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DIETRICH Jean Albert Frédéric dit Fritz de

Officier, maître de forges, conseiller général (? Strasbourg 21.8.1773 † Strasbourg 3.2.1806).

Fils de Philippe Frédéric de Dietrich ©. ? à Colmar Louise Amélie de Berckheim © (1776-1855). Membre de la Garde Nationale en février 1790, promu sous-lieutenant dès le 1er juin suivant. S’engagea en juin 1792 au 3e bataillon des volontaires du Bas-Rhin et obtint le grade de sous-lieutenant de grenadiers le 1er juillet. En octobre il passa avec le grade de lieutenant dans la Légion de Kellermann. Il fut amené à remettre sa démission le 24 août 1793 : né ci-devant noble, son père était incarcéré à Besançon ; son frère Albert (1775-1800) avait été destitué de son rang de capitaine par les représentants de l’Armée du Rhin. Arrêté comme lui en tant que fils d’émigré, il fut incarcéré à Chaumont (novembre 1793 à décembre 1794). Réintégré dans l’armée en 1795, il la quitta presque aussitôt : il obtint en thermidor (août) que le nom de son père fût rayé par la Convention de la liste des émigrés et manifesta son intention de « recueillir les débris ensanglantés de (son) héritage ». Les forges furent rendues le 21.9.1795 à leurs propriétaires. Fritz de Dietrich dirigea seul l’entreprise dès 1796 ; le manque de capitaux l’obligea à s’associer à François Frédéric Karth. Une société de commerce – De Dietrich et Karth – fut fondée pour l’exploitation des forges et le commerce de fer et de bois le 1er frimaire An VI. Les difficultés persistantes amenèrent Fritz de Dietrich à vendre les forges de Rothau pour une somme de 150.000 livres et à faire appel à des créanciers. Une société par actions fut fondée en 1800, les « Forges du Bas-Rhin ». Fritz de Dietrich en assuma la gérance, mais pour la première fois « des étrangers à la famille » participèrent à la gestion de l’entreprise. Fritz de Dietrich accepta même la fonction d’inspecteur des forêts des îles du Rhin en Alsace. Il éprouva néanmoins en 1802 une immense satisfaction : un plan franco-russe d’indemnisation des princes possessionnés en Alsace avant la Révolution avait retenu les de Dietrich, conjointement avec la comtesse de Loewenhaupt, pour la perte des droits sur la seigneurie de Niederbronn. Les de Dietrich furent les seuls nobles français compris dans le traité d’indemnisation. Il était proposé de leur allouer les revenus de l’abbaye princière de Rothenmünster en Souabe. Cette possession ayant été octroyée au duc de Wurtemberg, celui-ci consentit à payer le rachat des rentes. Les négociations trainèrent et Fritz de Dietrich fit même appel en 1805-06 à l’Empereur Napoléon pour obtenir les premiers versements. Il était alors conseiller général (1803-1806) et avait été nommé par le gouvernement. Sa veuve, Amélie de Berckheim ©, assuma la gérance des « Forges du Bas-Rhin » avec l’aide de son gendre Guillaume de Turckheim († 1831). La société « Veuve de Dietrich et fils », fut fondée en 1827 après trente années de gestion avec trois associations différentes de banquiers et de rentiers. Les difficultés conduisirent la veuve à se défaire du château de Reichshoffen qui fut acquis par Mathieu, propriétaire de celui d’Oberbronn. La société « Veuve Dietrich et fils » fut transformée en 1844 après l’acquisition des usines de Mertzwiller (hauts fourneaux) et de Mouterhouse (laminoirs et fours à puddler).

Archives historiques de l’Armée, Vincennes, dossier personnel. Journal Le Temps, 3.6.1891 ; P. Leuilliot, L’Alsace au début du XIXe siècle, 1959, t. II, p. 314-323 ; R. Dufraisse, « Affaires, diplomatie et politique : les de Dietrich créanciers de l’État de Wurtemberg », Saisons d’Alsace, 1986.

Hélène Georger-Vogt et Jean-Pierre Kintz (1985)