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GOLDENBERG Gustave

Industriel, homme politique, (PI) ★ Remscheid, Westphalie, 10.5.1805 † Paris 25.8.1871, inhumé à Saverne). Fils de Guillaume Goldenberg, industriel, et d’Anna-Catharina Hasenclever. ∞ 8.10.1828 à Dorlisheim Sophie Amélie Pauline Pick ; 5 enfants. Goldenberg était issu d’une lignée de marchands-fabricants et de notables du grand-duché de Berg. Sa famille s’installa en 1817 en Alsace, son père ayant rejoint Jean-Pierre Hasenclever, son beau-frère, qui dirigeait à Strasbourg un commerce de fers et métaux. C’est à Molsheim que Goldenberg et un parent éloigné, Mannesmann, furent employés en 1818 par Jacques Coulaux ©, pour monter une entreprise de grosse quincaillerie, d’« articles de Remscheid », avec une main-d’œuvre allemande et protestante immigrée. La formation de Goldenberg fut essentiellement technique, à Molsheim auprès de son père, à Paris où il aurait suivi des cours scientifiques, en Angleterre où selon ses dires, il aurait visité des entreprises. Ses écrits témoignent pourtant d’une vaste culture et d’une curiosité intellectuelle. D’abord commis-voyageur pour le compte de Coulaux, Goldenberg devint à 21 ans, en 1826, directeur de la fabrication, remplaçant son père parti pour les forges de Baerenthal. En 1833, il quitta Coulaux pour monter, avec son beau-frère A. Pick, une entreprise de grosse quincaillerie à Dorlisheim sous la raison «Gustave Goldenberg et Cie». Les associés, auxquels se joignirent les négociants strasbourgeois E. Boeckel, J. Preis, C.-F. Weiler, J.-D. Christmann, acquirent en 1837 les parts de la Cie De Guaita, exploitant la manufacture du Zornhoff, montée depuis 1822 par le baron Chouard. Une nouvelle société en nom collectif Gustave Goldenberg et Cie fut constituée le 26 septembre 1837, à laquelle s’associèrent deux commanditaires P. Gast © et P. Champy ©. L’entreprise connut un remarquable essor, dont témoignèrent l’augmentation des effectifs (1200 ouvriers vers 1870), la diversification des productions et des marchés, les constructions de bâtiments industriels et la politique foncière de mainmise sur les moulins hydrauliques de la région. Goldenberg assura la direction effective de l’entreprise en y associant son fils Alfred © en 1857. Naturalisé français le 20 novembre 1839, Goldenberg joua un rôle public. Dans le cadre de son activité d’industriel, il participa aux expositions universelles, fut souvent rapporteur de jurys. Membre du Conseil général des Manufactures, il fut fait commandeur de la Légion d’honneur des mains de l’empereur le 30 juin 1867. Industriel aux vues larges, mais toujours attentif à la prospérité et au renom de son entreprise qu’il aimait citer en modèle, il voulut diffuser par écrit ses conceptions sociales et économiques. Il s’opposait à son ami Michel Chevalier, en prônant dès 1847 un protectionnisme d’inspiration anti-britannique. Une longue controverse relative aux voies de communication dans l’est de la France l’opposa à Schattenmann©; partisan du chemin de fer, il fut un farouche adversaire du canal. Confronté à la question du paupérisme, il se rangea lui-même parmi les réformateurs en proposant des mesures sociales et politiques. Certaines étaient passéistes: retour aux droits d’usage dans les forêts, révision du Code forestier, extension du type de l’ouvrier-paysan, législation moralisatrice; d’autres sont plus novatrices: création d’un impôt sur le revenu, généralisation des caisses communales de secours, développement de l’enseignement technique, participation ouvrière dans l’entreprise… Soucieux de prêcher par l’exemple, il réalisa partiellement ses conceptions au Zornhoff : création d’une Société de secours mutuel (1er mai 1842), d’un cours d’enseignement technique, construction de cités ouvrières, livraison à prix coûtant de denrées alimentaires, prêts aux familles pour l’achat de petit bétail… «Pour soulager la misère dans les campagnes », il fit des dons en argent au département, notamment en 1850 (10 000 F). Il offrit en 1844 un terrain destiné à la construction d’un oratoire protestant à Monswiller. Attentif aux questions agricoles, s’intitulant parfois « agronome », il fut à partir de 1847 le président de la Société d’agriculture de Saverne. Ce rôle public se concrétisa par des fonctions électives. Il fut maire de Monswiller de 1843 à 1852. Après une candidature malheureuse aux élections à la Constituante en avril 1848, il fut élu député du Bas-Rhin à l’Assemblée législative le 13 mai 1849, sur la liste des Républicains constitutionnels. Sa courte carrière parlementaire fut illustrée par un long discours plutôt mal accueilli par les députés, à propos des Sociétés de secours mutuel. Il démissionna le 25 avril 1850. Très affecté par la défaite de 1870, Goldenberg décéda à Paris, où il négociait des aménagements douaniers.

Libre-échange et protectionnisme, Paris, 1847; La France et l’Angleterre devant le Traité de commerce, Paris, 1860; De l’avenir de notre société, Paris, 1856; Acier (Rapport du jury international de l’Exposition universelle de Paris), Paris, 1867; Mémoire adressé par Gustave Goldenberg et Cie à MM. les membres du jury de l’Exposition internationale d’Amsterdam, Zornhoff, 1869.

Chevalier, « Gustave Goldenberg », Le Journal des Débats, du 9 janvier 1872; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, III, 1891, p. 205; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 623 ; J.-L. Huck, « Les idées politiques, sociales et économiques d’un industriel bas-rhinois vers le milieu du XIXe siècle », La Bourgeoisie alsacienne, Strasbourg, 1954, p. 285-295; J.-J. Baltzer, Église, monde ouvrier, patronat, les débuts de la paroisse de Monswiller au XIXe siècle, Dictionnaire de biographie française siècle, Monswiller, 1979; Encyclopédie de l’Alsace, VI, 1984, p. 3407; Dictionnaire de biographie française, XVI, 1984, 516 ; « Monswiller Zornhoff, étude historique d’un site industriel », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 1985, II, cahier 131, et 1988, II, cahier 143-144.

Pierre Vonau (1988)