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FLACIUS, VLACIC, FRANCOWITZ, DE FRANCISCIS, ILLYRICUS, LAUTERWAR Matthias

FLACIUS (forme latinisée de son patronyme croate VLACIC parfois aussi en plus: FRANCOWITZ ou DE FRANCISCIS: couramment surnommé ILLYRICUS, d’après sa Dalmatie natale; sans compter plusieurs pseudonymes: LAUTERWAR, etc.) Matthias.
Théologien et polémiste ultra-luthérien («gnésio-luthérien»), historien de l’Église, (C puis Pl) (★ Albona, l’actuel Labin en Istrie croate, alors vénitienne, 3.3.1520 † Francfort s/ M. 11.3.1575). Fils d’Andrea Vlacic dit Francowitz, propriétaire terrien d’origine croate, et de Jacobea Luciani, fille de Bartolomeo Luciani, de petite noblesse italienne. ∞ automne 1545 à Wittemberg N. Faust, fille de pasteur († début 1564); ∞ II 23 octobre 1564 à Ratisbonne Magdalena Ilbeck, également fille de pasteur († 1579). Bien que n’ayant pas exercé de fonctions en Alsace, cet érudit de premier rang, mais aussi personnification de la rabies theologorum d’alors, tant déplorée par Mélanchthon, figure cependant dans Sitzmann à cause de son séjour à Strasbourg de 1567 à 1573 et de ses rapports, d’abord amicaux, puis orageux, avec les pasteurs strasbourgeois. Après des études humanistes à Venise chez Egnazio, Flacius se convertit à la Réforme et vint fréquenter les universités de Bâle (1539), de Tübingen (1540) et de Wittemberg (1541), où Mélanchthon et surtout Luther firent une grande impression sur lui, et où il devint en 1544 professeur d’hébreu. Puis, étant en désaccord avec Mélanchthon au sujet de l’Interim, qu’il rejetait catégoriquement, il quitta cette ville en 1549. Il trouva refuge à Magdebourg, y gagnant sa vie comme correcteur d’imprimerie, et y mena une violente campagne de pamphlets non seulement contre l’Intérim, mais aussi contre toutes les tendances protestantes qui à son avis s’écartaient de l’authentique doctrine de Luther: Adiaphoristes, Osiandristes, Majoristes, Synergistes, Calvinistes, Schwenckfeldiens, sans oublier la papauté et toute l’Église romaine. Pour combattre celle-ci plus efficacement, il s’engagea sur le terrain de l’histoire, fouillant les bibliothèques à la recherche des hérétiques et autres non-conformistes du Moyen Âge, qualifiés par lui de «témoins de la vérité». Il fut ainsi l’initiateur et, avec une dizaine de collaborateurs, en partie le rédacteur de l’Ecclesiastica historica, communément appelée «Centuries de Magdebourg» et publiée à partir de 1559 chez Oporin © à Bâle. Il inaugura de la sorte, le ton polémique mis à part, une nouvelle manière d’écrire l’histoire à partir des documents manuscrits, ce qui l’amena aussi à donner la première édition du «Livre des Évangiles» d’Otfrid de Wissembourg © pendant son séjour à Strasbourg (1571). En 1557 il fut appelé comme professeur du Nouveau Testament à la nouvelle Université, ultra-luthérienne, d’Iéna; mais par ses querelles théologiques avec ses collègues il s’attira l’hostilité du duc de Saxe qui le congédia en 1561. Il trouva refuge à Ratisbonne, mais dut de nouveau s’exiler en 1566, pour aller à Anvers, puis s’établir en novembre 1567 à Strasbourg, à condition de se tenir tranquille. En 1570 il dédia au Sénat de cette ville sa Glossa compendiari du Nouveau Testament, dans laquelle à la suite de sa Clavis Scripturae de 1567, il innovait aussi dans le domaine de l’herméneutique biblique. Il fut d’abord bien reçu par les pasteurs strasbourgeois, Marbach, Flinner © et autres. Mais quand ceux-ci se rangèrent du côté du théologien wurtembergeois Jacob Andreae © en vue d’une concorde entre les luthériens, et que Flaccius, soutenu par Cyriacus Spangenberg ©, alors à Mansfeld, n’arrivait pas à s’attendre avec les autres théologiens d’Allemagne sur la question du péché originel, les prédicateurs strasbourgeois rompirent avec lui, d’autant plus que l’électeur de Saxe excitait la ville contre lui. Aussi dut-il quitter Strasbourg en juin 1573, pour finir sa vie deux ans plus tard à Francfort sur le Main.
Actes concernant son séjour à Strasbourg : Archives municipales de Strasbourg et Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg76/48-98; 156/86-99; 202; 207. Bibliographie (provisoire) des écrits (plus de 200): W. Preger, Matthias Flacius lllyricus, Erlangen, 1859-1861, t.II, p.539-572; sa bibliothèque est à la Herzog August-Bibliothek de Wolfenbüttel.
La biographie de base reste celle de Preger, op. cit., à compléter par celle de M. Mirkovic, Matija Vlacic llirik, Zagreb, 1960, ill., spécialement p.232-245 † 407-408 (en croate, avec résumé en allemand p.487-549). Autres articles: A. Hollaender, «Der Theologe M. Flacius lllyricus in Strassburg in den Jahren 1567-1573», Deutsche Zeitschrift für Geschichtswissenschaft, 8 (N.F.2, 1898), p.203-224; J. Ficker & O. Winckelmann, Handschriftenproben, II, Strassburg, 1905, n°91; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.1, 1909, p.505-506; F.W.E. Roth, «Des M. Flacius lllyricus Beziehungen zu den Städten Strassburg und Lindau 1570-1572», Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, 54 (N.F.19, 1912), p.244-255; H. Butzmann, «Otfrid von Weissenburg im 16. und 17. Jahrhundert», Festschrift Hermann Heimpel, I, Gœttingen, 1971, p.607-617; Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, 17, 1971, col. 311-326; O. Oison, Theologische Realenzyklopädie, t.XI, 1983, p.206-214.
Portrait: peinture à l’huile à l’Université d’Iéna reproduite dans Oehme, Jenaer Professoren im Bildnis 1548-1983 (Jena, 1983), p.10; gravure sur bois de la fin du XVIe siècle, reproduite en tête de Mirkovic, op. cit.

Jean Rott (1988)