Chanoine, professeur et historien, (C) (★ Fegersheim 19.4.1859 † Strasbourg 7.12.1926).
Fils d’Augustin Népomucène Ehrhard, instituteur, et de Marie Françoise Rapp ; petit-fils et arrière-petit-fils d’instituteurs. Il entra en 1871 au petit séminaire de Strasbourg. Quand le Gouvernement allemand ferma cette maison en 1874, Ehrhard continua les études au presbytère de Lipsheim chez le curé Axinger ©, que le chanoine Stoeffler venait assister. Ayant ainsi terminé ses études secondaires, il entra au Grand Séminaire de Strasbourg pour s’y préparer au sacerdoce. Comme il n’avait pas l’âge requis à la fin de ses études de théologie, il partit au collège des Marianistes à Saint-Jean d’Angély, Charente Maritime, comme enseignant pour l’année scolaire 1879-1880. Puis il s’inscrivit à la Faculté de Lettres à Strasbourg d’abord, ensuite à Munich. Ainsi Ehrhard comptait parmi les premiers clercs d’Alsace que le vicaire général Stumpf envoya dans une université allemande pour y obtenir le droit d’enseigner dans les collèges épiscopaux. En 1882, il fut ordonné prêtre ; en 1884, après les épreuves du Staatsexamen et un stage à Saverne, il s’engagea définitivement dans l’enseignement au gymnase épiscopal Saint-Etienne à Strasbourg. En 1891 il présenta à Heidelberg une thèse en français sur La Rochefoucauld et obtint le doctorat ès lettres. Durant plus de trente ans, il enseigna la culture classique : latin, grec, histoire, associés aux langues vivantes : allemand et français. Il était parfaitement bilingue ; dès sa jeunesse il avait appris en même temps les deux. C’était avec un plaisir particulier qu’il présentait ses élèves parlant couramment le français devant le jury de l’Abitur. La France reconnut ses mérites en faveur de la langue française en le nommant officier de l’Instruction publique. Sa mémoire extraordinaire, qui enregistrait faits et dates précises de l’antiquité à nos jours, textes, grammaires, vocables de quatre langues, lui permettait de poser à l’improviste sa fameuse question : « Que s’est-il passé aujourd’hui il y a tant (parfois des centaines) d’années ? ». Il savait également calculer rapidement et mentalement à quel jour de la semaine correspondait telle date. La rançon en était l’absence totale d’imagination ou d’humour. Une fidélité sans faille le liait en revanche à ses amis et anciens élèves. En 1903 l’évêque le nomma chanoine honoraire ; il entra en 1917 comme titulaire au chapitre de la cathédrale de Strasbourg, terminant ainsi sa carrière de professeur. L’enseignement ne l’avait pas absorbé entièrement. Il laisse quelques écrits traitant de questions historiques et sociales. De plus, la ville de Strasbourg l’avait appelé dans la commission de dénomination des rues après 1919.
S. Sophronii Anacreonticorum carmina XIV primum edidit Leo Ehrhard, Strasbourg, 1887 (annexe au programme du collège) ; Lebenskizze des Herrn Kanonikus Axinger, eines elsässischen Geistlichen, Strasbourg, 1888 ; Das Wichtigste vom Invaliditäts- und Altersversicherungsgesetz, Strasbourg 1891 ; Sources historiques des Maximes de La Rochefoucauld, Strasbourg, 1891 (annexe au programme) ; Eulogius Schneider. Sein Leben und seine Schriften, Strasbourg, 1894 ; « Anstellungsurkunden einiger Lehrer in Fegersheim », Ecclesiasticum Argentinense, Archivalische Beilage, 9, 1890, p. 45-55 ; Charles Schulmeister, Generalkommissar der Kaiserlichen Heere unter dem ersten Kaiserreiche, Strasbourg, 1898 (annexe au programme) ; Das Bischöfliche Gymnasium an St. Stephan zu Strassburg im Elsass, 1883-1903, Strasbourg, 1903, Item, 1883-1913, Strasbourg 1913 ; Les noms des rues de la Ville de Strasbourg, Strasbourg 1923 ; Quelques discours de circonstance entre 1890 et 1920 ; enfin régulièrement en début d’année dans Der Elsässer une statistique du clergé d’Alsace.
État-civil de Fegersheim ; Archives de l’évêché de Strasbourg. Der Elsässer du 8.12.1926 ; J. Brauner, « Domkapitular Professor Dr Leo Ehrhard », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, III, 1928, p. 395 ; Dictionnaire de biographie française, XII, 1970, 1158.
André-Marcel Burg (1986)