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KUSSMAUL Adolph

Professeur de clinique médicale, (Pl) (★ Graben, près de Karlsruhe, Bade-Wurtemberg, 22.2.1822 † Heidelberg, Bade-Wurtemberg, 28.5.1902).

Fils aîné de Philipp Jacob Kussmaul (★ 23.12.1790 † 8.7.1850), médecin cantonal (Bezirksarzt), et de Luise Katharina Böhringer (★ 21.12.1798 † 19.11.1846). ∞ 1.10.1850 à Treschklingen, près de Heilbronn, Bade-Wurtemberg, Luise Amanda Jakobine Wolf (★ 4.3.1828 † 25.1.1898), fille de Theodor Wolf, trésorier du baron de Gemmingen à Treschklingen, et de Regina Bannach ; 1 fils et 4 filles. Kussmaul fut reçu médecin en 1846, sans acquérir la promotion doctorale, et entreprit des études complémentaires à Vienne et à Prague. Après avoir servi dans l’armée lors des événements de 1849, il s’établit comme médecin de campagne à Kandern, en Forêt-Noire, au printemps 1850. Contraint d’abandonner l’exercice pratique pour des raisons de santé, il décida de retourner à l’université et rejoignit Virchow à Wurtzbourg, où il fut reçu docteur en 1854, avant l’habilitation à Heidelberg au printemps de l’année suivante. Nommé professeur à la chaire de médecine interne à Erlangen en 1859, à Fribourg-en-Brisgau en 1863, puis à Strasbourg, où il assura la direction de la clinique médicale du 1er octobre 1876 jusqu’à l’éméritat en avril 1888. Du service, encore installé dans les anciens bâtiments de l’Hôpital civil, dont il a par ailleurs signalé les insuffisances en l’attente d’une nouvelle construction, il a laissé une description (« Die medicinische Klinik », Festschrift für die 58. Versammtung Deutscher Naturforscher und Aerzte, Strasbourg, 1885, p. 129-131). À partir du 20 novembre 1883, il fut membre du conseil d’administration de l’hôpital. Chargé d’honneurs de son vivant, il reçut un hommage posthume avec l’installation en 1909 d’un monument à l’entrée de la clinique de Fribourg, détruit en 1944.

Encore étudiant, Kussmaul s’était distingué par un travail mis au concours et consacré aux manifestations chromatiques au niveau du fond de l’œil humain (Die Farbenerscheinurtgen im Grunde des menschlichen Auges, 1844), récompensé par une médaille d’or qui le place au rang de précurseur de l’ophtalmoscope mis au point par Helmholtz en 1851. Clinicien remarquable, promoteur du développement de la méthode anatomo-clinique, acquis à la médecine expérimentale, il porta son attention à un éventail exceptionnel d’investigations. Parmi celles-ci, il faut mettre en lumière cinq grands domaines auxquels son nom reste attaché : en pathologie digestive, il introduisit en thérapeutique la « pompe stomacale » (« Ueber die Behandlung der Magenerweiterung durch eine neue Methode mittelst der Magenpumpe », Deutsches Archiv für Klinische Medizin 6, 1869, p. 455-500) et l’endoscopie oeso-gastrique dont il poursuivit l’étude à Strasbourg en 1880-1881 ; en neurologie, il apporta une importante contribution à l’étude des troubles de la parole (Die Störungen der Sprache. Versuch einer Pathologie der Sprache, 1877) ; le diagnostic cardiologique lui doit la notion du « pouls paradoxal » (« Ueber schwielige Mediastino-Pericarditis und den paradoxalen Puls », Berliner Klinische Wochenschrift, 10, 1873, p. 433-435) ; et en médecine interne la première description, en collaboration avec l’anatomo-pathologiste Rudolph Maier (1824-1888), de la panartérite noueuse (1866) ; enfin en diabétologie, il caractérisa définitivement la dyspnée du coma acidocétosique qu’il attribuait avec raison à l’excitation des centres respiratoires (« Zur Lehre vom Diabetes mellitus. Ueber eine eigenthümlische Todesart bei Diabetischen, über Acetonämie, Glycerin-Behandlung des Diabetes und Einspritzungen von Diastase ins Blut bei dieser Krankheit », Deutsches Archiv für Klinische Medizin, 14, 1874, p. 1-46). Dans un ordre différent, la version satirique des poèmes d’un instituteur campagnard nommé S. F. Sauter, écrite par Kussmaul en collaboration avec le juriste Ludwig Eichrodt, publiée vers 1853 dans les Fliegende Blätter, devait avoir des conséquences inattendues. Le pseudonyme « Gottlieb Bidermaier » choisi par Kussmaul, dérivé du vocable à la mode « Biederkeit » (vertu, probité) associé à la banalité du patronyme « Maier », perdit ultérieurement son caractère péjoratif pour désigner à la fin du siècle le style de l’époque comprise entre 1815 et 1848. Au soir de sa vie, Kussmaul réunit ses souvenirs antérieurs à sa carrière universitaire en un récit autobiographique, qui connut de nombreuses rééditions (Jugenderinnerungen eines alten Arztes, 1899, 8e éd. 1909) ; son gendre Czemy publia la suite laissée en l’état de manuscrit (Aus meiner Dozentenzeit in Heidelberg, 1903, 4e éd. 1925).

Ch. Bäumler, « A. Kussmaul », Deutsche medicinische Wochenschrift, 8, 1902, p. 125-127 (portrait) ; A. Cahn, « A. Kussmaul In Memoriam », Archiv für ôffentliche Gesundheitspflege in Elsass-Lothringen, XXI, 1902, p. 253-274 ; Naunyn, « Nachruf für Kussmaul », ibidem, p. 43-47 ; L. W. Fleiner, « Ein Rückblick auf die literarischen Arbeiten A. K Kussmaul’s », Festschrift Herrn Geheimrat Prof. Dr. A. Kussmaul in Heidelberg zur Vollendung seines 80. Lebensjahres gewidmet, Deutsches Archiv für Klinische Medizin, 73, 1902, p. 1-89 (liste des travaux et portrait) ; J. Hirschberg, « Geschichte der Augenheilkunde, in Graefe-Saemisch », Handbuch der Augenheilkunde, 2e éd., XIV, Leipzig, 1911, p. 384-389 (portrait) ; Th. Bast, « The life and time of A. Kussmaul », Annals of medical history, 8, 1926, 2, p. 94-127 ; H. M. Koelbing, « A. Kussmaul (1822-1902), ein forschender Kliniker », Praxis, 62, 1973, p. 265-271 ; Neue Deutsche Biographie, XIII, 1982, p. 344-345 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4589 ; F. Kluge, A. Kussmaul Seine aktuelle Bedeutung für innere Medizin und Neurologie (en collab. avec T. Bonzel, J. Fröhlich, G. Oepen, E. Seidler), Stuttgart, 1985 (portrait) ; F. Kluge, E. Seidler, « Zur Erstanwendung der Oesophago- und Gastroskopie : Briefe von A. Kussmaul und seinen Mitarbeitern », Medizinhistorisches Journal, 21, 1986, p. 288-307 ; F. Kluge. « Der Arzt A. Kussmaul (1822-1907). Seine Freiburger Jahre 1863- 1876 und das Jahr 1909 », Schau ins Land 108, 1990, p. 195-249 ; idem, A. Kussmaul 1822-1902, Fribourg-en-Brisgau, 1991.

Théodore Vetter (1994)