Capitaine et diplomate, (C) (★ v. 1520 † Haguenau 1588). ∞ v. 1550 la comtesse Dorothée de Liechtenstein ; enfants : Constantin († 1597), Georges, Rodolphe († 1616), Marguerite, auquels s’ajoutent Nicolas dit de Weylersberg († 1653) et Ursule, légitimés en 1587. Confirmé dans son titre de baron vers 1547, Nicolas de Bollwiller fut le principal artisan de la puissance de sa famille. En 1551, Ferdinand Ier lui engagea le Val de Villé et la seigneurie d’Ortenberg, qu’il reçut ultérieurement en fief (1576) de la maison d’Autriche. En 1560, il acheta la seigneurie de Florimont, qui appartenait aux Reinach, puis, trois ans plus tard, le village de Réguisheim, détenu par les Morimont. En 1578, il succéda aux nobles de Masevaux en tant que détenteur de Flachslanden et de Fleimsbrunn. Il acquit d’autres possessions sur la rive droite du Rhin. La fortune de Nicolas s’explique par son attachement aux Habsbourg. Il fut successivement conseiller de la cour des comptes de Ferdinand Ier (Hofkammerrat) et maréchal de la cour (Hofmarschalk) de l’archiduc Ferdinand II (après 1564). En 1546, lors de la guerre de Smalkalde, il fut chargé de mettre en place la défense du Tyrol et empêcha les ennemis de franchir le col du Fernpass. Deux ans plus tard, en tant que gouverneur d’Innsbruck, il s’empara de la ville impériale de Constance et procéda à sa médiatisation. Cette action d’éclat lui valut la célébrité, mais non les récompenses promises par l’empereur ; Nicolas administra la ville pendant quelques années et la défendit solidement contre les princes protestants, en 1552. À plusieurs reprises, il assura la liaison entre Charles Quint et Ferdinand Ier dont il était un conseiller très écouté. En 1556, Nicolas fut envoyé en Hongrie avec ses frères Christophe et Louis et prit part à plusieurs batailles contres les Turcs. L’année suivante, il passa au service de Philippe II, et, soutenu par le cardinal de Granvelle, tenta une opération contre l’armée française stationnée en Lorraine, au moment même où le roi d’Espagne conduisait le siège de Saint-Quentin (été 1557). Cette diversion fut suivie d’une manœuvre plus ambitieuse visant la reconquête de la Bresse pour le compte du duc de Savoie et une attaque massive contre Lyon. Malgré l’échec de cette expédition, Nicolas fut envoyé en Espagne par l’empereur Ferdinand Ier, en qualité d’ambassadeur. Il y demeura de la fin de l’année 1559 à 1561 et s’efforça de promouvoir l’alliance entre l’Angleterre et les Habsbourg. À son retour, il fut nommé landvogt de Haguenau, ce qu’il resta jusqu’à sa mort. En 1562, il présida la réunion des états provinciaux de l’Autriche antérieure, à Fribourg en Brisgau, et réussit à obtenir des subsides quatre fois plus importants que ceux qu’avaient jusqu’à présent reçus les archiducs. Chargé de mission près du concile de Trente, il participa activement à la contre-Réforme catholique en essayant de ramener à l’obéissance le prince de Condé et le duc ce Wurtemberg. Il chercha vainement à rétablir l’abbé Henri de Jestetten dans ses droits sur Munster (1569) ; malgré ses menaces, les Munstériens choisirent le camp de la Réforme, en même temps que les Colmariens (1575). À une date inconnue, sans doute entre 1563 et 1570, il commanda les troupes du roi de Danemark en guerre contre Éric XIV de Suède. En 1565, on le retrouve dans l’armée de Lazare de Schwendi, lors de l’offensive impériale en Hongrie. Son activité de condottière le mena ensuite au Luxembourg, pour le compte de Philippe Il (1572), puis à Anvers, dont il eut le commandement en 1576. Assiégé à Roermonde durant l’automne 1577, il parvint à résister jusqu’à l’arrivée des renforts et servit sous don Juan d’Autriche sur le front de la Meuse, puis sous les ordres d’Alexandre Farnèse. Le manque d’argent l’empêcha de secourir Deventer, qui tomba aux mains des ennemis à la fin de l’année 1578. La carrière militaire de Nicolas de Bollwiller s’acheva sur cet échec. Les dernières années de sa vie le ramenèrent en Alsace, où il joua un rôle de médiateur dans la querelle du Grand Chapitre de Strasbourg. Il fut inhumé à Masevaux, dans une chapelle qu’il avait fait construire vers 1575.
H. Pantaleon, Prosographia heroum…, t. III, 1566, p. 330 ; B. Hertzog, Chronicon Alsatiae, 1592, p. 133 ; J.-F. Puthod, « Expédition du baron Nicolas de Bollwiller en Bresse. Siège de Bourg (1557) », Revue d’Alsace, 1865, p. 376-381 et 1866, p. 144-157 ; Fr.J. Pfulb, Bollwiller et ses seigneurs, Revue catholique d’Alsace 1900. 561-569 et p. 681-690 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, 1909, I, p. 195-196 ; C. Oberreiner, « Expédition de Nicolas de Bollwiller en 1557, d’après les archives de Venise », Revue d’Alsace, 1910, p. 412-416 ; C. Oberreiner, « Nicolas de Bollwiller d’après les « State Papers de Londres », Revue d’Alsace, 1913, p. 5-9 ; C. von Greyerz, The late city Reformation, The case of Colmar, Bonn/Francfort, 1980.
Georges Bischoff (1984)