Communard déporté (C) (★ Landser, 11.4.1836 † Paris 19e 8.7.1902).
Fils de François C., charron, et de Françoise Legendre. ∞ à Lutterbach 5.11.1860 Marie Anne Meunier (★ Turckheim 5.1.1832 † ?), ouvrière d’usine, 6 enfants. C. fréquenta l’école jusqu’à 13 ans et demi et y acquit le goût de l’écriture. Après un apprentissage d’employé de bureau à Mulhouse, il travailla au chemin de fer comme tourneur. Engagé volontaire dans l’infanterie de ligne (1854-1856), il travailla ensuite aux ateliers du chemin de fer, puis à l’octroi de Mulhouse. Il fut rappelé sous les drapeaux en 1859-1860 comme sergent pour la campagne d’Italie. Il exerça ensuite divers métiers à Mulhouse, à Fontevrault, Maine-et-Loire, et à Paris : employé de chemin de fer, garçon de magasin, gérant de fabrique, employé de bureau. En 1870, il était employé à la succursale parisienne de la Banque centrale autrichienne. Au début du siège de Paris, il fut capitaine dans la Garde nationale sédentaire, puis démissionna pour s’engager dans un bataillon de marche où il fut successivement garde, sergent et finalement lieutenant. Après le 18.3.1871, il adhéra, par «haine contre ceux qui ont livré lâchement «son» pays natal» à la Commune de Paris. Pourtant, cet homme d’ordre, qui rêvait d’une «République rationnelle», fut très réticent à l’égard de ses dirigeants qu’il jugeait en majorité incapables ou malhonnêtes et il désavoua les exécutions sommaires et les incendies. Il fit fonction de capitaine adjudant-major dans un bataillon fédéré. Au cours de la «Semaine sanglante», il réussit à se cacher chez des amis. En août 1871, il parvint à rejoindre sa femme et ses enfants à Lutterbach. Il revint en novembre 1871 à Paris, où il opta pour la nationalité française le 14.5.1872, et devint contremaître dans une scierie de marbre. Mais il fut dénoncé par son marchand de vin et arrêté le 14.2.1874 pour sa participation à l’insurrection parisienne et condamné par le 4ème Conseil de Guerre de Versailles le 3.3.1874 à la déportation simple et à la perte de la médaille d’Italie. La police avait saisi à son domicile un manuscrit intitulé « Les idées d’un démocrate alsacien dédiées à ses enfants et à la génération future». Arrivé en Nouvelle-Calédonie le 23.1.1875, il fut employé d’abord comme terrassier, puis comme «écrivain » au bureau du surveillant chef au camp de Gadgi dans l’île des Pins. En novembre 1876, sa peine fut commuée en dix ans de bannissement. Il rejoignit en Alsace sa femme et ses enfants. Après une remise de peine en mai 1879, il revint à Paris où il acheta quelques années plus tard une petite boutique de papeterie.
Souvenirs amers. Mémoires de François Camille Cron (1836- 1902), déporté de la Commune en Nouvelle – Calédonie suivis des pièces de son procès devant le IVe Conseil de Guerre à Versailles, Paris, 1989.
Le Figaro du 19.2.1874; Maîtron.
Léon Strauss