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KANNENGIESER Alphonse

Prêtre, écrivain, (C) (★ Bartenheim 13.7.1855 † Chalampé 3.11.1933).

Fils d’Alphonse Kannengieser, commerçant, et de Madeleine Koenig. Kannengieser fut élève des Marianistes à l’école primaire de Bartenheim, au collège de Saint-Hippolyte et, à partir de 1874, à l’Institution Sainte-Marie de Besançon. Il acheva ses humanités au collège libre de Lachapelle-sous-Rougemont (1875-1877), étudia la théologie au Grand Séminaire de Strasbourg (1877-1881) et fut ordonné prêtre à Rome le 27 mars 1882. Il consacra une grande partie de sa vie sacerdotale au préceptorat à Rome (1881-1885), au château de Loupoigne, près de Bruxelles (1886) et à Paris (1886-1903), dans la famille Lefébure où il rencontra les représentants les plus éminents de la pensée catholique de la fin du XIXe siècle, et chez le banquier Germain, dont le salon était fréquenté par les plus grands noms de la littérature, de la politique et de la diplomatie. Observateur privilégié de la chrétienté lors de son séjour romain et esprit critique imprégné des cultures française et allemande, Kannengieser fut invité à collaborer à plusieurs revues. Ses activités de journaliste constituaient un aspect majeur de son ministère sacerdotal. De Rome, il fit parvenir des articles à la Défense (Paris), l’Union d’Alsace-Lorraine et au Springfield Herald. À partir de 1886, il figurait au rang des rédacteurs de la Revue catholique d’Alsace et, de 1891 à 1903, il signa une quarantaine d’études dans le Correspondant (Paris). La critique contemporaine qualifia leur auteur d’impeccable styliste, de charmant conteur, d’habile portraitiste et de redoutable polémiste. Fixé à Kembs-Loechlé depuis 1903, il fut arrêté par les autorités allemandes le 4 août 1914 ; celles-ci firent aussi dynamiter sa maison, détruisant les 12.000 volumes de sa bibliothèque et les œuvres d’art de son oratoire privé. Accusé d’espionnage puis de haute trahison, il fut emprisonné à Fribourg. Bien que la Haute Cour de Leipzig ait rendu un non-lieu, les autorités militaires le considéraient toujours comme suspect et le privèrent de liberté jusqu’à la fin des hostilités. D’abord incarcéré à Strasbourg, il fut ensuite interné au camp de Holzminden puis exilé à Welver, en Westphalie et à Wolfach, en Bade. Kannengieser relata cette période de sa vie dans Espion et traître. Souvenirs d’un proscrit, Paris, 1919. Revenu en Alsace après l’Armistice, il s’établit à Mulhouse et reprit son activité littéraire. De cette époque datent quelques biographies de clercs alsaciens, des portraits de ses maîtres et amis ainsi que des notes biographiques parues sous le titre : « Voyage en zig-zag à travers ma vie » dans la Revue catholique d’Alsace, de 1919 à 1923. Grâce à ses démarches et à sa magnanimité, Kembs-Loechlé devint paroisse (1925) et fut doté d’une église (1926) qu’il embellit par le don d’une peinture du XVIIIe siècle. Kannengieser était camérier secret (1901) et prélat domestique de Sa Sainteté (1922), chanoine honoraire des cathédrales de Strasbourg (1924) et de Langres, et chevalier de la Légion d’honneur.

Kannengieser fit paraître plusieurs ouvrages dans l’optique de faire connaître en France l’Église d’Allemagne, ses dirigeants, son organisation politique et ses œuvres. Principaux ouvrages : Catholiques allemands, Paris, 1891 (trad. en hongrois et en espagnol) ; Un curé extraordinaire : S. Kneipp, Paris, 1891 (trad. en italien et en espagnol) ; Le réveil d’un peuple, Fribourg, 1892 (trad. en espagnol) ; Les adversaires du pouvoir temporel et la Triple Alliance, Paris, 1893 (trad. en espagnol) ; Ketteler et l’organisation sociale en Allemagne, Paris, 1894 (trad. en espagnol) ; Juifs et catholiques en Autriche-Hongrie, Paris, 1896 (trad. en allemand et en espagnol) ; Les Missions catholiques. France et Allemagne, Paris, 1900 ; Les origines du Vieux-Catholicisme et les universités allemandes, Paris, 1901 ; D’étapes en étapes. Le Centre catholique en Allemagne, Paris, 1904 (trad. en espagnol) ; Un Alsacien. Léon Lefébure, membre de l’Institut, fondateur de l’Office central des œuvres de bienfaisance, Paris, 1912 ; En Alsace après l’annexion. L’Abbé J. I. Simonis, député au Reichstag, supérieur des Sœurs de Niederbronn, Rixheim-Paris, 1914 ; Mes maîtres alsaciens. Souvenirs lointains de l’école primaire, du collège et du grand séminaire, Strasbourg, 1920 ; Un sociologue alsacien. L’Abbé Henri Cetty, curé de Mulhouse. Sa vie et ses oeuvres, Colmar, 1923 ; Vie de Monseigneur Frey, curé de Colmar 1889-1915, Colmar, 1925.

« Prälat Kannengieser gestorben », Mülhauser Volksblatt du 4.11.1933 ; « In der Heimaterde bestattet. H. Prälaten Kannengiesers letzter Gang », Mülhauser Volksblatt du 7.11.1933 ; J. Gass, « Bibliographie de Mgr Kannengieser », Revue catholique d’Alsace, 48, 1933, p. 599-603 ; G. Issenhart, Mgr A. Kannengieser, Revue catholique d’Alsace, 48, 1933, p. 593-599 ; Catholicisme. Hier, aujourd’hui, demain VI, Paris, 1967, c. 1357-1358 ; G. Claerr-Stamm, « Un personnage hors du commun dans un petit village près du Rhin : Mgr Kannengieser à Kembs », Almanach Sainte-Odile 59, 1984, p. 78 ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 1984, p. 4408 ; B. Hilfiger, « Mgr Alphonse Kannengieser. Incursion dans la vie d’un enfant de Kembs-Neuweg », Kembs-Loechlé. Histoire d’une route. Histoire d’une paroisse, Saint-Louis, 1991, p. 35-42.

Jean-Paul Blatz (1993)