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CELSE

Abbé bénédictin. Son abbatiat se situerait de 821 (?)-827 à 853, à Marmoutier. Aucune pièce authentique du IXe siècle ne confirmant les faits et qu’en rapporte une tradition continue certes mais dont les plus anciens témoignages ne remontent qu’au XIIe siècle. Après l’incendie de l’ensemble du monastère en 824, l’empereur Louis le Pieux, ayant fait reconstruire à ses frais l’église, aurait confié à son frère, l’évêque de Metz Drogon, le soin de relever les autres bâtiments du monastère. A cette occasion Celse aurait établi une charte plan (828) connue par les médiévistes sous le nom de « charte de l’abbé Celse ». Le texte attribué à Celse est intégré dans un document conservé du XIIe siècle et est célèbre d’abord parce que cette charte fait ressortir d’une manière esthétique et selon un procédé de carte-plan l’importance considérable d’une abbaye alsacienne dont les biens sont répartis sur le versant rhénan et lorrain des Vosges, ensuite au fait que ce document a fait l’objet de discussions qui mobilisèrent les principaux érudits de l’Europe du XVIIIe au XXe siècle. On admet aujourd’hui que la charte dite « de l’abbé Celse » reproduit la réalité du Xe siècle. Sous l’abbatiat de Celse se situeraient par ailleurs la translation des reliques de saint Céleste et de saint Auteur de Metz à Marmoutier (828) et le transfert de l’Empereur, prisonnier de ses fils, de Marlenheim à Metz, en passant par Marmoutier (833). La richesse économique de l’abbaye de ce lieu, les évènements qui s’y sont déroulés du temps de Celse ainsi que la qualité politique de ses prédécesseurs sur le siège abbatial, saint Pirmin (vers 740) et surtout saint Benoit d’Aniane (816), à classer parmi les plus hauts dignitaires de l’empire carolingien, permettent d’admettre que l’abbé Celse a dû être un personnage de haut rang.

Les récits de la tradition ont été collationnés par F. Sigrist, L’abbaye de Marmoutier, 1899. Les travaux de W. Goldinger, « Die Verfassung des Klosters Maursmünster im Elsass », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, 1937, p. 1-63 et de J. Clauss, Die Heiligen des Elsass, 1935, p. 41, 47, 194 et 196 confirment la constance, la cohérence et la relative haute antiquité de la tradition historique de Marmoutier à partir du XIe siècle – Pour la « Charte de l’abbé Celse » voir Ch.-E. Perrin, Essai sur la fortune immobilière de l’abbaye de Marmoutier au Xe et XIe siècle, 1935, p. 5 à 40 (avec reproduction) qui reprend les thèses et discussions antérieures, ainsi que Lucien Pfleger, « Zur Interpretation der Celsusurkunde von Maursmünster », Archives de l’Église d’Alsace, 9, 1934, Kleine Beiträge.

Marcel Thomann (1985)