Colonel (★ Creuse, Somme, 29.10.1774 † Strasbourg 1.10.1822).
Fils d’Auguste Caron, cultivateur, et de Geneviève Scellier. ∞ 25.5.1793 à Vers-Hébécourt, Somme, Catherine Huot. Engagé en 1791 au 4e Dragons il fit les guerres de la Révolution de 1792 à 1800 aux armées du Centre, de Sambre-et-Meuse et du Rhin. Capitaine de la Grande Armée en Autriche, Prusse et Pologne de 1805 à 1807 il passa à l’armée d’Espagne où il fut deux fois cité à Noebla en 1811 et à Talamenta en 1813. Promu lieutenant-colonel pendant les Cent-Jours, il fut mis en demi-solde le 1.9.1815 et retraité le 7.4.1819. Il se retira à Colmar pour y exercer le métier d’inspecteur d’assurances. Bonapartiste convaincu, il se mêla à tous les mouvements politiques contre la Restauration. Compromis dans la conspiration du 19.8.1820, il fut arrêté à Epinal et transféré à Paris où il fut acquitté sur plaidoirie de Barthe, le futur garde de sceaux de Louis Philippe. Ayant appris que son ami le colonel Pailhes et Dulac son aide de camp étaient condamnés à Colmar par jugement du 12.8.1822 à cinq ans de détention à la maison centrale d’Ensisheim comme fauteurs d’un insurrection qui devait éclater à Belfort le 31.12.1821, Caron résolut de les faire évader. Pour ce faire, il entra en contact avec quelques sous-officiers de la garnison de Colmar qui feignirent d’entrer dans ses vues et qui le trahirent. Arrêté et traduit devant le conseil de guerre à Strasbourg « sous prévention de crime d’embauchage pour les rebelles » il fut le 21.9.1822, condamné à mort et fusillé le 1.10.1822 au Polygone (Strasbourg). Il mourut bravement, refusa de sa laisser bander les yeux et commanda lui-même le feu. Le ministre Peyronnet fut accusé d’avoir donné l’ordre d’exécution en dépit d’un recours en cassation, mais il en rejeta la responsabilité sur le ministre de la guerre, le maréchal Victor. Sa femme, dont il s’était séparé depuis 1807, obtint en 1831 la pension de veuve de lieutenant-colonel et fut comprise dans la distribution des secours ouverte en faveur des condamnés de la Restauration.
Archives nationales, F 7 (police générale) 6660 ; Archives historiques de l’Armée, C 18 et C 43 (complot du colonel Caron) ; Zickel – Koechlin, Souvenirs d’un contemporain, Revue d’Alsace, 1850-1851 ; (H. Staehling, Histoire contemporaine de Strasbourg et de l’Alsace (1830-1852), Nice, 1884, p. VIII et 8 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909, p. 284 ; Dictionnaire de biographie française VII, 1956, col. 1201 ; P. Leuilliot, L’Alsace au début du XIXe siècle, 1959, t. I (voir index), t. III, p. 488.
Alphonse Halter (1985)