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Régine Willhelm, journaliste de FR3 – émission Rund Um en alsacien – a réalisé un reportage sur le bénévolat dans les sociétés d’histoire en partant du constat suivant : « L’Alsace est la région de France qui compte le plus de sociétés d’histoire. Elles sont nombreuses à rencontrer aujourd’hui des problèmes de renouvellement et de recrutement. Ces sociétés dites « savantes » dans le reste du pays, font pourtant un travail remarquable. »

Vous pouvez visionner son reportage en cliquant sur le lien suivant :  https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/emissions/rund-um-0/quel-avenir-societes-histoire-alsace-1906676.html

 

 


Ci-dessous le déroulement du reportage présenté par Régine Willhelm :

 

Louis Ganter était chef de chantiers, des gros chantiers, un peu partout dans le monde. Mais la grande passion de cet habitant de Brumath aujourd’hui retraité, a toujours été, depuis l’enfance, l’archéologie. Et il faut dire qu’à Brumath, il est bien servi. L’ancienne Brocomagus devenue Brumath, est sortie de terre au début du premier siècle. Cette ancienne cité romaine plusieurs fois réduites en cendre regorge encore aujourd’hui d’antiques objets. Il n’est pas rare, lors d’un chantier de construction dans la commune, de déterrer des sculptures ou des bijoux romains. Le riche passé historique de Brumath a ainsi conduit la société d’histoire locale, la SHABE, à créer un musée archéologique installé dans les caves voûtées de l’ancien château.

Bon pied, bon oeil, Louis Ganter tutoie, d’office. Membre fondateur de la société d’histoire en 1968, il nous accueille dans les locaux de la SHABE installés en plein coeur de Brumath, à côté du bureau de police et en face de la mairie. Cette société d’histoire, c’est son bébé. Il assure une permanence les mercredis après-midi pour renseigner les habitants, collecter des photos anciennes… Il nous annonce que la nouvelle revue annuelle de la société paraîtra avant Noël. C’est le cadeau offert chaque année aux fidèles 280 adhérents de la société. Mais Louis Ganter l’avoue: « il n’y a que 10 membres vraiment actifs dans la société, les 10 du comité directeur. Moi j’ai 75 ans et le plus jeune, 50 ». C’est dire que l’âge moyen des membres actifs de la société d’histoire de Brumath est plutôt élevé. « Le problème c’est que les jeunes font des études et qu’ils n’ont pas de voiture pour venir assister à nos réunions. En plus, beaucoup ne savent plus ce que c’est c’est que le travail bénévole! ». Louis Ganter espère pouvoir un jour intégrer un jeune dans son comité directeur mais, il n’a pas encore trouvé la perle rare.

Qui prendra la suite de ces retraités aujourd’hui hyperactifs? Toutes les sociétés d’histoire se posent la même question. Et elles sont nombreuses, plusieurs centaines certainement. 123 d’entre elles sont en tout cas rassemblées au sein de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie qui a son siège rue de Londres à Strasbourg. La fédération emploie deux salariées et édite chaque année des revues ( la « Revue d’Alsace », créée en 1834 est à ce titre, la plus vieille publication d’une société d’histoire en Europe). Jean-Marie Holderbach fait partie du comité fédéral. Cet ancien ingénieur informatique compile depuis des années des informations sur tous les calvaires d’Alsace, un travail de titan. Chaque croix fait l’objet d’un relevé topographique précis; quotations, photos, tout est référencé.

Ce passionné fait remarquer que l’histoire de l’Alsace est riche mais que les nouvelles générations ont connu une histoire commune à la France, apaisée et sans problème. « Les générations de l’entre deux-guerres ont vécu plusieurs changements de nationalité qui ont créés un fort sentiment d’appartenance régional. Ces personnes ont rejoint les rangs des sociétés d’histoire et ont permis de faire avancer les recherches historiques locales. Aujourd’hui, ces personnes sont de moins en moins nombreuses », constate-t-il.

Pas de quoi pour le moment tirer la sonnette d’alarme mais le sujet interroge ces sociétés d’histoire. Comment se renouveler et attirer de nouveaux membres? Un chantier qui n’est pas archéologique celui-là!