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KEMPF Nicolas

Chartreux (★ Strasbourg 1397 ou 1414 † Gaming, Basse-Autriche, 20.11.1497).

Immatriculé à Vienne en 1433, il bénéficia des facilités que l’université accordait aux pauvres. Nous ne savons pas s’il appartenait à la famille patricienne qui portait ce nom ou si son père et ses frères étaient des artisans. Ses études furent brillantes. Dès 1437, il était maître et, en 1439, rédigea des questions disputées concernant la doctrine aristotélicienne. L’année suivante, il décida d’abandonner la carrière de professeur. Le milieu universitaire de Vienne était à cette époque très intéressé par les problèmes que posaient la réforme de l’Église et la vie spirituelle. Kempf devint chartreux à Gaming. Il quitta ce monastère pour remplir les fonctions de prieur à Gairach, Styrie, de 1447 à 1451 et de 1467 à 1490 ; il fut également prieur de Pleterje, Carniole (1462-1467), après avoir dirigé le couvent de Gaming (1457-1458). Il semble qu’il ait été, en 1461, à la Chartreuse de Strasbourg. Kempf fut un auteur très fécond. Nous ne conservons malheureusement que la moitié de ses 35 ouvrages. Sa longue expérience de l’état monastique nourrit deux livres qui jouirent d’une grande notoriété, le Tractatus de discretione, qui est consacré surtout à l’examen de conscience, et le Tractatus de proponentibus religionis ingressum qui recommande les vertus de discrétion, de discernement et de modération à ceux qui accueillent les postulants. Deux traités contiennent des conseils destinés aux religieux qui s’apprêtent à chanter les heures et à célébrer la messe. Un autre domaine dont Kempf s’occupait avec prédilection était la théologie mystique ; comme un certain nombre de maîtres spirituels, Kempf commenta le Cantique des Cantiques. Les qualités de l’enseignant se retrouvent dans son Tractatus de mystica theologia, très clair et très solidement charpenté. À la manière de Gerson et des plus grands théologiens de son temps, Kempf puisa abondamment aux sources du XIIe et du XIIIe siècles, Hugues de Saint-Victor, saint Bernard, saint Bonaventure, Hugues de Balma… Il ne partage pas la méfiance que le travail intellectuel inspire à son confrère Vincent d’Aggsbach. Cependant, il recommande aux étudiants de théologie de ne pas perdre de vue le but vers lequel ils doivent tendre et de ne pas se perdre dans des controverses purement théoriques (Dialogus de recto studiorum fine ac ordine). Les textes des sermons que Kempf prononça ne sont conservés qu’en partie. Il entretint des relations épistolaires avec des érudits, en particulier avec le patricien d’Augsbourg, Sigismund Gossembrot, qui fut son disciple à Vienne et qui se retira, peut-être en suivant l’avis de Kempf, au couvent de Sain-Jean-au-Marais, à Strasbourg. Il n’est pas sûr qu’il soit l’auteur d’un ouvrage en allemand Von der Abgescheidenheit et d’un autre qui lui aurait été demandé par l’archiduchesse Élisabeth. Kempf estimait que la réforme de l’Église dépendait de la qualité de la formation reçue par les prêtres, réguliers et séculiers, auxquels il recommandait de consacrer le plus de temps possible à la contemplation et à la prière.

Tractatus de mystica theologia, éd. par K. Jellowschek, J. Barbet et F. Ruello, Salzbourg, 1973, 2 vol.

C. A. Kueller, « Eine Abhandlung über die Gewissensrechenschaft », Zeitschrift für Aszese und Mystik, 1926, p. 92-95 ; N. Paulus, « N. Kempf von Strassburg und seine Schrift über die rechte Art und Weise zu studieren », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1928, p. 22-46 ; E. Valentini, « La dottrina della vocazione nel V. Nicolao de Argentina », Salesianum 15, 1953, p. 244-259 ; A. Hörmer, Der Kartäuser N. Kempf als Seelenführer, thèse de théologie, Vienne, 1959 ; Dictionnaire de spiritualité VIII, 1974, c. 1699-1703.

† Francis Rapp (1993)