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JELICH (JELICICH) Vincenz (Vinco)

Musicien, compositeur, (C) (★ Rijeka, Yougoslavie, 1595 ? † Saverne 1636 ?).

Fils d’Andréas Jelich et de Barbara N. Jelich fut admis le 8 septembre 1606 dans le chœur de garçons de la chapelle de Ferdinand à Graz, et apprit la musique auprès du compositeur italien, M. Ferrabosco. Revenu pour quelques mois à Rijeka en 1609, il retourna à Graz et entra au « Ferdinandeum », fondation de l’archiduc Ferdinand pour les étudiants pauvres, le 18 septembre 1610. En 1615, il devint instrumentiste de la chapelle archiducale et se perfectionna auprès du compositeur R. Ballestra. Il découvrit à la cour de Ferdinand les formes nouvelles venues d’Italie, notamment l’art de la monodie accompagnée. En 1617, il fut appelé à Saverne en compagnie d’autres musiciens de la cour de Graz par l’archiduc Léopold, évêque de Strasbourg et de Passau depuis 1607, qui avait entrepris la restauration du catholicisme dans son diocèse et publié en 1614 une ordonnance liturgique décisive pour la place de la musique dans l’Église d’Alsace : il s’agissait de rivaliser avec la polyphonie protestante alors en plein essor à la cathédrale de Strasbourg sous Chr. Th. Walliser ©. Entré dans les ordres en 1618, Jelich fut nommé chapelain, puis chanoine de l’église de Saverne. En 1622, il dédia à Léopold son premier recueil, Parnassia militia, 24 motets à 4 voix et basse continue, 4 ricercari pour cornet et trombone. Cette musique reflétait les tendances du baroque italien primitif, recherchant l’expressivité et les contrastes, s’éloignant de la polyphonie traditionnelle au bénéfice du principe concertant. Jelich fut rapidement célèbre, puisque, dès 1625, l’érudit de Francfort G. Draudius citait cette oeuvre dans sa Bibliotheca librorum germanicorum classica, et qu’en 1627, J. Donfrid publiait à Strasbourg, dans son Promptuarium Musicum et son Viriduarium musicomarianum, 4 motets extraits de ce recueil. En 1628, Jelich publia à Strasbourg deux autres œuvres : Arion primus, 34 motets de 1 à 4 voix avec basse continue, qui s’ouvre sur un poème latin dans lequel le compositeur est comparé à Orphée, et Arion secundus, 11 psaumes à 4 voix avec basse continue, d’une écriture polyphonique plus conventionnelle, 8 intermèdes instrumentaux à exécuter, semble-t-il, en alternance avec le chœur. Le nom de Jelich apparaît pour la dernière fois à Saverne dans un contrat d’achat daté du 24 juin 1636. Il mourut probablement de la peste la même année. Il était donc resté en Alsace lorsque Léopold d’Autriche – son frère Ferdinand étant devenu empereur – avait quitté Saverne pour Innsbruck en 1626, emmenant avec lui les musiciens de sa cour. Jelich a sa place dans l’histoire de la musique comme l’un des maîtres du motet. Ce compositeur croate vit sa carrière bouleversée par la Guerre de Trente ans.

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Jean Happel (1992)