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DESVALLIÈRES Georges

Peintre (★ Paris 14.3.1861 † Seine-Port 5.10.1950). ∞ 1889.

Élève d’Élie Delaunay et disciple de Gustave Moreau, il débuta sa carrière en 1883. Il pratiqua un art aimable et aristocratique jusqu’en 1906, lorsque, peu à peu, il retrouva la foi et se proposa de renouveler l’art religieux. En 1914, il partit au front comme volontaire, y connut toutes les souffrances de la guerre et perdit un fils, en 1915, dans les Vosges. En 1918, il fonda avec Maurice Denis © les Ateliers d’art sacré qui voulurent rompre avec l’académisme et susciter un nouvel art chrétien. À côté de ses toiles, Desvallières réalisa des décorations d’édifices religieux, celle de la chapelle du château de Privat en Corrèze (1922), celle de l’église de Pawtucket, aux Etats-Unis (1926), et le projet de vitraux pour l’ossuaire de Douaumont (1927). En 1928, la Direction des Mines de Potasse, à l’initiative du comte de Retz, demanda à Desvallières d’assurer la décoration de l’église Sainte-Barbe de Wittenheim qui fut consacrée en 1929. Il y travailla de 1928 à 1931. Il fournit les cartons des vitraux du chœur et de la façade qui furent exécutés par Marguerite Huré et, après leur destruction en 1945, remplacés par Yves Ruhlmann. Sur la voûte du chœur, Desvallières peignit l’Apothéose de sainte Barbe. Sur les murs du vaisseau central se succédèrent les Dix commandements. Le Chemin de croix fut représenté dans les bas-côtés, sur des toiles marouflées. Enfin, dans le baptistère, figure le Baptême du Christ. Ces œuvres révélèrent l’obsession de Desvallières par l’idée de la souffrance rédemptrice, vécue pendant la guerre. Il écrit lui-même à propos de ses vitraux : « Le fond cahotique sur lequel se détachent les deux anges m’a été inspiré… par le terrain bouleversé de l’Hartmannswillerkopf ». Son art, d’un réalisme poignant, aux couleurs intenses, exprimant la violence et le pathétique, différait radicalement de celui de son confrère, Maurice Denis © beaucoup plus serein. Desvallières a ainsi créa en Alsace l’un des chefs d’œuvre de l’art sacré moderne. « Avec l’église Sainte-Barbe de Wittenheim, l’Alsace possède… un des premiers ensembles qu’a réalisé depuis la guerre l’art chrétien en France » écrivit V. Bourgeois ©.

V. Bourgeois, « L’art chrétien français et ses débuts en Alsace », Revue Catholique d’Alsace, XLV, 1930, p. 1-10 ; F. Vallon, Georges Desvallières, « L’ermitage de Saint-Port », Art et Médecine, 7, 1931, p. 33-35 ; V. Bourgeois, L’art chrétien moderne en Alsace, Strasbourg, 1933, p. 60-65 ; H. Vollmer, Allgem. Lexikon der bild. Künstler des XX. Jahrh., 1, Leipzig, 1953. p. 552-553 ; Dictionnaire de Biographie française, 11, 1967, c. 126-128 ; L’art sacré du XXe siècle en France, Boulogne-Billancourt, 1993, p. 94-95 ; Canton de Wittenheim (Images du Patrimoine 32), Mulhouse, 1988, p. 45-46 ; Bénézit, Dictionnaire critique des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, 4, 1999, p. 512-513 ; Saur, Allgem. Künstler-Lexikon., 26, München, Leipzig, 2000, p. 461-463.

Roger Lehni (2007)