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ELLER Jean-Paul (von)

Géologue et musicien, directeur de recherches au CNRS (★ Mulhouse 11.3.1925).

Fils de Germain von Eller, entrepreneur en matériaux de récupération, et de Marthe Reibel von Eller qui prit la succession de l’entreprise. Frère de Gérard von Eller, chimiste, directeur de recherches au CNRS en radiocristallographie († 2001). Après une scolarité au lycée de garçons à Mulhouse, suivie d’un premier cursus d’études de médecine à l’Université de Freiburg-i. Br. (1943-44, en 1944-45 clandestinité dans la poche de Colmar à Berrwiller), assorties d’une fonction d’externat auprès de l’hôpital de Mulhouse, puis de la préparation du PCB-SPCN à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont- Ferrand (1945), von Eller a enchaîné à Strasbourg des études scientifiques concrétisées en 1950 par une licence et un DES de géologie. Dans un premier temps enseignant stagiaire au lycée Bartholdi de Colmar, il obtint ensuite l’agrégation (1953), exerça comme agrégé au lycée Saint-Charles de Marseille (1953-1955), produisit une seconde licence avec minéralogie (en vue d’un doctorat) à l’Université de Montpellier, et fut nommé au lycée Kléber à Strasbourg (1955-1956). En 1957, il entra au CNRS comme chercheur et soutint en 1961 une thèse d’état en géologie (Les gneiss de Sainte-Marie-aux-Mines et les séries voisines des Vosges moyennes). Dans ce travail de recherche, il rénova totalement notre vision de cette partie des Vosges, qui n’avait plus été étudiée depuis Jung (1927), élucidant entre autres choses les questions de très haut degré de métamorphisme qu’expriment les granulites du col des Bagenelles. Infatigable arpenteur du terrain, il produisit une foule de minutes (hélas égarées dans les années 1980) desquelles furent tirées de nombreuses cartes géologiques. Portant dans les années 1960 le centre de gravité de ses investigations sur les Vosges cristallines du Nord (massif du Champ-du-Feu, vallées de la Bruche et du Rabodeau…), il a été l’artisan d’une vision nouvelle de ce socle, dont il a brillamment clarifié l’étonnante organisation en bandes parallèles. Un accident survenu lors d’une mission en 1966 et l’incendie de l’Institut de géologie de Strasbourg en 1967 ont rendu particulièrement ardues les années de recherche qui suivirent. Mais von Eller a toujours su s’entourer d’une pléiade de collaborateurs efficaces. Il forma au métier de nombreux élèves, dirigea un grand nombre de thèses et développa un réseau d’échanges avec des universitaires de toute l’Europe, en particulier par le biais d’innombrables sorties sur le terrain. Une quarantaine de publications détaillent les résultats de ses travaux parmi lesquelles le guide géologique régional Vosges-Alsace édité par Masson (deuxième édition 1984). Des événements douloureux ont bouleversé la vie de Eller, outre l’incendie de l’entreprise parentale en 1951, l’explosion d’une mine sur un chantier de la même entreprise, avec blessés graves (1954), entraînant l’obligation de versement au titre de pension d’invalidité de tout l’héritage et la liquidation des biens. Parallèlement à sa vie de chercheur, von Eller entreprit une carrière musicale. Dès l’âge de 6 ans, il apprit le piano auprès de sa tante, Méta. Il fut accompagnateur de la classe de chant de K. Karg-Elert au Conservatoire de Mulhouse (1940-1942), puis accessoirement organiste à l’église du Sacré-Cœur à Mulhouse ; il étudia le violoncelle auprès du professeur Busser (1940-1943), puis le violoncelle, l’harmonie et la direction chorale au Conservatoire de Strasbourg (1946-1950). Très proche de César Geoffray dès 1947, il participa activement à la création et à l’essor du Mouvement À Cœur Joie puis à la formation des chefs de chœur comme instructeur national ACJ. Spécialisé en formation vocale, il produisit de nombreux articles sur la voix et la formation vocale des choristes et mit au point des tests vocaux qui ont bénéficié à des centaines de chanteurs. Il créa (1947) et dirigea la chorale ACJ de Strasbourg, fonda (1955) et anima l’Ensemble Vocal Universitaire de Strasbourg, la Chorale de l’Université de Strasbourg (1961-1974), le Chœur Madrigal des Universités de Strasbourg (1965-1985), enregistra plusieurs disques et des émissions radiophoniques. Co- fondateur avec Marc Honegger des Journées de Chant Choral de Strasbourg (1961-1982), il fut également chef de chœur invité au festival international de Spittal (Autriche), participa à la direction musicale des Choralies à Vaison-la-Romaine où il dirigea ensuite le Centre Musical de 1974 à 1976. Nommé professeur de sciences naturelles à Aix-en-Provence en 1976, il passa vingt années à Aix et dans le Pays d’Aix où parallèlement à son enseignement scientifique il s’adonna à sa passion musicale. En 1977, il créa le Chœur des Universités d’Aix-en-Provence qu’il dirigea jusqu’en 1993. Il assura auprès de l’Université de Provence l’enseignement de matières musicales et en dirigea le chœur (1976-1982). Il créa et anima le Chœur de Chambre d’Aix-en-Provence (1979-1994), et fut co-fondateur puis organisateur du Printemps Musical d’Aix-en-Provence. Entre 1960 et 2001, il composa près d’une centaine d’œuvres essentiellement pour des formations chorales, presque toutes éditées. Von Eller revint en Alsace en 1996 et reprit alors son activité géologique de terrain, comme collaborateur à la Carte Géologique auprès du Service Géologique Régional. Pour compenser la perte irréversible de ses ancienne minutes et pour aller plus loin dans la connaissance de la genèse des Vosges cristallines du Nord, il s’est mis à parcourir – et parcourt toujours inlassablement – le massif du Champ du Feu et ses marges, dressant des cartes d’affleurements plus détaillées que par le passé, dessinant des synthèses graphiques et produisant à intervalles réguliers des notices d’analyses et de réflexions, qu’il partage avec le réseau de correspondants et de jeunes chercheurs qu’il a su tisser à nouveau, contribuant à la structuration du pôle Bas-Rhin de GeoVosges (au départ Maison de la Géologie de Haute-Alsace).

Von Eller obtint de nombreuses distinctions tant pour ses travaux scientifiques que pour sa carrière musicale : médaille d’honneur de la Jeunesse et des Sports (1960), médaille de bronze du CNRS (1962), petite médaille d’or Robert Schuman (Fondation Goethe, 1970), chevalier (1974) puis officier (1985) des Palmes académiques, médaille du ministère de la Culture tchèque (1987), médaille d’argent de la ville d’Aix-en-Provence (1988).

Pierre Fluck (2004) 

Compléments

Décédé à Rosheim le 1.4.2014.

Du passé au présent (2005), 2008, Propos et chroniques (2009), Au fil du temps (2010), Fin d’une décennie (2011), Kaléidoscope onze (2012), Chant choral entre 1945 et 1953 (2013), L’an douze (2013).

Gabrielle Claerr-Stamm (2019)