Skip to main content

DOLLFUS Jean

Manufacturier, économiste, homme politique, philanthrope, (Pr) (? Mulhouse 25.9.1800 † Mulhouse 21.5.1888).

3e fils de Daniel Dollfus-Mieg ©. ? 30.10.1822 à Mulhouse Anne Catherine Bourcart, dont il eut 10 enfants. L’un de ses gendres fut Engel-Dollfus ©. Il fit des études sommaires à Mulhouse, puis à Aarau et à Neuchâtel, Suisse. À l’âge de 15 ans il entra en apprentissage commercial à Bruxelles. En 1820 il entra en qualité d’associé dans la firme Dollfus, Mieg et Cie et fut envoyé à Leipzig pour y créer une succursale. Il construisit une filature à Dornach. Dès 1826 il a eu la haute main sur DMC, quand son beau-frère André Kœchlin se retira pour créer la « Fonderie », André Kœchlin et Cie. Il lança les fameux fils DMC. En 1853 il introduisit la peigneuse Hubner et fit de DMC une des premières usines de France. Il arriva à exporter pour plus de 6 millions de francs de toiles imprimées. Il encouragea la culture du coton en Algérie pendant la guerre de sécession. E1859 il introduisit dans ses ateliers l’une des premières machines à imprimer en 8 couleurs. Il sut à temps introduire le murexide et le violet d’aniline ainsi que le blanchiment à haute pression. Juge, puis président de la Chambre de Commerce de Mulhouse (1842-46), membre actif de la Société industrielle de Mulhouse. Épris de liberté et de paix il s’attaqua au système prohibitif avec Cobden, Peel et Michel Chevalier ; il milita avec énergie pour le libre-échange malgré l’opposition qu’il rencontrait au sein de la Société industrielle elle-même. Il mena un combat non moins énergique pour l’admission temporaire. En 1855 il fut à Paris le seul représentant de l’Alsace à la commission impériale de l’exposition universelle. En 1862 il fut nommé membre de la section française du jury à l’exposition universelle de Londres. Membre du Conseil d’arrondissement d’Altkirch de 1833 à 1852. Conseiller général (1862-1870), maire de Mulhouse de décembre 1863 à juillet 1869, conseiller municipal 1874, président de la Ligue de la Paix. En 1877 il fut élu au Reichstag, en remplacement de Haeffely, et réélu en 1878, 1881, 1884. Il y fut le doyen des députés protestataires alsaciens. Sa célébrité lui vient sans doute par ses activités sociales. Parmi les précurseurs de l’habitat des ouvriers, il fit élever à Dornach 4 maisons destinées à servir de modèles. En juin 1853 il constitua la Société mulhousienne des cités ouvrières, qui réalisa une œuvre encore admirée de nos jours. Il ouvrit le restaurant populaire, les boulangeries ouvrières, l’asile des voyageurs indigents (1859). Il eut moins de succès avec l’asile des vieillards et la caisse de retraite ; il est à l’origine de l’Association pour les femmes en couches. Il fonda une salle d’asile et milita activement pour l’instruction obligatoire en France. Il créa l’asile des vieillards du Gaisbuhl (lieu-dit mulhousien) qui avait appartenu à son fils. La fondation Jean Dollfus fonctionne encore de nos jours. Il créa également un hospice maritime pour les enfants scrofuleux (1881) et fut un des promoteurs de l’hospice civil de Mulhouse. Il fit don des terrains pour construire l’église catholique Saint-Joseph. Par ailleurs il fut un des promoteurs de l’action de
Jean Macé © et fonda à Mulhouse la Bibliothèque populaire. Commandeur de la Légion d’honneur.

Mossmann, Les grands industriels de Mulhouse, Paris, 1879 ; L.-G. Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, Paris, 1893, p. 475 ; Revue alsacienne, 1882/1883, p. 1-11 et 38-42 ; I. Zuber, « Un chef d’industrie alsacienne. La vie de Jean Dollfus », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1888, p. 37-53 ; I. Zuber, « La vie de Jean Dollfus », Revue d’Alsace, 1889, p. 507 à 524 ; A. Meyer, Biographies alsaciennes, Colmar, 1888-1890 ; L. Schoenhaupt, L’Hôtel de Ville de Mulhouse, Mulhouse, 1892 ; M. Dollfus, Histoire et généalogie de la famille de Dollfus, Mulhouse, 1909, tableau n° 391 ; R. Oberlé, L’enseignement à Mulhouse de 1798 à 1870, Paris, Belles Lettres, 1961 ; Dictionnaire de biographie française, XI, 1967, 455 ; R. Wagner, La vie politique à Mulhouse de 1870 à nos jours, Mulhouse, 1976 ; F. Igersheim, L’Alsace des Notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 245-246.

Raymond Oberlé (1985)