Membre de l’Institut, président d’université, professeur de neurophysiologie à la faculté de Médecine de Strasbourg, (C) (★ Strasbourg 8.2.1926).
Fils d’Émile Karli, directeur financier, et d’Ernestine Roth. ? 4.7.1950 à Strasbourg Marie-Thérèse Scherring ; 3 enfants. A fait ses études médicales et scientifiques à Strasbourg : docteur en médecine en 1952 et licencié ès sciences naturelles en 1953. Se destinant très tôt à la recherche, il est entré en 1949 en qualité d’assistant temporaire dans le laboratoire dirigé par le professeur Marc Klein ©. Ses premières recherches ont porté sur les dégénérescences de la rétine, génétiquement déterminées ou expérimentalement provoquées. La thèse qu’il leur a consacrée lui a valu le Prix Vlès de la faculté de Médecine (1952). Un séjour d’un an (1954-1955) aux États-Unis, chez le professeur Curt Richter, au Psychobiological laboratory de la John Hopkins médical school de Baltimore, lui a permis ensuite de s’initier aux concepts et aux méthodes de la neurobiologie des comportements, tout en l’orientant vers l’analyse expérimentale des comportements d’agression. Reçu au concours d’agrégation de physiologie en juin 1958, il a été nommé maître de conférences agrégé, puis professeur sans chaire (1963) à sa faculté d’origine. Devenu également « biologiste des hôpitaux » (1964), il a créé un laboratoire d’explorations fonctionnelles d’électrophysiologie oculaire au sein de la Clinique ophtalmologique, sous la direction du professeur Jean Nordmann. Une activité d’un tout autre ordre est venue s’inscrire dans cette même période : de 1961 à 1964, il a été le premier directeur de l’École de cadres d’infirmières, à la mise en place de laquelle il avait largement contribué. La création à Strasbourg du Centre de neurochimie du CNRS (1965) a été un événement important pour sa carrière scientifique, car le directeur de ce nouveau centre de recherches, le professeur Paul Mandel, lui a confié le soin de créer et d’animer un département de neurophysiologie. Nommé, à titre personnel, professeur titulaire de neurophysiologie en 1966, il a pu constituer une équipe et développer les recherches du département dans les deux directions précédemment choisies, à savoir la neurobiologie de la vision et la neurobiologie des comportements socio-affectifs. C’est dans ce dernier domaine qu’il a apporté, avec ses collaborateurs, les contributions les plus marquantes et les plus originales. On peut citer, pour leur intérêt : l’étude des mécanismes cérébraux qui contrôlent la probabilité de déclenchement d’un comportement d’agression ; l’analyse des répercussions comportementales des lésions cérébrales précoces et celle de l’influence structurante des interactions sociales dans les réorganisations post-lésionnelles ; l’étude des modalités de fonctionnement et d’interaction des systèmes neuronaux de renforcement positif (de « plaisir ») et de renforcement négatif (d’« aversion ») ; l’analyse des propriétés fonctionnelles et des caractéristiques neurochimiques du substrat neuronal responsable de la genèse d’expériences affectives de nature aversive et des comportements (de défense, de fuite) qui les expriment.
La notoriété des recherches ainsi effectuées lui a valu d’être élu en 1979 président de l’International Society for research on aggression et, en 1982, président de l’European brain and behaviour Society. Parallèlement, de 1979 à 1984, la Fondation européenne de la Science lui a confié la présidence du conseil scientifique de l’European training programme in brain and behaviour research. À la suite des événements de mai-juin 1968, il a participé à la constitution de l’Université Louis Pasteur, en sa qualité de président du conseil de gestion transitoire de l’U.E.R. des Sciences biomédicales nouvellement créée. L’expérience ainsi acquise l’a amené, par la suite, à devenir président de cette même université (1975-1978). Pendant sa présidence, il a créé au sein de l’Université le Centre européen d’histoire de la médecine, chargé de recueillir et de diffuser les informations en matière d’enseignement et de recherche dans cette discipline. Ce centre est devenu plus tard l’une des composantes – avec l’équipe du CNRS Fondements des sciences et le Groupe d’étude et de recherche sur la science de l’Université Louis Pasteur – du nouveau Centre de recherches transdisciplinaires sur les sciences et les techniques qu’il a créé en 1988 et qu’il a dirigé en 1989-1990, après avoir pris une retraite anticipée en octobre 1987. Cette dernière étape de son activité professionnelle officielle aura été le reflet de l’intérêt toujours porté aux fondements historiques et épistémologiques des sciences contemporaines et du souci de conduire, avec d’autres, une réflexion plus distanciée sur les enjeux sociaux, culturels et éthiques du développement scientifique et technique. Membre de l’Académie d’Alsace. Il a été élu membre de l’Académie des Sciences (Institut de France) en 1979 et membre de l’Academia Europaea en 1989. Ses activités d’enseignement et de recherche, d’animation et de gestion, lui ont valu des distinctions scientifiques : docteur hc de l’Université de Lausanne ; Prix de la ville de Paris de l’Académie de Médecine ; Prix La Caze de physiologie de l’Académie des Sciences ; officier de la Légion d’honneur ; officier de l’ordre national du Mérite ; commandeur des Palmes académiques.
Neurobiologie des comportements d’agression, Paris, 1982 (traduit en italien et en portugais) ; L’homme agressif, Paris, 1987 (traduit en anglais et en italien) ; près de 200 articles portant sur la neurobiologie des comportements socio-affectifs et sur la neurobiologie de la vision ; quelques articles consacrés à des problématiques plus générales, telles que : La responsabilité du scientifique, Science et Foi, Nécessité et difficultés de l’interdisciplinarité.
« L’invité de la semaine », Dernières Nouvelles d’Alsace du 28. 3. 1987 ; Conférence FEC, Dernières Nouvelles d’Alsace du 10. 12. 1987 ; Conférence Gutenberg, Dernières Nouvelles d’Alsace des 15. et 19.1.1989 ; Who’s who in France, 1989-1990.
Guy Perny (1993)
Compléments :
† Strasbourg 21.5.2016.
Fortier (Jacques), « « Neurobiologiste et humaniste, le Pr Pierre Karli est décédé à 90 ans », Dernières nouvelles d’Alsace, 24 mai 2016.
Philippe Legin (avril 2020)