Prêtre, professeur d’archéologie chrétienne, (C) (★ Trêves, Rhénanie-Palatinat, 19.9.1840 † San Remo, Ligurie, Italie, 28.12.1901).
Fils de Paul Kraus, peintre et professeur de dessin, et de Maria Magdalena Jung. Après deux ans au Grand Séminaire de Trèves, de 1860 à 1862, Kraus fut précepteur dans des familles nobles en France. En 1862, docteur en philosophie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau sans jamais avoir étudié à une université. En 1864, consacré prêtre à Trèves ; en 1865, docteur en théologie à Fribourg-en-Brisgau. De 1865 à 1872, curé auxiliaire à Pfalzel, près de Trèves. Sous l’influence de Lacordaire et de Montalembert, Kraus s’engagea très tôt en faveur d’un catholicisme libéral et critique, ce qui devait le mettre vite en opposition avec Rome. Dans le Kulturkampf qui éclata après la promulgation du dogme de l’infaillibilité pontificale et qui opposa l’Empire au Vatican, il joua un rôle décisif qui lui assura les sympathies de Bismarck et de l’empereur. Le rêve de Dante d’une « concordia sacerdotii et imperii » était aussi le sien. Ces mêmes préoccupations se reflètent dans les ouvrages qu’il publia sur Dante et ses rapports avec l’art et la politique (1879) auxquels devait suivre, à la fin de sa vie, une étude sur le Risorgimento en Italie et Cavour (1902). Dès 1871, Bismarck l’avait envoyé plusieurs fois à Strasbourg pour traiter avec l’évêque Raess au sujet de la création d’une faculté de Théologie catholique. En 1872, Kraus fut nommé professeur extraordinaire à l’Institut d’histoire de l’art de la nouvelle Université de Strasbourg. Il y déploya une activité sans pareille ; parallèlement, il créa un Institut pour l’archéologie chrétienne et l’épigraphie, l’un des premiers du genre. Chargé de mission dans ce but précis par le gouvernement, il entreprit dès 1872 l’ouvrage monumental que constituent les quatre volumes d’inventaire des monuments historiques d’Alsace-Lorraine (Kunst und Alterthum in Elsass-Lothringen, Strasbourg, I, 1876, II, 1884, III, 1889, IV, 1892). En 1876, il fut nommé conservateur des Monuments historiques d’Alsace-Lorraine, charge qu’il occupa jusqu’en 1882. Un an après, il commença le classement systématique et l’inventaire de la nouvelle collection du Cabinet des Estampes qui réunissait déjà plus de 5 000 gravures. De 1873 à 1878, après le départ du professeur titulaire, Anton Springer, dont il n’obtint jamais officiellement la succession, Kraus assura seul tous les cours d’histoire de l’art avec un nombre d’étudiants en progression constante. Finalement, en 1878, Kraus obtint une chaire de professeur titulaire d’histoire de l’Église à la faculté de Théologie de Fribourg-en-Brisgau, dont il resta le personnage dominant jusqu’à sa mort. Il consacra le reste de sa vie à ses deux passions : le renouvellement du catholicisme et l’histoire de l’art. En quelques années parurent son inventaire des œuvres d’art du grand-duché de Bade (1887-1904) et celui des inscriptions chrétiennes de Rhénanie (1890-1894).
A. Kannengiesser, « L’envers d’un savant catholique d’Allemagne. Le professeur F. X. Kraus », La Quinzaine du 16.6.1902 (très partial) ; E. Hauviller, F. X. Kraus. Colmar, 1904 ; F. X. Kraus, Tagebücher, éd. par H. Schiel, Cologne, 1957, p. 301-390 (sur sa vie à Strasbourg ; en annexe liste de 252 numéros de publications de Kraus et une bibliographie exhaustive) ; Neue Deutsche Biographie, XII, 1980, p. 684-685 ; L. Châtelet-Lange, « Das Kunsthistorische Institut », Formes 7, 1989, p. 13-18.
Iconographie : E. Hauviller, op. cit.
Liliane Châtelet-Lange (1994)