Baron, officier et numismate (Pl) (★ Gerstheim au château des Dettlingen 6.7.1773 † Fribourg en Br. 10.12.1860). Fils de © Philippe Jacques René III (★ 1744 † 1814) et de Caroline Christine Léopoldine de Dettlingen (★ 1753 † 1825), fille de Léopold Philippe de Dettlingen, général français. Frère de Guillaume Louis Léopold René, homme d’État du grand-duché de Bade (★ Berstett 6.7.176 † Karlsruhe 16.2.1837) © 1. ∞ 13.5.1828 à Steinbach, Bade, Julie Mayer (C) (★ Steinbach 25.11.1804 † Baden-Baden 7.1.1888), fille de Josef Anton Mayer, bourgmestre de Steinbach (★ 1761 † 1845) et de Sabina Droll (★ 1773 † 1855). 2 fils : Louis (★ Mahlberg 25.4.1830 † Internat de Stetten im Remstal, Wurtemberg 9.5.1837), Othon Ferdinand Tancrède, officier (★ Mahlberg 8.7.1832 † Baden-Baden 7.4.1893). Élève-pensionnaire du pasteur J. Ch. D. Gérold à Boofzheim, où il est confirmé, 1786-1788, élève à l’École d’artillerie de Strasbourg 1788-1790, inscrit à l’Université de Strasbourg, novembre 1789, émigré en 1790 avec sa famille à Deux-Ponts, engagé en 1792 avec son frère dans l’armée des émigrés qui participa à la campagne de Champagne. Études de droit à l’Université de Tübingen 1794-1796. Son goût pour le métier des armes l’emporta, lorsqu’en 1796 l’armée française envahit l’Allemagne du Sud ; il s’engagea dans l’armée autrichienne qu’il quittera 25 ans après. Il combattit sur presque tous les champs de bataille, fut blessé à Marengo en 1800, se distingua notamment en 1809 à Ratisbonne où son escadron repoussa une attaque des grenadiers de la garde ; lui-même, ayant appris par un prisonnier que Napoléon se trouvait à proximité, s’avança jusqu’à cinquante pas de l’empereur et fit feu sur lui, il ne put constater le résultat, mais on sait que Napoléon fut blessé à la cheville dans cet engagement. En 1822, il obtint son congé avec le grade de major. Chambellan de l’empereur François Ier, 1816. Décorations : croix de l’ordre de Saint-Jean (roi de Prusse 1813), chevalier de l’ordre du Mérite militaire de Saint-Louis (Louis XVIII 1823), commandeur de l’ordre du Lion de Zähringen (grand-duc de Bade 1826). En 1825, il sollicita du gouvernement de Charles X sa réintégration dans la qualité de Français en faisant valoir que s’il avait pris du service dans l’armée autrichienne, c’était pour défendre la cause de son roi et de la maison de Bourbon, ce qui lui valut la reconnaissance de Louis XVIII. Sa demande fut refusée, à l’inverse de celle de son frère. Peu après son mariage, il s’installa à Mahlberg. Le décès de l’aîné de ses fils et le souci de l’éducation du second l’incitèrent à s’établir définitivement à Fribourg en 1839. Dès son retour à la vie civile, il se consacra entièrement à la numismatique. La passion des monnaies datait de sa jeunesse et fut renforcée à Tübingen, où il s’était lié d’amitié avec un condisciple, fervent collectionneur, le marquis Calixte de Pina, Dauphinois émigré, plus tard maire de Grenoble et député. C’est à lui qu’il dédiera son premier ouvrage. Au cours de ses pérégrinations, il avait enrichi sa collection qui comptera plus de 8 000 pièces. Il recherchait avant tout les monnaies de la région du Rhin supérieur, sa famille était, en effet, possessionnée des deux côtés du fleuve. Il était aussi spécialement attiré par les monnaies et médailles d’insurgés et d’États éphémères (Ligue contre Henri III en France, insurrections aux Pays-Bas, en Bohême, en Hongrie, républiques d’Amérique, d’Italie, etc.). Il entretenait des relations avec de nombreux numismates, marchands de monnaies, cabinets numismatiques, d’Allemagne, de France, d’Autriche, de Suisse. En Alsace, il connaissait les collections du Dr. Ch. F. Faudel à Colmar, de J. B. A. Dorlan à Sélestat, A. Heppner à Bischheim, Ingold à Cernay. Il étudia et classa 2 000 coins monétaires de la ville de Fribourg. Préoccupé de retrouver les sources historiques du monnayage, il consulta notamment les manuscrits de Ph. A. Grandidier, conservés alors par le baron de Turckheim à Altdorf près de Mahlberg, les archives du grand-duché de Bade à Karlsruhe, les manuscrits de la bibliothèque de Strasbourg, disparus en 1870 avec les collections de monnaies de J. D. Schœpflin et de J. A. Silbermann. Son premier ouvrage, Versuch einer Münzgeschichte des Elsasses, Freiburg im Br., 1840, est intitulé « Essai », l’auteur soulignant dans sa préface qu’il fut le premier à avoir tenté d’écrire une histoire d’ensemble de la numismatique de l’Alsace.
Chacune des descriptions des monnaies des différents ateliers, classés dans l’ordre alphabétique des localités, est précédée d’une notice historique. Dans un supplément Nachtrag als Ergänzung und Berichtigung, Freiburg im Br., 1844, il signale que les témoignages reçus prouvent que son « Essai » avait fait découvrir la richesse et l’intérêt du monnayage alsacien aux amateurs d’Alsace jusqu’alors presque uniquement attachés à collectionner les monnaies de l’antiquité grecque et romaine. Cet ouvrage est resté longtemps un guide apprécié, malgré ses lacunes et ses imperfections. Sa deuxième œuvre traite du monnayage de la maison de Zähringen-Bade, Münzgeschichte des Zähringen- Badischen Fürstenhauses und der unter seinem Scepter vereinigten Städte und Landschaften, Freiburg im Br., 1846. Même présentation avec, en outre, vingt documents d’archives dont certains intéressent des ateliers alsaciens. Ses manuscrits, conservés au Cabinet de Karlsruhe, contiennent de nombreux compléments historiques et numismatiques. Il publia aussi dix articles de 1835 à 1847 : réponse à un compte-rendu de son « Essai », études sur les ateliers de Karlsruhe, Wissembourg, Vieux-Brisach, Bâle, comptes-rendus de trouvailles de monnaies médiévales (liste dans Gemmert, p. 360, à laquelle il faut ajouter « Beschreibung einiger Münzgattungen des Mittelalters », Numismatische Zeitung, 1835, col.155-158). Il cessa toute activité numismatique en 1848, sa vue s’étant affaiblie. Il avait dû vendre une partie de ses monnaies pour publier ses ouvrages et la Révolution de 1848, qui s’étendit en Bade, fut la cause d’une perte irréparable. Sa collection fut pillée par un groupe d’une trentaine de révolutionnaires qui avaient envahi sa maison, puis par des militaires qui y cantonnèrent quelque temps. Il avait seulement pu sauver les plus belles pièces. Atteint physiquement, il eut une attaque en juillet 1848, et moralement, il renonça à poursuivre ses recherches et vendit les monnaies qui lui restaient. Le Cabinet de Bade acheta les pièces badoises, le reste fut dispersé. Son fils Othon, qui ne partageait pas sa passion, fit une carrière militaire dans l’armée autrichienne 1848-1860 et dans l’armée coloniale du nouvel empire français 1860-1876 (au Mexique et en Algérie), 1877 à Cologne Anna Maria von Pelser-Berensberg (C), 2 filles : la famille de Berstett s’éteignit dans les mâles en la personne d’Othon.
E. Lehr, L’Alsace noble, 1870, II, p. 72-73 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909I, p. 143 ; F. Wielandt, Münzkunde und Münzkabinette am Oberrhein, Karlsruhe, 1951, p. 46-48 ; F.G. Gemmert, « August Freiherr von Berstett, der Begründer der oberrheinischen Münzgeschichte », Alemannisches Jahrbuch, 1958, p. 327-360, ill., portr., tabl. généalog., résumé : Badische Heimat, 39,1959, p. 13-15, étude basée sur les archives de la famille de Berstett, inventoriées par F. Frankhauser, « Freiherrlich von Holzing-Berstett’sches Archiv in Karlsruhe », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, 1915-1916, Mitteil. d. Bad. Hist. Komm., 37-38, 168 p.
Madeleine Lang (1983)