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KALT Eugène

Ophtalmologiste, (C) (★ Landser 24.2.1861 † Paris 9.5.1941).

Fils de Jean-Baptiste Kalt (★ 1814 † 1878), notaire et maire à Landser et de Madeleine Caroline Zeller. ∞ avril 1895 à Paris Jeanne Jodot (★ 1873 † 1958) ; 4 enfants, dont Marcel Kalt (★ Paris 1896 † Paris 2.12.1970), chef de service au Centre national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts. Destiné par ses parents à opter pour la France, Kalt bénéficia à partir de 1872 d’une instruction secondaire au lycée de Belfort. Reçu aux baccalauréats ès sciences restreint et ès lettres, décernés en novembre 1879 à Besançon, il y prit des inscriptions à l’École préparatoire de médecine (1879-1880), avant de poursuivre des études à la faculté de Nancy (1880-1882), pour les terminer à celle de Paris par une thèse de doctorat consacrée à des Recherches anatomiques et physiologiques sur les opérations de strabisme, soutenue le 29 mai 1886. Étayée par des études histologiques menées au laboratoire du professeur Mathias Duval (1844-1907) et par l’enseignement pratique acquis dans la clinique privée de L. de Wecker, cette thèse représentait un engagement vers sa vocation ophtalmologique. Nommé chef de clinique adjoint à l’Hôtel-Dieu par concours en août 1886, Kalt fut titularisé dans ces fonctions en octobre 1888. S’étant présenté au concours institué par l’arrêté du 22 juillet 1889, il fut promu au poste de médecin-adjoint à la clinique ophtalmologique de l’Hospice national des Quinze-Vingts. Enfin, à la suite d’un nouvel arrêté, il fut nommé l’un des médecins titulaires à compter du 1er janvier 1894, pour rester en fonction pendant un demi-siècle jusqu’à la veille de sa mort. Après ses débuts à l’Hôtel-Dieu, il fut ainsi en mesure de poursuivre une longue carrière d’opérateur prestigieux et d’enseignant ; son activité dans la recherche le place à la tête des créateurs de l’anatomie pathologique oculaire française. Membre fondateur de la Société d’ophtalmologie de Paris (1888), Kalt en fut le vice-président en 1906 et le président en 1909. À ce titre, il collaborait au Bulletin de la Société ; ses contributions littéraires, avec celles livrées aux Annales d’Oculistique ainsi que les articles insérés dans l’Encyclopédie française d’ophtalmologie dépassent une centaine de titres. On peut en dégager quatre domaines d’importance majeure : 1) procédés nouveaux de restauration des paupières supérieure et inférieure (1891) ; 2) mise au point de la suture cornée-sclérale dans l’opération de la cataracte ; 3) création d’une nouvelle technique d’opération de la cataracte par extraction totale du cristallin et mise au point de l’instrumentation comportant une pince qui porte le nom de Kalt (1894) ; 4) promotion des lentilles de contact cornéennes (indépendamment d’Eugen Fick, de Zurich, et d’August Muller, de Kiel), à la suite des essais de réduction du kératocône avec Panas, par substitution à la compression par bandage d’une coquille de verre « soufflé » avec amélioration visuelle. Nommé chevalier de la Légion d’honneur dès 1909 au titre de médecin de la clinique nationale des Quinze-Vingts, Kalt fut promu officier en 1920 pour services rendus durant la première Guerre mondiale à la tête d’une ambulance du 10e corps d’armée puis à l’hôpital du Val-de-Grâce. Une salle des Quinze-Vingts, à présent détruite, lui fut dédiée à sa mort en 1941. Associant le souvenir de son fils Marcel, la bibliothèque installée dans les nouveaux locaux porte leurs noms et une médaille fut frappée à leur effigie en 1961. Enfin, une médaille au profil d’Eugène Kalt est décernée annuellement depuis 1979 par la Société française des ophtalmologistes adaptateurs de prothèses de contact, en récompense du meilleur travail dans ce domaine inauguré en 1888. Voulant l’honorer à l’occasion du centenaire de la découverte, ses concitoyens lui ont dédié une rue à Landser.

A. Magitot, « Eugène Kalt (1861-1941) », Annales d’Oculistique 177, 1941, p. 353-354 ; « Eugène Kalt (1861-1941) », Bulletin et mémoires de la Société française d’ophtalmologie 59, 1946, p. XC-XCI ; R. Heitz, « Le traitement optique du kératocône d’Eugène Kalt (1888) », Contactologie I, 1979, p. 72-75 ; R. Heitz, « Les premières applications cliniques des lentilles de contact », L’ophtalmologie des origines à nos jours, III, Annonay, p. 183-184 ; F. Tischmacher, Eugène Kalt. Sa vie et son oeuvre, Landser, 1988, portrait ; B. Tritsch, Eugène Kalt : sa vie et son œuvre, thèse de doctorat en médecine, Strasbourg, 1989, portrait.

Théodore Vetter (1992)