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CANIVEZ André

Professeur (★ Denain 9.12.1909 † Limoges 30.7.1981).

Ses parents étaient tous deux instituteurs ; son père, avant de devenir sénateur-maire de Douai, avait dirigé l’école normale de cette ville. Il s’orienta lui aussi vers l’enseignement. Ses études de philosophie terminées, il fut nommé d’abord au lycée de Boulogne-sur-Mer, puis à Mulhouse. Reçu à l’agrégation, il fut mobilisé dès 1939. Fait prisonnier en juin 1940, dans les Hautes-Vosges, il passa cinq années à l’Oflag 17A. Après sa libération, en 1947, il enseigna la philosophie au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg. Assistant à la faculté des Lettres de la même ville, en 1953, il soutint en 1964 sa thèse de doctorat d’État et l’Université lui confia la chaire de philosophie morale. L’expérience de la captivité le rendit attentif au problème de la souffrance tout comme le souvenir de son grand-père paternel, mineur de fond, le rattachait aux classes laborieuses. Ce fut également pendant la guerre qu’il étudia la philosophie de l’Inde pour laquelle il éprouva toujours un vif attrait. Il noua d’étroites relations avec Albert Schweitzer. Avec son collègue G. Woytt, neveu du médecin de Lambaréné, il traduisit d’allemand en français les textes qui avaient été retenus pour l’anthologie des œuvres de Schweitzer publiée par Payot en 1950, ouvrage qui fit connaître plus largement ce penseur dans les pays francophones. Quand Schweitzer reçut le Prix Nobel en 1952, A. Canivez l’aida à rédiger le discours que le récipiendaire dut prononcer le jour de sa réception à Stockholm.

L’influence qu’exerçait A. Canivez sur ses étudiants était très forte car, comme Jules Lagneau qu’il avait fait revivre dans sa thèse, il avait la passion d’enseigner ; comme ce maître, « il se mettait tout entier dans la plus petite de ses actions et faisait tout par principe » ; tout autant que « maître de vérité », il était « maître de vie ».

« Méthode et philosophie chez J. Lagneau », Revue de Métaphysique et de Morale, 1952, n° 2 ; « A. Schweitzer et la jeunesse », Hommage à Schweitzer (Diffusion du Livre), 1955 ; « A. Schweitzer et sa doctrine du respect de la vie », in Médecine moderne et respect de la vie (Berger-Levrault), 1957 ; « La pensée de G. Duveau », Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, 1958 ; « Bergson et nous », Actes du Congrès des Sociétés de philosophie de langue française, communication intitulée Bergson et Lagneau (Colin), 1959 ; Édition et préface de la Sociologie de l’Utopie et autres Essais de G. Duveau, Presses universitaires de France, 1961 ; Le « Devoir présent » de P. Desjardins et les réactions de Jules Lagneau, in Paul Desjardins et les Décades de Pontigny, Presses universitaires de France, 1964 ; Réédition et préface de la deuxième édition de l’œuvre de J. Lagneau, Célèbres leçons et fragments, Presses universitaires de France, 1964 ; J. Lagneau, professeur et philosophe. Essai sur la condition du professeur de philosophie jusqu’à la fin du XIXe siècle, Association des Publications de la Faculté de Lettres de Strasbourg, 1965 ; « Essai graphologique sur quelques lettres de Gobineau », Études Gobiniennes, 1970 ; « Albert Schweitzer et la réalité de la souffrance », Revue d’histoire et de philosophie religieuse, 1976 ; Aspects de la philosophie française, Histoire de la philosophie III, Encyclopédie de la Pléiade.

Francis Rapp (1985)