Saint, jésuite, docteur de l’Église (C) (★ Nimègue 8.5.1521 † Fribourg, Suisse, 21.12.1597).
Etudes à Cologne et à Louvain. En 1543, il fut reçu par le bienheureux Pierre Favre dans la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre en 1546, il enseigna aussitôt l’Écriture sainte et commença à prêcher. L’année suivante il fut envoyé comme théologien à Trente et à Bologne (il passa encore un mois au concile en 1563). En mars 1548, il fut désigné comme professeur au collège qui se fondait à Messine. Rentré à Rome en 1549, il fut nommé à Ingolstadt à la fin de l’année. Il y enseigna la philosophie et fut recteur de l’Université pendant six mois. En 1552 on eut besoin de lui à Vienne pour composer un précis de théologie. Il ne s’en livra pas moins à la prédication et à l’enseignement. Le siège de l’évêché étant devenu vacant, le nonce voulut y placer Canisius. Le père général obtint qu’il ne fût que provisoirement administrateur du diocèse (nov. 1554). C’est en 1554 que parut la Summa doctrinae christianae qu’il réduisit ensuite en moyen puis petit Catéchisme qui eut un incroyable succès dans la catholicité entière en toutes langues et en d’innombrables éditions. En 1556, il fut établi provincial de la Germanie supérieure créée pour lui et le resta durant treize ans. Il fut alors un perpétuel voyageur, fondant plusieurs universités et une douzaine de collèges.
C’est lui qui introduisit la Compagnie de Jésus en Pologne, et tous les collèges et maisons de son ordre qui virent le jour en Allemagne, en Autriche, en Hongrie, lui doivent leur existence. En 1557, après avoir assisté à la diète de Worms, il répondit à l’appel de l’évêque de Strasbourg qui l’attendait à Saverne et y écrivit une partie de son petit catéchisme. À Strasbourg même, du haut de la chaire de la cathédrale, il encouragea les catholiques à la fidélité. Ensuite il prêcha à Sélestat, à Rouffach et à Colmar. Son souvenir contribua plus tard à y ouvrir des maisons de la Compagnie. Il devait retourner à Strasbourg en 1567 et tenter l’impossible pour obtenir du vieil évêque qu’il prépare sa succession. Sévère pour l’attitude du haut clergé vivant de ses riches bénéfices, il préconisait la réforme des chanoines et des religieux. Mais il s’éloigna sans grand espoir. À travers mille occupations il répondit aux demandes du pape et du Père général en publiant la réfutation des Centuries de Magdebourg en 1571 : Commentariorum de verbi Dei corruptelis. Le cardinal Hosius l’appelait le « marteau des hérétiques » et sa vertu égalait sa science. Enfin, après bien des fondations, il fut chargé d’ouvrir un collège en Suisse, à Fribourg. En 1580, il le fit et y passa les 17 dernières années de sa vie en publiant encore des ouvrages de théologie, de spiritualité, de piété. Toutes les cathédrales d’Allemagne et d’Autriche l’avaient entendu et ces pays doivent à son enseignement, à sa prédication, à ses écrits leur renaissance au catholicisme. Il fut béatifié en 1864, canonisé en 1927 et déclaré docteur de l’Église. Sa fête est fixée au 27 avril.
Sommervogel, Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, II, 617-688 ; Braunsberger, P. Canisii, S. J., Epistulae et Acta, 8 vol., 1895-1923 ; Dictionnaire de théologie catholique, II, 1507-1537 ; J. Brodrick, S. Pierre Canisius, 2 vol., 1956 ; Neue Deutsche Biographie, 1957, III, p. 122-12
Hugues Beylard (1985