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CAROLUS (Carlen) Johann

Imprimeur-éditeur, créateur du journalisme en Alsace, (Pl) (★ Muhlbach, près de Munster, † Strasbourg 1634).

Fils du pasteur Georg Carolus qui a épousé en 1574 Maria, veuve de Georg Jung, son prédécesseur à Muhlbach. Neveu de Johann Carolus, pasteur de la paroisse Saint-Guillaume à Strasbourg (1603-1617). ∞ 17.7.1599 à Strasbourg Anna Froelich, fille de Jacob Froelich, chanvrier. Ce mariage lui permit d’acquérir le droit de bourgeoisie. Établi dans la paroisse Saint-Thomas, il devint Kirchenpfleger (conseiller paroissial) en 1617 et assuma cette fonction jusqu’à sa mort. Échevin de la tribu de l’Échasse, il siégea au Grand Conseil (Grosse Rath) en 1629-30 et en 1633-34. Johann Carolus avait appris le métier de relieur. Il put acquérir l’imprimerie de feu Tobias Jobin © en 1604. Il publia des ouvrages de piété. Il recevait des dépêches (Avisen) et diffusait ces nouvelles manuscrites dans le public. La lenteur du travail de copiste lui suggéra l’idée d’imprimer les Avisen. Il sollicita le privilège d’impression et le droit exclusif de composer, d’imprimer et de recevoir les « nouvelles ordinaires ». Il ne demanda pas de bénéficier du monopole de publication des « nouvelles extraordinaires », c’est-à-dire des occasionnelles. Ainsi parut en 1609 la Relation, feuille hebdomadaire de 4 pages. Johann Carolus prétendait recevoir des informations de toute l’Allemagne, de France, d’Angleterre et d’Écosse, d’Espagne, d’Italie, de Turquie, de Hongrie, de Pologne, de Transylvanie, de Valachie et de Moldavie. Les nouvelles lui étaient en réalité principalement transmises par Cologne, Rome, Venise, Vienne et Prague. A la mort de Johann Carolus, Marx von der Heiden, son principal concurrent, tenta d’obtenir l’autorisation d’éditer des « nouvelles hebdomadaires » (Wochentliche Zeitungen). Les héritiers de Johann Carolus poursuivirent son œuvre vraisemblablement jusqu’en 1651, malgré le décès de Mauritius, fils de Johann Carolus en 1640. Strasbourg partage avec Wolfenbüttel, où un journal contenant pratiquement les mêmes nouvelles fut également lancé en 1609, la gloire d’avoir vu sortir des presses les premiers hebdomadaires du Saint-Empire.

Archives municipales de Strasbourg Livre de bourgeoisie II col. 387 et 771. Notaires 807-29 (inventaire après décès de Mauritius Carolus en 1640). P.V. des XXI, 1604 f. 240 v. et 1634 f. 189. R 15 f 53 et Série V-53/2.

M.-J. Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 759 et 760 ; Neue Deutsche Biographie III, 154 ; F. Ritter, Histoire de l’imprimerie aux XVe et XVIe siècles, Strasbourg, 1955, p. 302 et p. 485 (cet auteur cite deux narrations de 1640 sur l’invention de l’imprimerie, celle de J. A. Schrag et celle de Mauritius Carolus) ; H. Gachot, « Relation, le plus ancien journal de Strasbourg (à partir de 1609) », Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, t. 6, 1976, p. 36-56 ; J. Benzing, Die Buchdrucker des 16. u. 17. Jh. im deutschen Sprachgebiet, 2. verm. Auft., Wiesbaden, 1982, p. 451 ; J.-P. Kintz, « Opinion publique, journalisme et autorité du Magistrat au milieu du XVIIe siècle à Strasbourg », Pouvoir, Ville et Société en Europe, 1650-1750. Colloque international du C.N.R.S., octobre 1981, Actes réunis et publiés par G. Livet et B. Vogler, Association des Publications près les Universités de Strasbourg, 1983, p. 79-96.

Jean-Pierre Kintz (1985)