Homme politique, notaire, (C) (★ Dannemarie 30.1.1870 † Paris 1.12.1941).
Fils de Joseph Centlivre, maréchal-ferrant, et d’Adèle Haennig. Célibataire. Fit des études au collège d’Altkirch (lors de la réorganisation de l’Association des anciens élèves du Gymnasium d’Altkirch, en 1905, Centlivre en devint le président), puis aux facultés de Strasbourg et de Berlin, docteur en droit. Notaire à Dannemarie (1900) où il succéda (vraisemblablement) à son oncle paternel Thiébaut Centlivre (1845 – Dannemarie 1913). Nommé maire de Dannemarie par le Bezirksprâsident de Colmar, le 29.7.1902, il succéda au docteur Ricklin © qui venait d’être révoqué. En juin 1914, il démissionna de son mandat de maire. Il était, à cette époque, très critiqué par certains de ses collègues du conseil municipal qui l’accusaient de tenir la population en Geistesknechtschaft ! Une enquête eut lieu. Lorsqu’il démissionna, il conserva son mandat de conseiller municipal. Semble s’être réfugié en Suisse pendant le conflit mondial de 1914-1918, mais fut réélu maire en 1919. Centlivre venait d’être élu audit conseil. A la même époque il entra au conseil général du Haut-Rhin, représentant le canton de Dannemarie (1919-1928). Il fut battu par Ricklin aux élections législatives et cantonales de 1928, ce qui provoqua des remous car certains prétendirent qu’il était inéligible ! Centlivre s’était présenté sous l’étiquette libéro-démocrate nationale. A l’occasion de la fête nationale de 1930, le maire démocrate d’Altkirch Paul Jourdain © lui remit la croix de la Légion d’honneur. Au cours de l’été 1934, Centlivre fut déclaré en faillite et révoqué de ses fonctions de maire par un décret du président de la République (29.11.1934). Les passions politiques se déchaînèrent. Le sous-préfet dut intervenir afin de calmer les appréhensions des épargnants de la caisse d’épargne de Dannemarie, dont Centlivre était le président. Cette affaire permit d’éliminer définitivement l’adversaire politique, redoutable et souvent heureux, de Ricklin. Aux élections cantonales d’octobre 1934 le scandale Centlivre profita à Marcel Sturmel ©. Malgré sa fin politique peu heureuse, le zèle de Centlivre pour Dannemarie est patent notamment par les travaux qu’il avait fait entreprendre. En avril 1935 il fut condamné à deux ans de prison. À l’occasion de son procès, le maire de Dannemarie (Schaeffer), ainsi que d’autres personnalités politiques, témoignèrent en faveur de l’accusé. Il convient de noter que Centlivre avait été membre du comité directeur de l’Alliance Démocratique du Haut-Rhin, parti créé en janvier 1926 et qui fédérait le Parti démocratique, le Parti républicain démocratique et social ainsi que l’Union radicale. Président de la chambre des notaires de l’arrondissement de Mulhouse (1930-1931), rapporteur de ladite chambre en 1934.
État-civil de Dannemarie. Registres des délibérations du conseil municipal de Dannemarie 1885-1908 (séance du 13.8.1902) et 1908-1921 (p. 431, 437, 446-449, 488-489, 492, 495, 496) ; ibid. 1926-1935 (p. 267-270, 309-314, 534-536) ; L’Alsace française, 8.4.1928, (p. 298), 29.4.1928 (p. 352), 6.5.1928 (p. 377), 28.10.1928 (p. 906), 4.11.1928 (p. 918-921), 7-14.10.1934 (p. 705) ; Journal du Sundgau, 27.1.1926, 6.3.1926, 26.9.1934, 13.10.1934, 27.10.1934, 10.11.1934, 1.12.1934, 18.4.1935; L’Express de Mulhouse, 22.9.1934 (n° 220), 27.9.1934 (n° 224), 28.9.1934 (no 225), 10.10.1934 (n° 235), 31.10.1934 (n° 253), 1.12.1934 (n° 279) ; Annuaire Ammel & Motte de l’arrondissement de Mulhouse, 1930, p. 1840, ibid. 1931, p. 1843 ; Annuaire Éclair de Mulhouse et environs, 1934, p. 24 ; 1889-1914. Gymnasium zu Altkirch, Altkirch, 1914, p. 49-50 et 74. A. Behra, Histoire de Dannemarie. La ville. La paroisse, Mulhouse, 1931, p. 181 ; incomplet et inexact en ce qui concerne Centlivre ; F.-G. Dreyfus, « La vie politique en Alsace 1919-1936 », Cahiers de la fondation nationale des sciences politiques, n° 173, Paris, 1969, p. 15, 40, 121, 128 et 148 ; F. Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, La bourgeoisie et le peuple alsacien, Strasbourg, 1981, p. 242 : (erreurs. Le père de Centlivre n’était pas notaire, mais forgeron. Faillite en 1934 et non 1935) ; Bachmann, Dreyer, Wilsdorf, Les conseillers généraux du Haut-Rhin 1833-1981, Archives départementales du Haut-Rhin, 1981, dactyl., p. 7, 35 ; Ch. Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939, Paris, 1982 p. 217.
Patrick Madenspacher (1985)