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GOLDENBERG Paul Frédéric Alfred

Industriel, homme politique, (PI) (★ Molsheim 28,1.1831 † Ermont, Val-d’Oise, 3.11.1897). Fils de GustaveGoldenberg ©. ∞ I 19.5.1857 Emma Christmann, fille de Jean Daniel Christmann, cofondateur et associé de la manufacture Goldenberg, et sœur de Louis Christmann ©, divorcés en 1873 ; ∞ Il 27.7.1880 Léopoldine Andrée Pesty, divorcés en 1887; ∞ III 17.12.1888 Renée Cécile Blasson, (C) (★ Mulhouse 23.11.1866). Trois filles sont issues de son premier mariage: Laure (★ 1859), ∞ Ch. Knoderer, directeur de l’établissement Goldenberg à Tronville-en-Barrois; Jeanne Pauline (★ 1861), ∞ Émile Ottmann, négociant à Strasbourg; Gabrielle (★ 1866), ∞ 1890 René Dumay, capitaine d’artillerie, futur général ; deux fils, morts peu après leur naissance. Goldenberg quitta à l’âge de six ans avec sa famille Dorlisheim-Molsheim pour le Zornhoff (commune de Monswiller). Études d’ingénieur civil, suivies d’années de stages en divers établissements surtout métallurgiques d’Angleterre, notamment à Sheffield. Après son retour, il épousa E. Christmann, fille d’un cofondateur de la manufacture. Pour le jeune couple fut construite vers 1860, d’après des plans d’A. Maestlé, la belle villa richement ornée de sculptures, proche des usines, sur un terrain acheté à l’État en 1855 et faisant partie de l’ancienne Faisanderie épiscopale. Le mariage de Goldenberg fut précédé, le 28 avril 1857, de son association légale à la direction de la manufacture ; à compter du 8 août, il eut droit à la signature sociale. À partir de 1862, il partagea la direction de l’établissement avec son père. Dans les années 1858-1860 se situent les fouilles que Goldenberg effectuait notamment sur les hauteurs boisées (Wasserwald et Bannwald) de l’arrière-pays de Stambach-Lutzelbourg et dont il consigna le résultat dans un mémoire publié dans Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, avec un plan de situation des bas-reliefs et autres découvertes dressé par le géomètre H. Ehrhardt de Harskirchen ; ces monuments lapidaires provenant d’un établissement gallo-romain, confondu avec un castrum, constituent une partie essentielle du Musée de Saverne. Comme maire de Monswiller (1865-1871), Goldenberg eut à cœur de promouvoir des travaux d’intérêt commun (hygiène, enseignement), sans pour autant obérer le budget des habitants, ceci grâce à des aides financières personnelles et à des cessions gratuites de terrain. En 1870, lors de la crise, il obtint un secours important d’un de ses fournisseurs d’acier de Sheffield, Firth, ce qui permit d’occuper des ouvriers et d’aménager une route. Conseiller général du canton de Saverne (1864-1870), il se fit le défenseur ardent des droits d’usage forestiers et du maintien de la vaine pâture. Par ailleurs, il prit part à l’enquête agricole de 1866. Il devint vice-président du Comice agricole de l’arrondissement, et président en 1869. En 1870, il publia un ouvrage, en édition française et en édition allemande, de 136pages. Les devoirs de l’État envers les populations forestières. Mais ce sont ses réflexions sur les problèmes posés par le monde industriel et la vie sociale qui présentent le plus d’intérêt, bien qu’elles soient très peu connues: c’est d’une part le texte qu’en février 1868 il adressa au ministre de l’Agriculture, du commerce et des travaux publics, concernant le travail des enfants dans les manufactures et ateliers, au moment où le Conseil d’État élaborait une nouvelle loi sur le travail des enfants (âge d’admission, durée du travail, fréquentation des écoles, exécution du nouveau règlement et surveillance de son application), et d’autre part le mémoire, signé « G. Goldenberg et Cie», adressé au jury de l’Exposition internationale d’Amsterdam de 1869, mémoire auquel Goldenberg incontestablement a collaboré et qui signale diverses initiatives prises par lui dans le domaine de l’instruction et de la sécurité; dans ce mémoire, manuscrit et lithographié tout comme le précédent, on note aussi sa préoccupation «d’assurer une ventilation efficace » aux ouvriers exposés aux poussières lors de la fabrication des outils. La découverte et l’introduction de tels dispositifs de sécurité dans son usine lui valurent l’attribution du prix Montyon de l’Académie des sciences et la nomination de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur (1872). Après le décès de son père, et par acte du 9 avril 1872, Goldenberg devint le directeur de la manufacture « Goldenberg et Cie », et possédait seul la signature sociale. Sous sa gestion éclairée et ferme, l’établissement reprit, après la crise des années 70, son développement qui s’imposait par la qualité et l’extrême variété de sa production; les albums-tarifs successifs révèlent la grande diversification de cet outillage que l’on pourrait dire universel. La modernisation continue, où les machines prenaient davantage de place, n’empêcha pas l’accroissement de l’effectif ouvrier qui alla culminer vers un millier et demi d’employés. C’était rendu possible grâce à la conquête de nouveaux marchés, d’abord en Allemagne même et dans les pays limitrophes, puis toujours plus loin, même au-delà des mers : la production ne cessait de s’adapter à la variété des clientèles, touchées par un réseau vaste et régulier de représentants. Sa sollicitude pour un certain mieux-être de ses ouvriers et de leurs familles se traduisit par une série de mesures : elles concernent l’emploi des enfants, la retraite des anciens et des invalides, le logement, l’achat de jardins, la lutte contre l’abus d’alcool. L’embauche de nombreux ouvriers touchés par la suppression d’usines dans le pays de Baerenthal-Mouterhouse en 1872-1874 conduisit à la construction de nouveaux petits quartiers : rue de la Rondelle, rue de la Girafe, rue Baerenthal. Tout comme son père, Goldenberg avait en horreur les grands immeubles-casernes: il préférait de beaucoup les modestes maisons, surtout mono familiales (en réalité trop étroites pour les familles souvent nombreuses), chacune accompagnée d’un petit jardin avec dépendances. Il tenait également à recruter des ouvriers dans les villages des environs où l’agriculture nourrissait à peine son monde. À ce système d’ouvriers-paysans, si lui-même y avait de l’intérêt, les familles elles aussi trouvaient leur avantage. Vers 1880, il reprit pendant quelques années sa place d’avant 1870 à la tête de l’association agricole de l’arrondissement. Dans les assemblées et par des écrits, il manifesta de nouveau avec force, à l’encontre des autorités envahissantes, son attachement aux vieux droits d’usage. De 1879 à 1882, il représenta le canton de Saverne au Bezirkstag et l’ensemble de l’arrondissement au Landesausschuss ; il s’opposa à diverses dispositions vexatoires administratives. Il critiquait la pratique des candidatures officielles aux élections. De 1880 à 1890, Goldenberg fut député de la circonscription de Saverne au Reichstag ; il succéda à Auguste Schneegans©. Alors même qu’il n’était pas candidat unique, il l’emportait toujours à une forte majorité des suffrages. À Berlin, il eut l’occasion de manifester sa préférence pour la négociation des traités de commerce face au protectionnisme. Il y intervint contre diverses mesures qu’il jugeait iniques, voire dictatoriales, telles que la suppression complète de l’usage du français dans les débats du Landesausschuss de Strasbourg où nombre de délégués, en particulier des Lorrains, étaient pratiquement empêchés d’intervenir, ou l’introduction du système de passeports en Alsace. Autant que les protestataires notoires, il s’en prit aux abus vexatoires. Il osa déclarer en 1881 au Reichstag : « On nous reproche de déclarer que « notre situation était meilleure autrefois que maintenant. Si cette vérité sonne mal aux oreilles de l’Allemagne, qu’elle améliore cette situation ». Il lui arriva aussi de rappeler que la France avait fait sanctionner, elle, le rattachement de la Savoie par un plébiscite. Il est vrai, d’autre part, que son réalisme et la conscience de ses responsabilités de chef d’une importante entreprise qui était sa grande affaire et dont dépendait l’existence de tant de concitoyens, l’amenaient en certaines circonstances à prendre une attitude plutôt conciliante et à baisser le ton. Mais il se sentait d’ordinaire plus proche de ses collègues du Centre catholique, qui ne manquaient pas de le soutenir, que des « libéraux» parfois très opportunistes et progouvernementaux. Situation relativement délicate de cet homme qu’en somme on considéra comme un apparenté des protestataires modérés. Non seulement le gouvernement ne soutenait pas la candidature de Goldenberg, mais il s’efforçait de la combattre et de la contrecarrer. Sur le plan confessionnel, Goldenberg tâchait de satisfaire à Monswiller aux besoins spirituels d’une population protestante dont la base était formée par sa propre famille, l’ensemble des associés et de la direction, la plupart des cadres et des spécialistes taillandiers et aiguiseurs de l’entreprise, et qui avait encore beaucoup grossi à partir de 1872 par l’afflux d’ouvriers du pays de Baerenthal. En 1877, Monswiller comptait 754 protestants face à 670 catholiques ; le recensement de 1885 y indique 942 protestants. Cela avait nécessité la création d’écoles protestantes et la constitution d’une paroisse protestante détachée de celle de Saverne et pourvue de sa propre église. Les interventions de Goldenberg auprès des administrations et son soutien matériel permirent de résoudre promptement ces problèmes : deux écoles étaient créées en 1877, en 1878 le temple était construit et en avril 1879 la paroisse était devenue titulaire, Goldenberg étant vice-président du Conseil presbytéral jusque vers 1892. Certains comportements autoritaires, voire intrigants, à l’égard des deux premiers pasteurs, provoqués du moins partiellement par les circonstances, ternirent, il est vrai, l’image des innombrables bienfaits rendus à la communauté. La société «Goldenberg et Cie » devait prendre fin, d’après les statuts, le 8 août 1890. Le premier juillet, la société en nom collectif se transforma en « société ouverte et en commandite », où Gustave Christmann, fils de Louis Christmann et neveu de Goldenberg, et Ch. Knoderer, gendre de Goldenberg, désormais associés, gardaient la procuration des pouvoirs. Dans la même période fut créée une filiale à Tronville-en-Barrois, ayant sa direction propre en la personne de Ch. Knoderer; le marché français lui fut réservé. Zornhoff et Tronville, unis sous la dénomination de « Sornforges », publièrent un tarif-album commun, sur la couverture duquel était reproduite la médaille du grand prix obtenue à l’Exposition universelle de Paris de 1889. Remarié à Monswiller en 1888, Goldenberg séjourna encore quelques années dans la villa de Zornhoff. Son concours effectif à la direction cessa vers 1894, alors qu’il avait depuis quelque temps déjà renoncé à ses fonctions politiques. Puis il quitta l’Alsace pour passer la fin de sa vie dans la région parisienne, à Ermont. Inhumé à Paris, au cimetière Montparnasse. Officier de la Légion d’honneur.

Le castrum gallo-romain du Gross-Limmersberg; Les Heidenmauern de la forêt de Haberacker (tiré à part), 1860 ; Observations sur la suppression de la vaine pâture (Koppelweiderecht), 1868 ; Le travail des enfants dans les manufactures et ateliers (texte autogr. adressé au ministère), 1868 ; Discours au Comice agricole de l’arrondissement de Saverne, 1869; Les devoirs de l’État envers les populations forestières, 1870 ; Rede… bei der Beratung des Gesetzentwurfesbetreffend die Öffentlichkeit der Verhandiungen und die Geschäftssprache des Landes ausschusses für Elsass-Lothringen, in der Sitzung des Reichstages vom 30.4.1881.

État-civil de Molsheim, Monswiller, Ermont ; Actes de société : Zaberner Wochenblatt : Bibliographies alsaciennes, 4esérie, 1887-88, Colmar, n° 41 ; Journal d’Alsace du 6.11.1897 ; Sitzmann I, 624 ; A. Fuchs, Die Kultur der keltischen Vogesensiedlungen, Saverne, 1914, p. 4-6 ; « 50. Jubiläum der Gemeinde Monswiller », Gemeindeblatt Monswiller, décembre 1929 ; M, Kärnbach, Die staatsrechtliche Entwicklung Elsass-Lothringens 1871-1879 im Spiegel der Reichspolitik, Strasbourg, 1933; J.-J. Baltzer, Église, monde ouvrier, patronat. Les débuts de la paroisse de Monswiller au 19esiècle, Strasbourg, 1979; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1984, 515; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3407 ; H. Hiery, Die Relchstagswahlen im Reichsland 1871-1918, Düsseldorf, 1986; P. Vonau, « La petite industrie dans le Bas-Rhin (1810-1870) », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 138, 1987, p. 34;A. Wollbrett, « Alfred Goldenberg (Première partie, 1831-1870) », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 143-144, 1988, p. 83-95.

Alphonse Wollbrett (1988)