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DIETERLEN Jacques Christophe

Industriel à Rothau, (Pl) (★ Sainte-Marie-aux-Mines 3.10.1818 † Paris 31.7.1875, enterré à Rothau).

Fils de Christophe Dieterlen, brasseur à Sainte-Marie-aux-Mines (★ Lochgau, Wurtemberg, entre Stuttgart et Heilbronn v. 1775 † Sainte-Marie-aux-Mines 1821), et de sa première épouse Caroline Farny. ∞ 15. 1. 1846 à Strasbourg Julie Émilie Steinheil (★ Strasbourg 13.5.1822 † Rothau 19.1.1898), sœur de Gustave S. ©. Douze enfants, dont dix fils. Après des études primaires bilingues à Sainte-Marie-aux-Mines il s’orienta vers le négoce textile et s’y prépara par un apprentissage commercial dans diverses firmes de Ste-Marie. C’est là qu’il fit la connaissance de G. Steinheil, son futur beau-frère. Celui-ci le retrouva à Paris où il lui fit rencontrer le pasteur Louis Meyer, fondateur de la Société luthérienne des Amis des pauvres, dont l’influence orienta toute sa vie. S’y ajouta celle du pasteur Jean-Christophe Blumhardt à Moettlingen, Wurtemberg. Mais ce dernier lui causa après 1871 une profonde déception en approuvant l’annexion de l’Alsace. À la suite de ces rencontres, il consacra l’essentiel de son activité aux questions sociales et religieuses. En 1847 il participa avec Gustave Steinheil et leurs beaux-frères Charles-Jules Engelbach et Henri-Édouard Krafft à la création de la société Steinheil-Dieterlen et Compagnie, à Rothau, qui reprit la branche industrielle de l’entreprise textile Pramberger, jusqu’à sa mort, dirigée précédemment par leur grande-tante Madame P. Les deux premiers en assumaient ensemble la gérance, et appliquaient des conceptions proches de celles de Daniel Le Grand © : suppression du travail dominical, participation du personnel aux bénéfices, création de bibliothèque, instruction et formation, etc. Après le traité de Francfort, Dieterlen quitta Rothau en 1872 avec ses neuf plus jeunes fils pour créer avec Armand Lederlin, jusqu’alors directeur des usines de Rothau, la Blanchisserie et Teinturerie de Thaon. II en assura jusqu’en 1874 la direction commerciale, puis donna sa démission et alla s’installer à Paris, répondant à l’appel de la Chapelle du Nord. C’est là qu’il consacra les derniers mois de sa vie à sa vocation profonde, visites pastorales, cure d’âmes, catéchisme en milieu ouvrier. Ce précurseur du christianisme social eut une grande influence sur son neveu par alliance Tommy Fallot ©, qui l’a qualifié de « guide patient de (sa) jeunesse ». Avec une tendance mystique vers la tradition du Réveil, il restait à l’écart de toute dogmatique. Il publia de nombreux textes édifiants, souvent brefs mais aujourd’hui introuvables. La liste en est donnée par M. Boegner dans son grand ouvrage sur T. Fallot, t. 1, p. 142.

H. Dieterlen, Adieux à la paroisse de Rothau, Nancy, 1874 ; P. Dieterlen, article dans L’Ami chrétien des familles, Montbéliard, 12. 2. 1909 ; H. Dieterlen, L’Endos, souvenirs d’enfance, 1912, p. 65-76; M. Boegner, La vie et la pensée de T. Fallot, 1913-1926, t. 2, p. 126-193, portrait p. 148 ; Dictionnaire de biographie française XI, 1965, 314 et 315 (avec une biographie du fils Pierre, pasteur) ; M. Boegner, L’exigence œcuménique, souvenirs et perspectives, Paris, 1968, p. 11-17; G. Poull, L’industrie textile vosgienne, Rupt-sur-Moselle, 1982, p. 196; J. Baubérot, Le protestantisme français et la question sociale au début de la 3e République – Du pré-christianisme social au mouvement chrétien social – texte de cours ; M. Chevallier, Du Wurtemberg à l’Alsace, les Dieterlen de Sainte-Marie-aux-Mines, itinéraire social et spirituel d’une famille au XIXe siècle, La Bague, 1984.

Robert Lutz et Pierre Hutt (1986)