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KALKENRIEDT Johann Georg von

Abbé de Murbach, (C) (★ v. 1567 † Passavant, Doubs, 17.8.1616).

Fils de Johann Balthasar von Kalkenriedt, bailli de Fussach et Höchst, près du lac de Constance ; frère de Johann David von Kalkenriedt, abbé de Saint-Gall. Issu d’une famille de la région du lac de Constance anoblie par les Habsbourg depuis trois générations, Kalkenriedt fut ordonné prêtre à Constance en 1596 après avoir étudié à Rome, au Collegium germanicum, puis devint prévôt de l’abbaye de Murbach. Son élection à la tête de celle-ci se produisit en 1601, dans un climat tendu, consécutif à la disparition du fastueux André d’Autriche © 1. Les habitants de la principauté abbatiale étaient excédés par la politique de l’abbé défunt, tandis que les moines voulaient élire un gentilhomme de la région qu’ils fussent à même de contrôler, Johann Heinrich Brimsy von Herblingen, et que les religieux de Lure, qui relevaient du même abbé depuis 1513 et qui leur étaient unis depuis une bulle pontificale de 1560, voulaient être dirigés par un Comtois. L’élection eut lieu le 3 janvier 1601, avec un maximum de précautions, sur l’ordre du nonce apostolique de Lucerne : trois voix se portèrent finalement sur le candidat officiel du pape, Johann Georg von Kalkenriedt, pendant que deux moines de Lure obtenaient chacun deux voix. L’un d’eux, Claude de Mugnans, chercha alors à faire annuler l’élection en cour de Rome. Sa démarche fut rejetée, mais les archiducs Albert et Isabelle, qui gouvernaient alors la Franche-Comté, tentèrent d’imposer un nouveau candidat, Jean Richardot, déjà prieur commendataire de Morteau. La crainte d’une sécession de l’abbaye de Lure, qui était en fait un satellite de l’Alsace autrichienne par l’intermédiaire de Murbach, occasionna alors une réplique de la Régence d’Ensisheim. Une garnison alsacienne fut établie à Lure. Confirmée par Rome qui devait renouveler l’union de Murbach et de Lure, le 30 juin 1602 et par l’empereur Rodolphe II, l’élection de Kalkenriedt mit un terme à ces incertitudes. L’abbé régla la succession de son prédécesseur, administra plus sagement les domaines abbatiaux et s’employa à restaurer la vie religieuse au sein de ses abbayes, en recevant de nouveaux novices. Cependant, son autorité fut bientôt contestée par les moines, qui lui reprochaient d’avoir fait nommer son parent Gabriel de Hillensohn © comme grand-bailli de Lure et de Murbach et qui étaient manœuvrés en sous-main par l’Autriche. La crise, qui éclata en 1613, se traduisit par la destitution du bailli et par la démission de l’abbé. Le 10 août 1614, la papauté accepta sa résignation en faveur de l’archiduc Léopold Ier, déjà évêque de Strasbourg depuis 1607.

A. Gatrio, Abtei Murbach in Elsass, II, Strasbourg, 1895 ; R. Reuss, L’Alsace au XVIIe siècle, Paris, 1897 ; Besson (L.), Mémoire historique sur l’abbaye et la ville de Lure. Besançon, 1846 L. Ehret, Geschichte der Stadt Gebweiler, Guebwiller, 1908 ; P. Jeannin, « Note sur l’abbaye de Lure au XVIe s. », Bulletin philologique et historique, 1967, p. 483-525 ; J. Girardot, La ville et l’abbaye de Lure, Vesoul, 1972.

Portrait à l’abbaye d’Einsiedeln.

Georges Bischoff (1992)