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BERSTETT

Famille noble (XIIe-XIXe siècles). Famille originaire de Berstett, dans le Kochersberg ; elle n’avait pas d’origine commune, contrairement à certaines opinions, avec les sires de Lichtenberg. Par contre, elle était apparentée aux Kuenheim. Élevée au rang de baron en 1773. Le premier du nom est Wido de Berstedden, mentionné en  1122 ; l’arbre généalogique se poursuit de façon ininterrompue depuis les chevaliers Rodolphe et Pierre (1262 et 1280). Les principaux membres en furent :

 

– Irmingarde (ou Irmintrude ? ), prieure de Saint-Nicolas-aux-Ondes de Strasbourg en 1383 (ou des recluses Saint-Nicolas im Gries à Obernai ?)

– Wirich, écuyer, bailli de la Wantzenau (XIVe s.), comme aussi Wirich IV et Hugues ;

– Son fils Hugues, écuyer, se mit au service de l’électeur palatin Philippe, assista au siège de Hohen-Geroldseck en 1486, fut châtelain de ce dernier manoir et grand-bailli de Louis de Lictenberg ;

Joachim (1640), Stettmeister de Strasbourg, enterré à Berstett ;

Hugues-Wirich, fils de Joachim (1603-1657), servit d’abord dans l’armée espagnole contre la Hollande, puis sous les ordres du Stathouder Jean-Maurice de Nassau-Orange, lors d’une expédition au Brésil, après laquelle il fut décoré de l’ordre du Christ. Entra plus tard comme major dans un régiment suédois pendant la guerre de Trente Ans et défendit victorieusement, comme gouverneur militaire de Benfeld, cette place contre les Impériaux. Après 1648, il finit sa carrière comme maréchal de la cour et conseiller intime du duc de Wurtemberg ;

-son frère Ernest, capitaine de l’armée suédoise du duc Bernard de Saxe-Weimar, fut tué au siège de Rheinfelden (1610-1638) ;

– l’autre fils de Joachim, Jean-Jacques (1615-1689), fut officier, puis fonctionnaire à la cour de Wurtemberg et enfin conseiller de la noblesse immédiate de Basse-Alsace.

Joachim-Ernest, fils aîné de Jean-Jacques (★ 1662), d’abord capitaine de cavalerie wurtembourgeois puis au service de la République de Venise, participa à la campagne de Morée (Péloponèse, 1687-1690) contre les Turcs et enfin entra comme colonel d’un régiment de cuirassiers dans l’armée autrichienne. Il mourut en Hongrie.

Philippe-Jacques-Reinhard (et non René), fils de Jean-Jacques (1676-1741). D’abord grand-échanson de la cour de Wurtemberg. Prit ensuite du service dans l’armée française, combattit en Italie et aux Pays-Bas pendant la guerre de Succession d’Espagne, servit ensuite, en qualité de chambellan, le comte palatin Christian II de
Birkenfeld. Il entra au Magistrat de Strasbourg, devint Stettmeister en 1717, et enfin prochancelier de l’Université protestante. ∞ Marie- Esther Voltz d’Altenau, il eut comme fils Philippe Reinhard (1709-1814), qui hérita d’un Bœcklin de Bœcklinsau (en particulier Schmieheim, Bade) et comme petit-fils Philippe-Jacques-Reinhard (1744-1814). D’abord officier dans le régiment de Nassau-Sarrebruck, entra au Grand Sénat de Strasbourg et devint le 28.8.1789 le dernier Stettmeister de l’ancienne ville libre. En 1782, adjoint au directoire de la noblesse immédiate de Basse-Alsace, puis adjoint (plus tard président en 1794) du directoire de la noblesse de l’Ortenau. Renonça en 1793 à la nationalité française, fut considéré comme émigré et vit ses biens mis sous séquestre. Vécut depuis 1791 à Deux-Ponts, puis à Lahr, enfin à Offenburg, inhumé avec son épouse Caroline-Christine-Léopoldine, baronne de Dettlingen, au cimetière de Schmieheim au sud de Lahr. Son fils aîné Guillaume-Louis-Léopold-Reinhard, (★ 6.7.1769 Berstett † 16.2.1837 Karlsruhe) fut d’abord officier français en 1785 et conseiller noble de Strasbourg en 1788, puis combattit dans l’armée des princes émigrés et dans les rangs de l’armée autrichienne (1791-1804), se distinguant au cours de 14 batailles comme capitaine de cuirassiers, puis d’état-major. Il entra en 1806 au service du grand-duché de Bade, d’abord comme chambellan de la grande-duchesse Stéphanie (née de Beauharnais), puis comme conseiller intime du grand-duc. Il prit part comme ministre plénipotentiaire au Congrès de Vienne et à la conférence de Paris (1815). En 1817, il fut nommé ministre des Affaires Etrangères et en 1820, président du Conseil. Bien qu’il eût pris part à la rédaction de la première constitution badoise (1818), il dut se retirer en 1831 à la suite de la libéralisation du régime, ayant été un trop zélé partisan de la politique réactionnaire de Metternich. Il avait été nommé grand-croix, avec brillants, de l’ordre de la Fidélité de Bade et chevalier du Mérite militaire français. Guillaume avait de sa femme, Augustine, Caroline, Philippine, Louise, comtesse de Luxburg, un fils, Karl Adrian Reinhard, chambellan de Bade qui ne laissa qu’une fille Amalie (1836-1907), épouse d’Adolf von Holzing (1819-1905), grand-écuyer de la cour de Bade ; celui-ci fut élevé par le grand-duc au rang de baron héréditaire de Holzing-Berstett, après la mort d’Othon (1893). Leur fils Max (1867-1935) fut général prussien. Par ailleurs des descendants, en ligne féminine, des B., se retrouvent dans les familles nobles allemandes Marschall van Bieberstein, von Flardenberg, von Wœllwarth-Lauterburg, etc. Les Berstett détenaient des fiefs d’Empire, des évêques de Strasbourg, des Ribeaupierre, Geroldseck, Lichtenberg, Ochsenstein, Ettendorf, Fleckenstein, Greifenstein, Rathsamhausen, Zorn, et de l’abbaye d’Andlau. Ils possédaient en propre les villages de Berstett (pour les 5/6e), Olwisheim, Nieffern village disparu, situé entre Berstett et Vendenheim, et Hipsheim (pour une part), ainsi que le château de Berstett, reconstruit par Jacques Adam (1665-1748), fils aîné de Jean-Jacques, major d’un régiment français. Le manoir fut aliéné comme bien national sous la Révolution et vendu pierre par pierre par l’acquéreur. L’ancien hôtel de B,, sis 13 (et non 15) rue de la Mésange, détruit, fait partie aujourd’hui du bâtiment de l’hôtel de la Ville de Paris. La famille, dont une branche prit le nom de Münch, était alliée aux Andlau, Beger, Berckheim, Bœcklin de Bœcklinsau, Breitenlandenberg, Dettlingen, Ettendorf, Gayling von Altheim, Kageneck, Landsberg, Lutzelbourg, Ramstein, Rathsamhausen, Schenck d’Ehenheim, Schœnau, Turckheim, Wasslenheim, Westhausen, Zorn, Zuckmantel, etc. Elle avait embrassé la Réforme au XVIe siècle. Dans l’église de Berstett, subsiste une série de pierres tombales.

Lehr, l’Alsace noble, t. 2., p. 66-74, Paris 1870 ; Kindler von Knobloch, « Die Freiherrn von Berstett », Der Deutsche Herold, t. 15 (1884), p. 102-103 et t.16 (1885), p. 34-38 ; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch der Stadt Strassburg, 1886, p. 31-32 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909I, p. 142-143 (généalogie) ; Commandant R. Séreau, « La Révolution vue de Strasbourg, correspondance de M. de Berstett, maire (sic) de Strasbourg », Revue Historique de l’Armée, t. 3, n° 4 (décembre 1947), p. 91-106 et t. 4, n° 1 (janvier-mars 1948), p. 55-63 ; Neue deutsche Biographie II, 1955 par Anton Ritthaler (avec bibliographie) ; Fr.-J. Gemmert, « August Freiherr von Berstett, der Begründer der oberrheinischen Münzgeschichte », Alemannisches Jahrbuch, Lahr, 1958, p. 327-360 ; Gothaisches Geneatogisches Taschenbuch der Freiherrlichen Haeuser, Gluecksburg/Ostsee, puis Limburg a. d. Lahn, depuis 1952 ; documentation personnelle.

Jean Braun (1983)