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BUCHER Paul Émile

Ecclésiastique et égyptologue (★ Guebwiller 16.5.1887 † Strasbourg 23.5.1966). Fils de Joseph Bucher, comptable, et d’Anne Marie Hergott. Études au gymnase de Guebwiller puis au Grand Séminaire de Strasbourg. Ordonné le 25.7.1913. Ambulancier pendant la première Guerre mondiale. Prêtre à Eschau (19.9.1913), à Sainte-Madeleine à Strasbourg (16.11.1918). Curé d’Avenheim près Truchtersheim (1.9.1923) jusqu’à sa retraite le 1.7.1964 et où il fêta son jubilé sacerdotal en août 1963. À l’Université impériale il suivit les cours d’arabe de Noeldeke, les études sémitiques chez Enno Littmann, l’assyrien auprès du chanoine Dennefeld. Mais ilsuivit surtout l’enseignement « sans égal alorsen Europe » (Jean Leclant) de Wilhelm Spiegelberg, spécialiste hors pair du hiératique et dudémotique à l’Institut d’égyptologie de Strasbourg. Spiegelberg désigna d’ailleurs P. Bucher comme le meilleur de ses élèves de Strasbourg à Adolf Erman le grand maître de l’école égyptienne de Berlin. Il soutint en juin 1917 sa thèse de doctorat consacrée aux papyrus 2 et 7 de la collection de la future Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, et publiée plus tard dans la revue Kemi (I 1928 p. 41-52, 147-166 ; III 1930, p. 1-19). Ceux-ci nous rapportent des hymnes à Sobk Râ, seigneur de Semnon, dieu crocodile. En 1919, le regrettable départ forcé du grand Spiegelberg pour Heidelberg, puis Munich, se trouva atténué par la présence de P. Bucher qui allait devenir plus qu’un collaborateur du nouveau directeur de l’Institut d’égyptologie P. Montet (★ 1885 † 1966), son ainé de deux ans seulement. Ce dernier en effet découvrit en P. Bucher un linguiste et épigraphiste éminent « capable de déchiffrer tous les caractères anciens : hiéroglyphiques, hiératiques, démotiques, coptes, assyriens, hébreux, arabes, etc… Mais d’un caractère très modeste, il faisait peu état de son savoir » (Georges Goyon). Ses débuts archéologiques en Égypte, à Deïr el Medineh se firent dans le cadre de l’IFAO (Institut français d’archéologie orientale du Caire). À partir de 1930, il participa aux fouilles et découvertes de Tanis, dans le Delta, dont le retentissement fut limité aux cercles scientifiques à cause des débuts du 2e conflit mondial. Au cours de ces fouilles célèbres dont il fut la cheville ouvrière, il s’appropria « une autre spécialité, la plus ingrate : la recherche des murs de brique crue (en arabe Toub-Naï). Malgré la présence de quelques 500 ouvriers, il ne dédaignait pas à l’occasion de prendre la pioche. Il avait ainsi formé quelques ouvriers qui étaient devenus des « as ». Ses collaborateurs l’appelaient affectueusement « Monseigneur Toubnaï ». Il était très gai et acceptait volontiers la plaisanterie. Sa connaissance des briques crues a été de la plus haute importance, puisque « c’est en décelant leurs traces sur du sable pur, qu’il conduisit à la découverte de la nécropole royale » (G. Goyon). En février 1940, il procéda en présence de l’abbé E. Drioton, directeur du service des antiquités d’Egypte, à l’enlèvement du magnifique cercueil d’argent du pharaon Psousennès. L’Institut d’Égyptologie de Strasbourg lui est également redevable de l’acquisition de la grande statue qui orne son entrée. Après la Seconde Guerre Mondiale, il se voua au rassemblement et à la reconstitution des vestiges de la collection du Musée de l’Institut d’Égyptologie échappés à la dispersion. Après le départ de P. Montet, il fut nommé chargé de cours à l’Université jusqu’à l’arrivée, en 1954, du Pr. Jean Leclant qui publia avec lui une note sur ces collections dans le bulletin de la Société académique du Bas-Rhin (1953-1956 t. LXXV – LXXIII p. 100-109). Le sort de ses papiers, correspondances, notes scientifiques, n’a pas été éclairci au moment de son décès et de la dispersion de sa bibliothèque. À cette époque, Philippe Derchain, docteur de l’Université libre de Bruxelles et professeur associé à l’Université de Strasbourg, de 1964 à 1968, dans une brève notice nécrologique (Chronique d’Égypte, 42, 1967, p. 123-124) est resté silencieux à ce sujet, déclarant curieusement et hâtivement : « Pour ceux qui n’ont pas connu l’abbé Bucher et qui seraient tentés de mesurer sa place dans l’égyptologie d’après sa courte bibliographie, il sera sans doute toujours impossible de lui rendre justice » !

Les textes des tombes de Thoutmosis III et d’Amenophis II T. 60, Mémoires de l’IFAO ; les textes situés à la fin des premier, deuxième et troisième tomes des livres « de ce qu’il y a dans la Douat » ; textes comparés des tombes de Thoutmosis III, Amenophis II et Seti Ier, Bl FAO, 30, 1930 ; Inscriptions de Kasr-es-Sayad, donnant les commencements des psaumes Ll à XCIII, Kemi IV, 1931) ; stèles de particuliers de Tanis Kemi V, 1935 ; en collaboration avec P. Montet : un dieu cananéen à Tanis : Houroun de Ramsès, Revue biblique, 44, 1935, p. 153-165.

Le Nouvel Alsacien du 12.9.63, L’Alsace, du 27.8.1963 ; Jean Leclant, « l’abbé Paul Bucher (1887-1966) », Bul. Fac. des Lettres de Strasbourg, 45 (1966) p. 230-231 ; J. Leclant, « Deux égyptologues français, Pierre Montet et Paul Bucher », Université de Strasbourg. Bulletin d’information, 1966, n° 7, p. 4-12 (portraits) ; Information personnelle auprès de Georges Goyon, architecte, dernier survivant des fouilles de Tanis.

Marc Lang (1984)