Maire de Strasbourg, président d’Église, (PI) (★ Strasbourg 15 messidor an XI = 4.7.1803 † Strasbourg 18.1.1885).
Fils de Jean Kratz, médecin, et de Sophie Louise Schertz. ∞ 16.9.1829 à Strasbourg Marguerite Élise Wartmann (★ Strasbourg 28.10.1809 † Strasbourg 4.1.1893), fille de Bernard Wartmann, négociant, et de Suzanne Marguerite Stromeyer. Orphelin de père à l’âge de quatre ans, il fut élevé par son oncle, le professeur Isaac Haffner ©, doyen de la faculté de Théologie protestante, chez qui il habita désormais. Après des études primaires et secondaires au Gymnase protestant à compter du 16 octobre 1811, il étudia le droit à l’Université de Strasbourg. Pour obtenir le grade de licencié, il soutint le 20 août 1824 un mémoire intitulé Acte public sur les causes qui dispensent de la tutelle. Après être passé comme stagiaire par l’étude de Me Zimmer, il devint lui-même notaire, à compter du 27 septembre 1831 et le demeura jusqu’au 18 juillet 1841, date à laquelle il fut nommé notaire honoraire, après avoir vendu sa charge. En juin 1843, il fut élu par le canton sud, sur la liste de l’opposition libérale, membre du conseil municipal. En 1848, il fut élu, toujours par le canton sud, membre du Conseil général du Bas-Rhin et fut constamment réélu jusqu’en 1870. Au nombre des organisateurs du banquet réformiste de la Halle aux Blés en 1847, il fut de ce fait lancé dans le monde politique. Nommé adjoint au maire provisoire après la proclamation de la République, il fit fonction de maire à compter du 18 mai 1848 jusqu’au 1er septembre 1848 où, sur nomination du président du Conseil, Cavaignac, il devint maire en titre, par arrêté du 17 août. En dépit de toutes les difficultés du moment, il demeura à son poste jusqu’au 12 mars 1851, où la dissolution autoritaire de la garde nationale de Strasbourg par le prince-président l’amena à démissionner de ses fonctions, en même temps que ses adjoints Louis Liechtenberger © et Charles Jules Boersch ©, tout en demeurant membre du conseil municipal pour un certain temps. Cependant, si les événements mettaient ainsi un terme à sa carrière politique, sa mise en disponibilité elle-même allait lui permettre de mener une action qui le mènerait au sommet de la hiérarchie ecclésiale. En effet, élu membre du consistoire du Temple-Neuf le 15 janvier 1848, il devint membre de la commission directoriale le 9 mars. Député de l’inspection du Temple-Neuf au Consistoire général, le 27 novembre 1850, il fut membre du Directoire, à ce délégué par le Consistoire général le 21 décembre 1850. Membre du Directoire, à ce délégué par le Consistoire supérieur, le 26 octobre 1853 ; il fut à nouveau membre du Directoire, à ce délégué par le Consistoire supérieur, pour une période de six ans, le 28 octobre 1863. Nommé à la même dignité et pour la même période, le 26 octobre 1869, il fut nommé président du Directoire et du Consistoire supérieur par décret impérial en date du 24 janvier 1872, sur la proposition des membres du Consistoire. Il demeura en fonctions jusqu’à sa mort. En même temps, il eut une action éminente dans le domaine économique et social de la vie de la cité. Ainsi a-t-il été administrateur de la Caisse d’épargne pendant une dizaine d’années et n’a donné sa démission que lorsqu’il a été nommé aux fonctions municipales. Pendant une série d’années également, il fut administrateur du Bureau de bienfaisance. Mais c’est dans l’histoire artistique, musicale surtout, de la ville de Strasbourg, que Kratz occupe une place d’honneur. Dès 1820 en effet, il prit part à tous les concerts d’amateurs comme chanteur et comme instrumentiste. Il fut également l’un des principaux organisateurs des grandes fêtes musicales alsaciennes de 1830 et de 1836, ainsi que l’un des fondateurs de l’Académie de chant à laquelle il sut donner un élan auquel cette société dut, pendant des années, sa brillante carrière. De même, la réputation du théâtre et sa prospérité, datent de son avènement à la mairie de Strasbourg. Dès qu’il fut entré au conseil municipal, il fut appelé à faire partie de la commission théâtrale et lorsqu’il occupa le poste de maire, il rendit au théâtre qui périclitait, son lustre d’antan. Enfin, il fut l’un des fondateurs des Amis des Arts. Il est un dernier domaine typique des activités strasbourgeoises du temps, où il a excellé, c’est celui de la confection des petits soldats peints, dits de Strasbourg. Non seulement il en peignit jusqu’à la veille de sa mort, mais ce fut lui qui fut, pour ainsi dire, l’instigateur de ce genre de collection. Il formait des élèves, il préparait, dessinait les diverses figurines et les donnait ensuite à peindre, soit à des ouvriers, soit à des amateurs, pour les fignoler ensuite. Il commença sa collection pendant le premier blocus de Strasbourg en 1814, pendant sa convalescence chez le pasteur Boeckel à Scharrachbergheim. Les feuilles de Barthel ont servi à cette collection. Celle-ci comportait environ 24 000 hommes par régiments, bataillons et détachements. Elle se composait de soldats du règne de Louis XVI, de la République, du Premier Empire (partie la plus importante), de la Restauration, de Louis-Philippe et de Napoléon III.
Archives municipales de Strasbourg, dépôt de la Société des Amis des Arts ; Journal d’Alsace des 6.7.1883 et 20-23.1.1885 ; Affiches de Strasbourg des 21 et 24.1.1885 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, p. 309, n° 2924 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 212, 236, 276 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4567-4568 ; François Lotz (en collabor. avec J. Fuchs, L. Kieffer, R. Metz), Artistes-peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Kaysersberg, p. 193 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 246-247.
Georges Foessel (1994)