Recteur de l’Académie de Strasbourg, (C) (★ Chambéry 18.7.1867 † Chambéry 7.2.1945).
Fils d’Antoine Ch., inspecteur des douanes, et d’E. Faure ° o 31.5.1898 à Lyon Gabrielle Chaix ; 5 enfants dont Madeleine ° ° 1931 Paul Hartmann, libraire-éditeur à Colmar et Paris. Etudes à Paris (Ecole Normale Supérieure), agrégé d’histoire en 1890, professeur aux lycées de Montauban, Châteauroux, puis de Caen, docteur ès lettres en 1896 (Histoire du saint-simonisme, thèse rééditée en 1931 par son gendre). Professeur à l’Université de Lyon (1897), puis envoyé auprès d’Alapetite © en Tunisie (1907) comme inspecteur général de l’enseignement professionnel, il y devint directeur de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, en se consacrant notamment à la réforme de l’enseignement professionnel des Tunisiens et en s’occupant d’archéologie. Appelé par Alapetite, alors haut-commissaire d’Alsace et de Lorraine, aux mêmes fonctions rectorales dans l’Académie de Strasbourg de 1919 à 1927, il réorganisa l’enseignement en Alsace sous la IIIe République et s’attacha à donner à l’Université française de Strasbourg autant d’éclat qu’elle en avait eu pendant l’annexion allemande, en y attirant l’élite du corps professoral de la nation. Le gouvernement d’Edouard Herriot l’associa à son projet d’assimilation rapide des Alsaciens et Lorrains au régime de la République, une et indivisible, où la question scolaire et l’abrogation du statut particulier (loi Falloux), encore en vigueur dans les provinces recouvrées, contribuèrent à provoquer en 1924-1925 le « malaise alsacien ». Ch. imposa dès le 15.1.1920 le français comme langue d’enseignement dans toutes les écoles tout en maintenant l’allemand comme langue privilégiée dès l’école primaire (circulaire du 10.2.1926). Raymond Poincaré, président du Conseil, fit avec le recteur une mémorable tournée des établissements scolaires de l’académie en 1926. Les éloges qu’il reçut en octobre lui valurent sans doute sa nomination en février 1927 au rectorat de Paris. Si ses circulaires ne rencontrèrent pas l’unanimité auprès du public alsacien, elles n’en furent pas moins appliquées consciencieusement par la plupart des enseignants qui respectaient sa tolérante fermeté. Il quitta la capitale en 1940 pour se retirer à Planaire, Savoie. Président de la Commission supérieure des archives et de l’Académie des sciences coloniales. Elu à l’Académie des sciences morales et politiques le 21.2.1931. Grand officier de la Légion d’honneur. Auteur d’ouvrages d’histoire de Lyon, de la Restauration et de la Monarchie de Juillet.
A. Dupuy, Deux historiens, deux recteurs, deux serviteurs de l’Alsace, La Vie en Alsace, 1927 p. 76-80 (portrait) ; Das Elsass von 1870-1932, Colmar, 1933-1938, not. t. III, p. 75-77, 137, 533-535 (lettre de Poincaré), 576-577 ; DBF VIII, 1959, col. 587 ; F.G. Dreyfus, La vie politique en Alsace, 1919-1936, Paris, 1969, p. 67, 107. Portrait dans l’Annuaire de l’enseignement d’Alsace et de Lorraine, 1922.
Christian Wolff (1985)