Skip to main content

KLINGLIN Christophe de, baron de Hattstatt

Magistrat, (C) (★ Strasbourg 3.9.1690 † Oberhergheim 8.8.1769).

Frère de François Joseph de Klinglin © ∞ 15.9.1725 à Hirsingue Marie Anne, comtesse de Montjoie ; 1 fils, Joseph Ignace Christophe, vicaire général honoraire du diocèse de Bâle (voir infra). Conseiller à la cour de Colmar en 1716, il devint second président en 1719 et fut appelé à la première présidence en remplacement de M. de Corberon fils ©, le 15 juillet 1747. « Les documents imprimés fournissent peu de notions sur ce magistrat dont les biographes n’ont pas daigné s’occuper » (Pillot et Neyremand). Dans quelques lettres datées de Colmar, Voltaire parle de l’accueil aimable qu’il reçut dans la maison du premier président, mais sans donner d’autre détail. Mutisme lié peut-être aux relations peu amènes ouvertes entre le chef et les membres du Conseil souverain : des manières hautaines, des exigences despotiques, un caractère entier, une parole peu maîtresse d’elle-même, un profond dédain de certains ménagements permettent de le ranger dans la catégorie des présidents de « ’école dictatoriale » comprenant les magistrats absolus ou visant à l’absolutisme (par opposition aux magistrats dits « constitutionnels » de « l’école égalitaire ») : « Le ton qu’il prenait vis-à-vis de la Compagnie, dit une correspondance secrète, lui déplaisait au-delà de toute expression ; croyant ne jamais errer, il était dans l’idée que la Compagnie avait toujours tort quand elle ne pensait et n’agissait pas comme lui. » De là un certain nombre d’affaires (répartition des épices, absentéisme des conseillers, service de l’après-midi, audiences de relevée de la première chambre…) qui, en partie, s’expliquaient par la lutte du président contre certains abus (prenant force de loi par suite de la tradition). Il s’exprimait sur la conduite de certains conseillers « en termes peu charitables ».

Deux affaires seraient à retenir : l’une en 1756 relative aux abus constatés dans l’administration de l’hôpital de Colmar, l’autre relative à l’enregistrement de l’édit d’expulsion des Jésuites (1756) opposant le président « fort entêté dans l’esprit jésuitique » au reste de la Compagnie, bien loin de partager cet engouement. Le chancelier de Lamoignon reconnaissait en lui un magistrat instruit, savant dans les matières féodales et de droit public ; il soutint par ailleurs les prérogatives du corps contre « les arrogances militaires », les empiétements administratifs (de l’intendant ou du subdélégué), les investigations ministérielles. On notait chez lui un certain doigté relativement aux affaires religieuses « qui doivent être traitées délicatement et avec prudence dans cette province ». En 1768, il se retira (à près de 80 ans), nommé conseiller du roi et premier président honoraire, mais la Compagnie faillit ne pas accorder les lettres de vétérance nécessaires à l’enregistrement de ces dignités honorifiques. Tourmenté par une cruelle infirmité, il s’éteignit dans l’obscurité et l’abandon.

Pillot et E. de Neyremand, Histoire du Conseil souverain d’Alsace, Paris, 1860, p. 388-395 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 45 ; F. Burckard, Organisation, personnel et rôle du Conseil souverain d’Alsace de 1715 à 1790, thèse Ecole des chartes, 1951 ; L. Roux, Inventaire de la sous-série 1 J. Collection Corberon-Bruges, Archives départementales du Haut-Rhin, 1965 ; L. Roux, C. Wilsdorf, La première cour française en Alsace, catalogue d’exposition, Strasbourg, 1964 ; G. Livet, « Le Conseil souverain d’Alsace de 1715 à 1790 », Saisons d’Alsace, 1965, p. 13-40.

Georges Livet (1993)