etc…) et, pour la première fois (1404), d’une répartition équitable de l’impôt levé dans le pays, annonçant les états provinciaux (en place vers 1430). Sur le plan religieux, L. chercha à maintenir ses territoires dans la mouvance du pape d’Avignon en exerçant ses prérogatives d’avoué (protection de Saint-Ursanne en 1397). Son œuvre la plus féconde est la fondation du couvent de dominicaines réformées de Schoenensteinbach, sous la direction du frère Conrad de Prusse (1396) : véritable fer de lance de la réforme dominicaine en Teutonie, la communauté fut installée par L. et Catherine le 11.11.1397. N’ayant pas d’héritiers, le duc prit des dispositions pour garantir le douaire de sa femme (1406) et pour assurer la passation des pouvoirs à son frère Frédéric (« Landesordnung » du Tyrol en 1406). Mais la régence qu’exerçait Catherine sur la rive alsacienne ne tarda pas à être contestée par ce dernier, notamment après la mort de L.

NDB, t. 14, p. 289-290 ; L. Stouff, Catherine de Bourgogne et la féodalité de l’Alsace autrichienne, Dijon, 1910 ; P. Stinzi, Die Habsburger im EIsa?, Vorderösterreich, s.d. de F. Metz, Fribourg, 1967, p. 505-564; G. Bischoff, Gouvernés et gouvernants en Haute-Alsace à l’époque autrichienne, Strasbourg, 1980 ; B. Jordan, G. Munch, La « prisée » de la terre ou seigneurie d’Altkirch en 1390 d’après un compte inédit tiré des archives de la chambre des comptes de Dijon, ASHS, 1991, p. 103-141 ; R. Kröhn, Die Abrechnungen der Landvögte in den österrichischen Vorlanden um 1400, Blätter für deutsche Landesgeschichte, 1992, p. 117-178; R. Kröhn, Die Auszahlungen des Kammermeisters Georg von Welsberg für 1399-1400. Zur Finanzverwaltung in den ôsterreichischen Vorlanden unter Herzog Leopold IV, ZGO, 1992, p. 61-100 ; J.- Ch. Winnlen, Schônensteinbach, une communauté religieuse féminine (1138-1792), Altkirch, 1993.

Georges Bischoff (1995)