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KUVEN Robert

Artiste peintre, (C) (★ Strasbourg 21.8.1901 † Strasbourg 25.4.1983).

Fils de Georges Kuven, comptable, et d’Emma Berthe Hahn. ∞ 24.12.1932 à Strasbourg Marie Madeleine Simon (★ Ingwiller 10.9.1898), fille de Nicolas Simon, boucher, et de Marie Schneider. Se passionnant pour le dessin dès son plus jeune âge, Kuven entra en 1917 à l’École nationale technique d’architecture. À la sortie de l’École, il travailla dans l’architecture jusqu’en 1926. Puis il se rendit à Cologne où il suivit les cours de l’École des arts décoratifs, où entre autres il s’initia aux principes de base de l’étude du corps humain chez Seuffert (proportions, anatomie, perspective). Après Cologne, il fit un crochet à Aix-la-Chapelle où il peignit ses premières aquarelles avant de se rendre à Munich, où de 1927 à 1931, il suivit l’enseignement de Koenig et où il fit la connaissance de Léo Samberger, le plus important portraitiste de l’époque. Il y peignit des études, s’initia à la technique du fusain et à sa transposition en peinture à l’huile, ainsi qu’à l’étude des nus. De retour à Strasbourg, il enseigna le dessin au collège Saint-Étienne de 1932 à 1939 et, après la guerre, au lycée Kléber. Par la suite, il donna aussi des cours à l’École des arts décoratifs. Pendant ses vacances, il fit des voyages d’études à Zurich, en Yougoslavie, en Suisse et dans le Val d’Isère. Enfin, Kuven séjourna à Paris à l’Académie Julian, où il approfondit l’étude des couleurs sous l’égide de Laurens. En 1934, il se rendit en Angleterre où l’attirèrent Turner et Constable, le ciel avec ses multiples variations et la mer houleuse de leurs tableaux. En 1938, Kuven entreprit un voyage à Florence où il s’imprégna de l’art du Quattrocento. Il y fit la connaissance du célèbre portraitiste Annigoni. De 1943 à 1944, Kuven fréquenta l’Académie de Karlsruhe et travailla le portrait à l’huile avec Hagemann. Par la suite, il fit encore des séjours en Autriche et dans le Valais d’où il rapporta une riche collection d’aquarelles de la flore alpestre. Kuven pratiqua principalement l’aquarelle, un genre où il excella grâce à la bonne connaissance de la technique du dessin qui en est la base. Les aquarelles de Kuven sont le résultat d’un travail appliqué, inlassable. Elles ont permis à l’artiste d’exprimer la légèreté d’une atmosphère et les nuances dans les teintes. Dans le portrait, Kuven essaya de fixer la mobilité de l’expression du visage ainsi que la vie intense toute personnelle du modèle qu’il avait en face de lui (Paysan de Hunspach, Clochard de Florence, Jeune Arabe). Quoique principalement connu comme aquarelliste, Kuven pratiqua aussi avec succès la peinture à l’huile (natures mortes, bouquets, portraits, notamment celui de Mgr Julien Weber ©). Sa grande maîtrise du dessin et son don d’observation lui permirent de détailler la personnalité du modèle. Amoureux du terroir alsacien, Kuven consacra de nombreuses aquarelles aux paysages les plus divers et aux forêts riches en teintes harmonieuses : sous-bois, lisières de bois, villages du Hanauerland et du Sundgau (Franken), rues et vieux quartiers de Strasbourg, Rosheim, Niedernai, Mittelbergheim, Kaysersberg. Signalons que Kuven consacra un album d’aquarelles au Mont-Sainte-Odile. Kuven s’attira aussi une réputation comme illustrateur de livres et d’almanachs alsaciens ; les illustrations d’ouvrages comme Les fontaines d’Alsace de Joseph Lefftz ©, Der Rebbau des Elsass du chanoine Médard Barth ©, La légende dorée de Jacques de Voragine, prouvent que Kuven fut un peintre et un dessinateur d’exception, sachant détecter ombres et lumières et donner une âme aux objets inanimés. Kuven dessina aussi de nombreuses cartes postales et des cartes de vœux qui firent connaître les sites d’Alsace dans le monde entier. Ses aquarelles et ses peintures à l’huile ont une qualité fondamentale : la sincérité. Les œuvres de Kuven, dont un grand nombre se trouvent au Musée de Strasbourg, ont largement contribué à enrichir le patrimoine artistique de l’Alsace. Elles ont été exposées dans de nombreuses expositions : à Baden-Baden en 1935 ; à Darmstadt en 1936 ; à Strasbourg, à la Maison d’art alsacienne, en 1937, 1942, 1943, 1956, 1958, 1962 ; à la galerie d’O. Landwerlin © en 1970 et 1972 ; au Musée de Haguenau en 1955 ; à Sélestat en 1959 ; au Musée postal de Riquewihr en 1973 ; au Musée de Saverne en 1981. Le Crédit Mutuel à Strasbourg organisa en 1989 une exposition rétrospective des principales œuvres.

Elsassland, 17, 1937, p. 246-248 ; R. Kuven, Alt-Strassburg : Aquarell-Skizzen, Hrsg. v. der Kamaradschaft der Künstler und Kunstfreunde am Oberrhein, Schiltigheim, 1942, 24 pl. ; Strasburger Neueste Nachrichten du 8.6.1944 ; Magazine Ringier du 5.4.1958 ; Le Nouvel Alsacien des 27.2.1962, 15.6.1964, 13.9.1968, 15.3.1970, 8 et 19.4.1972, 20.12.1979, 28.8.1981 ; J.-L. Huck, « R. Kuven, artiste peintre », Les Vosges, août 1963, p. 9 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 13.4.1972 et 3.1.1989 ; Robert Kuven, peintre d’Alsace. Aquarelles et dessins, introd. de L. Kieffer, Colmar, 1974 ; « Un artiste alsacien, R. Kuven », La Maison d’Alsace, 1976/1, p. 66-71 ; R. Kuven, Lithographies d’Alsace de Robert Kuven (poèmes de R. Matzen, H. Adrian, L. Spielmann, G. Muller), Strasbourg, 1977 ; R. Kuven, Dessins, aquarelles, introd. de F. Lotz, Wissembourg, 1979 ; R. Matzen, Dichte isch bichte. Gedichte in Strassburger Mundart. Einführung von G. Zink, Zeichnungen R. Kuven, Kehl, 1980 ; François Lotz, Artistes-peintres d’Alsace vivant et œuvrant à la date du 1er janvier 1982, Kaysersberg, 1985, p. 185-187.

† François-Joseph Fuchs (1994)