Statuaire, (C) (★ Wolxheim 6.5.1801 † Strasbourg 12.4.1876).
Fils de Louis Grass, garde-magasin des chantiers du canal à Wolxheim, et de Christine Schock. Célibataire. Élève du sculpteur L. Ohmacht © à Strasbourg en 1817, il partit pour Paris où il suivit les cours de Bosio à l’École des Beaux-Arts de 1823 à 1829. David d’Angers et Rude furent ses grands modèles. Il débuta au Salon à Paris en 1831 avec Icare essayant ses ailes, œuvre coulée en bronze en 1855 et disparue en 1870 à Strasbourg. Jusqu’en 1873, il exposa régulièrement des portraits comme ceux d’Ohmacht, son maître, de J.-B. Schwilgué, du maire Schutzenberger, du docteur Kuss, des scènes mythologiques comme celle du Centaure Nessus léguant sa tunique à Déjanire en 1833, des scènes de genre comme La jeune Bretonne 1839, inspirée par un roman d’E. Souvestre. En 1835, pour Suzanne surprise au bain, il obtint une médaille de 2e classe. La même année, il devint statuaire à l’Œuvre Notre-Dame à Strasbourg, succédant à Vallastre pour réparer les destructions iconoclastes de 1793. C’est encore en 1835 qu’il concourrut pour l’érection d’une statue à la mémoire de Kléber. Trois ans plus tôt, à Paris, son projet pour la colonne Vendôme n’avait pas été retenu. A Strasbourg, son Kléber triompha des 19 maquettes présentées. Il réalisa aussi la statue en pied du préfet Lezay-Marnésia, les reliefs en bronze pour le monument du général Abatucci à Huningue. Cependant, certains de ses projets ne virent pas le jour. Citons celui de la Réunion de l’Alsace à la France (1846), qui devait orner la place Broglie. Sa carrière à l’Œuvre Notre-Dame lui demanda modestie et adaptation. Il n’avait jamais travaillé le grès et la restauration se devait fidèle. Il débuta par une création Sabine représentant la fille présumée d’Erwin de Steinbach, et qui se trouve à gauche du portail sud de la cathédrale. Pour les restaurations tant extérieures qu’intérieures, il adopta le style appelé néo-gothique pour un art officiel qui se voulait moral et spiritualiste. On lui doit à l’extérieur: la Vierge du trumeau du portail central (1843) modifiée par Stienne, la restitution du Jugement Dernier du beffroi (1846), la restauration de l’Ascension de la galerie du beffroi (1850), des statues équestres et des évêques des contreforts; à l’intérieur, il réalisa saint Jean et saint André pour les chapelles du même nom et remplit les niches de celle de Saint-Laurent. Pour la chapelle Sainte-Catherine, il sculpta un Saint Florent et d’autres saints locaux, n’ayant pas pour autant renoncé à sa carrière parisienne puisqu’il garda son atelier rue de Vaugirard, jusqu’en 1875.
G. Fischbach, Philippe Grass, sa vie, ses œuvres,Strasbourg, 1876; R. Ménard, L’Art en Alsace Lorraine, Paris, 1876; Revue d’Alsace,1884, p. 343; A. Laugel, « Biographies alsaciennes », Revue alsacienne illustrée, janvier 1906; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 643; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XIV, 1921, p. 34; R. Heitz, La sculpture en Alsace, des origines à nos jours, Colmar, Strasbourg, Paris, 1949; C. Schneider, «Philippe Grass et le monument Kléber», Kléber fils d’Alsace, Hommage collectif à l’occasion du 2ecentenaire, Paris-Colmar, 1953; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs...,V, 1976, p. 171; M. Fuchs, «Philippe Grass; un Phidias alsacien oublié (1801-1876)», Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim et environs,1981, p. 159-171 ; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3466 ; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1985, 1055.
Janine Carpentier (1988)