Fondatrice des Sœurs de Ribeauvillé, (C) (★ Molsheim 6.1.1751 † Molsheim 19.2.1794).
Fille de Jean Ehrhard, tonnelier, et de Marie Catherine Vetter. Maîtresse couturière dans sa ville natale. Dans son atelier elle apprit à quelques fillettes la couture, le tricot et autres travaux d’aiguille. Elle commença à enseigner le catéchisme, puis la lecture et l’écriture. L’initiative fut accueillie avec empressement par les familles pauvres de la petite ville et encouragée par Louis Kremp, vicaire de paroisse. Madeleine dut faire appel à quelques amies. Elles acceptèrent de bonne grâce. Virtuellement, l’œuvre qui deviendra la Congrégation des Sœurs de la divine Providence de Ribeauvillé était née. En 1783 Madeleine Ehrhard et ses six compagnes s’engagèrent dans l’Association des Maîtresses d’école sous la direction de l’abbé Kremp et de son cousin François-Xavier Hurstel. Professeur au Collège épiscopal de Molsheim, celui-ci avait encouragé Louis Kremp dans son projet. Il fit profiter les maîtresses improvisées de ses conseils d’humaniste rompu aux questions pédagogiques. Louis Kremp connaissait les initiatives de l’abbé Jean Martin Moye en Lorraine, sa fondation et son projet. Il lui emprunta ses règles et ses méthodes tout en les adaptant avec sagesse et perspicacité. La population se chargea d’appeler ses filles : « Les Pauvres Sœurs de la Providence ». L’évêque de Strasbourg accorda son approbation verbale à l’Association des trois fondateurs, Louis Kremp, François-Xavier Hurstel et Madeleine Ehrhard. La maison de Madeleine Ehrhard devint la première école et l’embryon d’un noviciat pour les maîtresses. La ville de Molsheim mit une école à leur disposition, qui servit d’école annexe pour les maîtresses-élèves. Elles n’y séjournaient qu’une année et souvent moins, car on les envoyait rapidement dans les villages et hameaux avoisinants pour y prendre en charge les petites filles, sous la direction du curé du lieu. En 1784 déjà l’abbé Hurstel les quitta. Il était nommé curé royal à Stephansfeld et procureur de la Maison des enfants abandonnés. Il y emmena des maîtresses. Le Père Kremp l’y suivit comme vicaire en 1789. Après le départ de l’abbé Hurstel en 1784 et celui de Louis Kremp en 1789, Madeleine Ehrhard continua seule de diriger école et noviciat à Molsheim. La Révolution sembla briser la jeune association. Les deux co-fondateurs, Hurstel et Kremp, refusèrent de prêter le serment constitutionnel. Les maîtresses déjà disséminées dans de nombreuses écoles durent s’exiler en Suisse et en Bade. Madeleine Ehrhard était demeurée seule à son poste de Molsheim ; elle continua à faire classe un certain temps dans sa propre maison. L’abbé Kremp déposa en 1794 à l’évêché son « Projet de vie » de l’Association. Celle-ci ne devait revivre qu’après 1800 et se transformer en Congrégation religieuse. La fondatrice avait vécu dans la plus totale discrétion. Aucune pièce d’archives ne rappelle sa mémoire, sinon une note brève dans le premier registre des engagements, établi après la Révolution par l’abbé Kremp, secondé fortement dans la réorganisation par Françoise Felber, une des premières compagnes de M. Ehrhard et élue première supérieure générale.
Archives de Ribeauvillé, Maison mère, une notice écrite par une maîtresse formée à Molsheim ; P. Lorson, Les Sœurs de Ribeauvillé, Paris, 1946, p. 17-18 ; Sr Marie Adrienne Schwach, Louis Kremp 1749-1817. Un inconnu au pays d’Alsace, Colmar, 1975, p. 54-58 et 88.
Sr Lucie Kittel (1986)