Skip to main content

Colloque du Réseau des Sociétés d’histoire transfrontalières organisé par la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace samedi 19 octobre 2019 à la Bibliothèque Humaniste de Sélestat (67)

Photo : Olivier Conrad

Tous les deux ans, le Réseau des Sociétés d’Histoire organise un colloque transfrontalier. Des conférencières et conférenciers de France, d’Allemagne et de Suisse y éclairent les aspects intéressants de l’histoire du Rhin supérieur.

Le colloque 2019 a été organisé par la Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace en coopération avec les Amis de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat.

La rencontre s’est déroulée dans les bâtiments rénovés de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat. L’édifice est au rang des grandes curiosités touristiques d’Alsace et est inscrit au Registre Mémoire du monde de l’UNESCO.

 

De la particularité du lieu a découlé le thème de la journée consacrée à l’Humanisme.

Colloque de Sélestat le 19 octobre 2019 – Photos de Jacques Giraud

 


9h00 Accueil, café et thé – Stehempfang mit Kaffee und Tee

 

9h45 Mot d’accueil par Marcel Bauer, maire de Sélestat et vice-président du Conseil départemental du Bas-Rhin  et message de Brigitte Klinkert, Présidente du Conseil départemental du Haut-Rhin, lu par Gabriel Brauner – Grusswort.

9h50 Allocution d’accueil par Francis Lichtlé, vice-président de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace et par Gabriel Braeuner, président des Amis de la Bibliothèque Humaniste – Begrüssung

10h00 Rapport du comité trinational sur la situation actuelle du réseau par Markus Moehring.

 

Interventions – Referate

10h15 Pantxika de Paepe, Colmar
Martin Schongauer, mythes et réalité – Martin Schongauer, Mythos und Realität

Martin Schongauer, mythes et réalité | Martin Schongauer, Mythos und Realität

Martin Schongauer, artiste colmarien de la fin du 15e siècle, est surtout connu pour son art du noir et du blanc. Ce sont en effet ses gravures au burin qui firent sa renommée. Circulant partout au cœur du Saint Empire romain germanique et hors de ses frontières, copiées par d’autres graveurs, elles inspirèrent de nombreux peintres, sculpteurs, orfèvres, émailleurs…et suscitèrent l’admiration d’artistes tels Michel-Ange ou Dürer.

UNE DOUBLE FORMATION TECHNIQUE ET STYLISTIQUE

Martin Schongauer graveur

Fils et frère d’orfèvres, Martin Schongauer reçoit certainement à Colmar une première formation dans l’atelier familial. Celle-ci peut expliquer sa maîtrise du travail au burin tout comme son sens de la précision et son appréhension de l’objet en trois dimensions.

À Colmar, comme dans le reste de l’Empire, les orfèvres trouvent, à la fin du 15e siècle, un nouveau débouché dans la réalisation de plaques gravées nécessaires à la production multiple d’images.

Entre Strasbourg et Constance, l’élan est donné par le Maître E.S. premier graveur à signer d’un monogramme. Orfèvre lui-même, sa production s’échelonne sur près de trois décennies entre 1440 et 1467. Martin Schongauer n’a pu ignorer ses créations aux compositions complexes où les personnages, bien que hiératiques, proposent des attitudes et des gestuelles dignes d’une foisonnante chorégraphie. Mais plus encore, le jeune graveur colmarien a dû être séduit par la maitrise du geste sûr et léger du burin sur le métal et le fin travail de hachures pour suggérer les modelés et les ombres.

Le style de Martin Schongauer

Formé semble-t-il dans l’atelier de Caspar Isenmann, peintre cité à Colmar entre 1432 et 1484, Martin Schongauer s’imprègne de cet art du Rhin supérieur, anecdotique et élégant déjà teinté de l’influence des artistes des Pays-Bas méridionaux.

L’analyse de ses gravures prouve aussi que Schongauer a étudié les œuvres d’artistes novateurs, et ce au cours de différents voyages. Un seul d’entre eux est documenté, celui qui le mène à Leipzig pour ses humanités (1465). Son passage à Augsbourg et à Cologne semble certain, tout comme sa présence à Nuremberg dans l’atelier de Hans Pleydenwurff. En revanche, si un séjour dans les Pays-Bas méridionaux ne se fonde sur aucun document, sa connaissance de l’art de Rogier van der Weyden et de ses suiveurs est réelle, qu’elle soit basée sur une étude directe de leurs panneaux peints ou par le biais de dessins intermédiaires.

CORPUS ET DATATION DES 116 GRAVURES

Il est aujourd’hui certain qu’un travail collectif, supervisé par le graveur, est à l’origine de la production colmarienne. Ainsi, l’image romantique de l’artiste solitaire, s’appliquant à creuser de fins sillons sur sa plaque de métal à l’aide de son burin puis à imprimer avec sa presse sa composition, s’éloigne. Des graveurs tels le Maître A.G. et le Maître i.e. ont travaillé sur les gravures signées du monogramme M.S. comme le prouve la confrontation de quelques-unes de leurs productions avec les épreuves attribuées au maître colmarien.

Aucune des gravures de Martin Schongauer n’étant datée, la délicate question de leur chronologie doit être à nouveau examinée. La réponse stylistique ne peut être seule prise en compte sachant que plusieurs mains ont gravé les plaques. La datation en fonction de la signature s’avère aussi sans fondement quand on réalise que cette marque, validant la sortie de la presse, et pour laquelle une place est laissée par le graveur, est le fait d’un simple exécutant. Le filigrane du papier documente un moulin et une date de production mais pas son utilisation par le graveur.

Seul le prisme de la réception semble offrir la possibilité d’affiner les hypothèses de datation pour certaines épreuves. Une œuvre datée, réalisée d’après une gravure de Schongauer, permet de proposer un terminus ante quem : L’Adoration des Mages avant 1475 ; la Petite Crucifixion (Galichon) avant 1476 ; la Passion avant 1478 ; La série des Vierges folles et sages avant 1478….

10h45 Discussion – Diskussion


11h00 Dr Hanns Hubach, Hassloch

Vom Nutzen „alter Tapetzereien“. Bildteppiche als historische Beglaubigungsmedien in Spätmittelalter und Früher Neuzeit – De l’utilisation des tapisseries comme sources historiques durant la période humaniste.

Les tapisseries du Moyen Âge, sources historiques.

Si de nos jours les tapisseries sont avant tout à compter parmi les produits issus des métiers d’art, il n’en fut pas de même au Moyen Âge et au début de l’Époque moderne, où elles constituèrent le support incontestablement le plus précieux et le plus prestigieux – et par là même le plus efficace – utilisé pour la mise en scène du pouvoir. Elles étaient des éléments incontournables de l’omniprésente concurrence en termes de statut que se livraient les familles princières comme les institutions ecclésiastiques en Europe. Leur éminent statut fut tel que les tapisseries insufflaient encore des impulsions décisives pour la création d’une culture collective de la mémoire alors que le XVIIIe siècle était déjà bien avancé. Elles demeuraient, au moins pour les élites de la société, des supports et vecteurs essentiels des traditions politiques, historiques et littéraires.

Dans mon intervention, je pars de l’observation qu’avec l’apparition de l’humanisme en Allemagne et donc, en parallèle, d’une historiographie s’appuyant de plus en plus sur des sources, les tapisseries furent considérées comme les témoignages historiques authentiques d’époques depuis longtemps révolues. De toute évidence, elles continuèrent non seulement d’exister au même titre que la transmission écrite, mais eurent même par moments la préférence, en tant que support d’une plus grande crédibilité. Parallèlement à cela, la documentation historico-critique du recensement des tapisseries médiévales commence donc avec les chroniqueurs. Par historico-critique, nous entendons que les motifs et les inscriptions associées furent répertoriés, souvent accompagnés d’informations sur le lieu de conservation et l’état des tapisseries.

Dans son ouvrage standard consacré aux tapisseries allemandes du Moyen Âge, Betty Kurth a réuni des sources pertinentes. Sa liste commence par une description littéraire circonstanciée de deux tapisseries du XIIe siècle provenant de l’abbaye bénédictine Saint Léger de Murbach en Haute-Alsace. Cette Epistola de tapecijs antiquis in monasterio Morbacensi fut rédigée en 1464 par le moine bénédictin et historiographe Sigismond Meisterlin d’Augsbourg. Celui-ci avait étudié les arts et le droit canon à Pavie et appartenait, dans sa ville natale, au cercle des premiers humanistes regroupés autour du futur bourgmestre Sigismund Gossembrot.

Bien que le texte de Meisterlin soit connu de longue date, sa portée, en tant que témoignage d’un témoignage de l’historiographie de l’art du début de la période humaniste, né à peu près au milieu du XVe siècle, justement pas en Italie, mais au nord des Alpes, n’a pas été reconnue à ce jour. Il était adressé au dernier abbé bénédictin réformé, Barthélémy d’Andlau. Meisterlin lui expose les raisons qui l’ont amené à rédiger le texte. Il avait entrepris la description minutieuse des tapisseries et de leurs inscriptions afin de transmettre à la postérité le nom des bienfaiteurs de l’abbaye qu’elles figurent et les privilèges accordés par ces derniers. Je me propose de présenter la composition formelle, le contexte probable de leur exécution et la pertinence historique réelle des tapisseries.

J’enchaînerai avec une discussion sur de courts exemples illustrant l’historiographie urbaine (Worms) et généalogique (comtes von Zimmern/comtes palatins von Simmern) dont les histoires devenues légendaires sont traitées comme des évènements historiques crédibles uniquement parce qu’elles sont représentées sur une tapisserie.

L’évolution ne s’arrête pas là. Très tôt déjà, il fut possible, grâce au don de tapisseries prestigieuses, d’attester également des légendes familiales fictives ou, rétrospectivement, une origine noble. Le tapis figurant un tournoi des seigneurs de Flersheim fut un parfait exemple d’une telle «?Invention of Tradition?» ciblée dans la zone où se croisent la conception sérieuse de l’histoire et la mythographie dynastique intentionnelle d’une vision du passé volontairement embellie en termes d’intérêts politiques de la famille.

Une dernière étape de l’évolution est la gravure sur bois d’Albrecht Dürer figurant «?la tapisserie à Michelfeld?», découverte en 1524, avec ses inscriptions?; il s’agit de la première documentation historico-critique d’une tapisserie existant concrètement en tant que telle dans un autre support pictural. L’univocité dont fait preuve Dürer dans l’inscription qu’il a lui-même ajoutée à la gravure sur bois, en nous faisant savoir que son modèle est une tapisserie déjà ancienne, assurait que le peintre pouvait tirer profit de la confiance établie de ses contemporains en la crédibilité des représentations sur des tapisseries anciennes, afin de conférer l’insistance nécessaire au message pictural d’une actualité politique brûlante actualisée par ses soins, avec ses tendances clairement anti-habsbourgeoises, et ce sans aucun risque pour lui-même.


11h30 Discussion – Diskussion


11h45 Dr Phil. Ueli Dill, Bâle
Eine Anhandlung zur Geschichte Schlettstadts von 1527 – Beatus Rhenanus auf dem Weg zu den Rerum Germanicarum libri tres – Traité sur l’histoire de Sélestat en 1527 – Baetus Rhenanus sur la route du Rerum Germanicarum libri tres.

Ueli Dill (Bibliothèque de l’Université de Bâle)

À la Bibliothèque de l’Université de Bâle sont conservées deux copies d’un ouvrage, jusqu’à ce jour inexploité, de Beatus Rhenanus (1485–1547). L’un de ces manuscrits, rédigé de la main de Bonifacius Amerbach, compte six pages couvertes d’une écriture serrée ; au bas du texte figure la date de février 1527. De l’autre manuscrit, seule la première partie du texte nous est parvenue. Compte tenu du fait qu’il mentionne chaque endroit prévu pour l’insertion d’illustrations, on peut supposer que l’ouvrage était destiné à être imprimé. Mais il semblerait que cela ne fût jamais le cas.

L’ouvrage ne possède pas de titre à proprement parler, l’un des manuscrits cependant présente une dédicace en lieu et place du titre « Libertati antiquitatique patriae dedicatum » (À la liberté et à l’histoire de la ville natale). Un bibliothécaire du XVIIème siècle titra la copie intégrale De urbis Selestadii antiquitatibus (L’histoire de la ville de Sélestat). Le contenu de la copie incomplète qui nous est parvenue fut désigné au XXème siècle Descriptio Alsatiae? (Description de l’Alsace). Les deux sont fondés : Sélestat est au centre de l’opuscule, bien que tout le territoire du peuple germanique des Triboques, autrement dit l’Alsace, soit traité.

En 1525, Rhenanus avait pris contact avec son ancien compagnon d’études Johann Trumair, dit Johannes Aventinus (1477–1534), l’historiographe de la Bavière. La raison en était l’histoire, à ses yeux ratée, de la nation germanique par Franciscus Irenicus (1518). Trumair se réjouit d’avoir trouvé quelqu’un avec qui partager son point de vue, et lui fit un exposé circonstancié sur l’importance de l’historiographie et la manière de la pratiquer. Selon lui, écrire une histoire de toute la nation germanique est un « Herculeus labor », une tâche digne des travaux d’Hercule que lui-même n’aurait pas la présomption de vouloir entreprendre. Il vaudrait bien mieux que différents auteurs, de préférence sur ordre des souverains, exécutent cette tâche pour leur région respective.

Dans sa réponse, Rhenanus déplore l’étroitesse d’esprit de Jérôme Guebwiller et de Paul Volz, qui s’intéressent à l’histoire de l’Alsace : « Si je tente de leur parler des Triboques qui naguère franchirent le Rhin et s’installèrent sur le territoire des Médiomatriques, ce que rapporte Strabon, comme tu le sais, puis passant par Elcebum (ancienne ville d’Ell), Brocomagus, si souvent détruites par les Alamans et maintes fois reconstruites par les Romains, Tres Tabernae (Saverne) et Hellum, paraissant dans l’Itinerarium Antonini avoir été changée, à tort, en Helvetum – si je le leur rappelle, ils me regardent comme si je leur racontais un rêve. »

Ayant été conforté par Trumair, tant dans sa critique formulée à l’encontre des ouvrages d’histoire disponibles que dans sa propre méthodologie, il semble que Rhenanus se soit emparé de l’histoire de sa patrie en suivant le modèle de Trumair. Comme base, il a utilisé les auteurs antiques tels que Ptolémée, Strabon, César, Tacite, l’Itinéraire d’Antoine (Itinerarium Antonini), Sidoine Apollinaire, mais aussi des chroniques médiévales et des actes. Pour l’interprétation, il s’attache à la remarque de Trumair concernant le possible changement au fil du temps des noms, de la localisation des peuples et des villes qui y sont mentionnés. Il essaie souvent d’expliquer ces changements de noms en convoquant des réflexions de l’ordre de l’étymologie et de l’histoire des langues.

Rhenanus dépeint la migration des peuples germaniques, avant que César ne conquière la Gaule, vers les territoires sur la rive gauche du Rhin, et notamment des Triboques vers l’actuelle Alsace. Dans un premier temps, ils soutiennent Arioviste en guerre contre César, mais après que ce dernier leur eut infligé une cuisante défaite, ils devinrent de fidèles provinciaux à Rome. Les principales localités sont Brocomagus (Brumath), Argentoratum (Strasbourg) et Elcebum (Ell). Rhenanus y reconnaît la future ville de Sélestat. Au Vème siècle, les Francs et Alamans auraient ensuite tiré profit du chaos engendré par Attila et attaqué les provinces sur la rive gauche du Rhin où ils détruisirent les anciennes colonies. Depuis 496, date de la victoire de Clovis Ier, roi des Francs, sur les Alamans, Sélestat appartenait au royaume franc oriental. Elcebum détruite, les Francs auraient alors construit Sélestat et lui auraient donné le nom, en langue franque, d’Elcestad.

Après la mort de l’empereur Arnulf, en 899, l’Alsace et donc Sélestat seraient devenues la possession de l’Empereur Henri Ier et par conséquent du Saint-Empire romain de la nation germanique. Sous le règne de Frédéric II, Wolfelin von Hagenau aurait fait construire un mur de fortification autour de la ville. D’après Rhenanus, Sélestat aurait deux bienfaiteurs notables, Frédéric II et Rodolphe Ier.

La comparaison avec les Rerum Germanicarum libri tres, les Trois livres d’histoire de la nation germanique, publiés en 1531, dans lesquels Rhenanus traitait la préhistoire et la protohistoire de toute la nation germanique, montre que le traité de 1527, encore limité à l’Alsace, contient déjà de nombreux thèmes et thèses du grand ouvrage et peut donc être considéré comme son point de départ.

Durant les années 1520, Rhenanus s’adonna à un passe-temps que rapporte Jean-Daniel Schoepflin dans son Alsatia illustrata : « Rhenanus conféra à Sélestat l’aspect d’une colonie romaine. De nombreuses inscriptions inspirées de celles du vieux Latium, apposées à son initiative par les habitants dans divers quartiers de la ville afin que les générations futures en gardent le souvenir, sur les colonnes et les murs de l’église, sur les portes, dans la chancellerie, dans la boutique et dans d’autres lieux, témoignent de son érudition et de son amour pour sa ville natale […]. » De la même manière, deux inscriptions forment la conclusion du De urbis Selestadii antiquitatibus, l’une relative à Frédéric III et Rodolphe Ier, l’autre à Wolfelin von Hagenau. La première sera citée par Rhenanus également dans son Rerum Germanicarum libri tres, la seconde reste à ce jour inconnue. La dédicace utilisée comme titre en 1527 « Libertati antiquitatique patriae dedicatum » évoque elle aussi une inscription et se rapproche de la dédicace d’une inscription, dans laquelle Rhenanus traite l’attaque de Herrlisheim par les Sélestadiens en 1448 : « Fortitudini et Clementiae dicatum » (À la bravoure et à la mansuétude).

De l’une de ces inscriptions, nous savons qu’elle a été rendue célèbre également sous forme d’estampe. Il est probable que Rhenanus prévoyait de publier le De urbis Selestadii antiquitatibus de cette même manière. Peut-être même l’aura-t-il effectivement fait, mais aucun exemplaire ne nous sera parvenu.

12h15 Discussion – Diskussion


 12h30 Déjeuner – Mittagspause

Maison du Pain de Sélestat

 

 

 

 

 

 

 


14h00 Eugen Hillenbrand, Freiburg
« Das göttliche Geschenk » – « Die papierene Sache ». Der oberrheinische Buchdrucker Kilian Fischer in Berufsnöten – « Le cadeau divin » – « L’objet papier ». L’imprimeur haut-rhénan Kilian Fischer en difficulté professionnelle.

 Jacques Wimpfeling, Epitoma Germanorum, Strasbourg : en 1505, J. Prüss compte l’imprimerie au nombre des plus remarquables prouesses allemandes et lui consacre un chapitre entier : « De la fameuse invention de l’imprimerie. » Il clôt son éloge en ces termes : « La postérité doit savoir à qui revient le mérite de ce cadeau divin et éternel. »

 Johannes Trithemius fait copier, en 1492, son texte « De laude scriptorum » dans son monastère de Sponheim et l’envoie à ses frères de l’abbaye de Deutz, non loin de Cologne. Deux ans plus tard, soucieux d’élargir le cercle de ses lecteurs, il le donne à l’atelier de Peter von Friedberg. Il intitule le chapitre 7 : « Puisse l’imprimerie ne pas détourner de l’écriture. » Il y invite ses frères à réfléchir : « L’écriture, lorsqu’elle a pour support un parchemin, peut survivre mille ans ; mais combien de temps l’impression, puisqu’elle est un objet en papier, perdurera-t-elle ? »

Wimpfeling (1450 — 1528) et Trithemius (1462 — 1516) étaient amis depuis les années 1490, partageant le même éminent amour des livres. La sauvegarde et la transmission d’un texte aux lecteurs leur tenaient à cœur, à l’un comme à l’autre. De leur vivant cependant, les calames et plumes n’étaient plus les seuls objets utilisés pour ce faire, on se servait déjà de caractères mobiles à base de minerai.

Leur contemporain Kilian Fischer de la petite ville d’Ingelfingen, située dans le comté de Hohenlohe, avait opté pour ces derniers. Nous ne connaissons que peu de dates de sa vie, la plupart étant des notes d’impression. Elles mentionnent les villes de Bâle, Fribourg, Offenbourg et Strasbourg.

On discerna dans la multiplicatio, la reproduction, la nouveauté, pour l’époque, de cette technique qui permettait d’obtenir un texte identique, à l’inverse des caractères individuels tracés à la main. Jusqu’ici se dissimulaient derrière chaque livre l’effort et la personnalité du copiste, aussi fallut-il d’abord s’habituer à cette idée. Une nouvelle génération de libraires (novorum librariorum genus) maîtrisait désormais la fabrication des livres. D’un seul coup, un texte n’était plus une pièce unique, mais 100 à 400 exemplaires étaient disponibles. C’est dans cet ordre de grandeur que l’on estime le tirage d’un incunable. Dans la note finale des ouvrages imprimés par Ulrich Han, qui entre 1465 et 1478 gagnait sa vie à Rome, on lit dans un style lapidaire, que la quantité de texte imprimée en une seule journée est supérieure à celle que l’écriture permettait auparavant en un an.

L’impact du nouvel art sacré était double : 1. Il rendait le livre bien meilleur marché, et donc plus abordable pour chaque lecteur. 2. Il élargissait le cercle des lecteurs, jusqu’ici restreint, et rendait la lecture des livres accessibles à de nouveaux lecteurs. Leur cercle restant toutefois limité aux clercs et érudits des universités d’Europe qui maîtrisaient le latin. Les humanistes étaient convaincus que seule l’impression empêcherait les œuvres des auteurs antiques de tomber dans l’oubli.

Jacques Wimpfeling, qui se rangeait parmi les trois groupes mentionnés, avait de bonnes raisons de louer le cadeau divin : « Même l’Antiquité n’est pas parvenue à inventer quelque chose de plus utile ».

L’ami de Wimpfeling, Trithemius, dévoila le revers de la médaille. Dans le chapitre mentionné plus haut, qui compare l’imprimerie et l’écriture, il s’adressait à ses frères : « Nul ne doit croire, nul ne doit dire : « Pourquoi devrais-je encore faire l’effort d’écrire, alors que l’imprimerie donne naissance à tant de livres importants que nous pouvons créer une grande bibliothèque à moindres frais. » Il avait à cœur de perpétuer l’ancienne culture monastique de l’écriture. Trithemius confère au matériau sur lequel on écrit ou imprime un caractère symbolique : ici la solidité du parchemin, l’usure du papier étant rapide, ici la pérennité, là la fragilité, – ici pour les siècles, là pour un jour. L’abbé de Sponheim, qui enrichit la bibliothèque de plus de 2 000 volumes tandis qu’il dirigeait l’abbaye, en tire une conclusion remarquable : « Le copiste n’a pas à subir les conditions qui rendent l’imprimeur dépendant. Il est libre et jouit du commerce de sa liberté. »

L’imprimeur Kilian Fischer pourrait être un témoin de premier plan pour cette phrase songeuse de Trithemius. Nul doute qu’il était plein d’espoirs quand il s’installa à Bâle pour apprendre le nouveau métier d’imprimeur. Cette ville était considérée comme le haut lieu de l’imprimerie. Dès les années 1480 on y dénombre au moins six ateliers concurrents. Berthold Ruppel, qui avait encore travaillé auprès de Gutenberg comme ouvrier, fonda la première imprimerie en 1468 et réalisa de bons bénéfices. Les suivants allaient eux aussi parvenir à une grande prospérité. Mais dès la fin des années 1470 on peut constater que tous les imprimeurs ont quelques problèmes financiers. Ruppel, associé à deux collègues, avait édité en 1474 un commentaire juridique qui ne s’était pas vendu. Il avait alors été contraint de vendre du papier et des livres pour garder la tête hors de l’eau. Ses associés avaient continué à imprimer, avant de déclarer faillite en 1490. Le seul imprimeur de Bâle à être encore en très bonne posture durant les années 1480 était Johannes Amerbach. Il maîtrisait à la perfection le « marketing » requis : ses produits manufacturés étaient de grande qualité et prenaient en compte les besoins du marché.

En fondant une affaire à Bâle, Kilian Fischer n’avait aucune chance. Il partit pour Fribourg, en droit depuis 1457 de s’appeler ville universitaire. Probablement s’attendait-il à une forte demande en livres. Entre 1491 et 1495, pas moins de 17 ouvrages allaient sortir de son atelier. Le premier était une simple Bible en latin. D’un point de vue entrepreneurial, ce choix n’était guère compréhensible. Depuis la Bible imprimée par Gutenberg à Mayence en 1454, au moins 65 éditions allaient paraître jusqu’en 1490, dont 14 pour la seule ville de Bâle et 10 à Strasbourg. La demande n’était certainement plus extrême et l’offre beaucoup trop importante. Il concentra donc son travail sur des manuels destinés aux étudiants en théologie. Surestimant de toute évidence leur soif de connaissances. Et sans doute aussi la petite ville universitaire en soi, située à l’écart du grand axe commercial reliant Bâle à Strasbourg sur la rive gauche du Rhin, en direction de la très active Rhénanie. En 1495, il s’installa à Offenbourg, à proximité de Strasbourg, une plaque tournante pleine d’attraits disposant de relations commerciales étendues. Bien sûr : dans le livre de la bourgeoisie de Strasbourg figurent entre 1472 et 1530 plus de 40 noms mentionnant comme profession « imprimeur ». Certains d’entre eux appartenant à des corporations qui n’étaient pas spécialement proches de l’imprimerie : maçons, jardiniers, boulangers et cordonniers. Un seul ouvrage imprimé est orné du colophon : « et impressum in Offenburg Anno dm. 1496, ipsa vigilia epyphanie. » Ce fut cette même année qu’il retourna à Bâle, où l’évêché de Sion lui passa commande d’un nouveau bréviaire, lui permettant de tabler au moins sur quelques ventes. Mais la qualité de l’impression et du papier laissait fortement à désirer. Ce fut probablement sa dernière production. Son nom ne réapparaîtra plus que deux fois à Bâle, il est alors question de dettes contractées auprès de commerçants bâlois.


14h30 Discussion – Diskussion


14h45 Pause Café – Kaffeepause


15h15 Dr Phil. Thomas Hufschmid, Bâle
Basler Archäologie in der Spätrenaissance – die Forschungen von Basilius Amerbach (1533-1591) im Römischen Theater von Augst – Archéologie bâloise sous la Renaissance tardive – les recherches de Basilius Amerbach (1533-1591) au théâtre romain d’Augst

L’Archéologie Bâloise à la fin de la Renaissance les recherches de Basilius Amerbach (1533-1591) sur le théâtre romain d’Augst.

 En septembre 1587, le respecté professeur de l’université de Bâle Basilius Amerbach entreprenait un voyage d’agrément à destination de « Augst an der Bruck » (Augst sur le pont), en amont du Rhin, non loin de Bâle. À l’époque, il faut avoir une bonne une raison pour se rendre aux confins orientaux du prince-évêché de Bâle, dans ce lieu constitué avant tout d’un moulin, d’un pont et d’un grand bâtiment pour la douane avec droit d’albergue (droit d’auberge), il s’agissait en fin de compte du dernier avant-poste bâlois avant le franchissement de la rivière limitrophe Ergolz pour passer en territoire autrichien habsbourgeois. Par quoi cet éminent juriste était-il donc attiré en ce lieu isolé??

Depuis longtemps déjà, les habitants d’Augst avaient régulièrement proposé à la vente des pièces de monnaie, des statuettes en bronze et autres trouvailles romaines, et les vestiges de magnifiques édifices antiques, visibles en de multiples endroits du périmètre, avaient nourri des rumeurs évoquant des trésors légendaires qui y seraient dissimulés. Peut-être ces histoires, mais aussi éventuellement l’intérêt suscité par des matériaux de construction bon marché, furent-elles à l’origine, à la fin du XVIe siècle, des importantes fouilles menées près des mystérieuses ruines appelées « Neuf-Tours ». Le responsable de l’opération n’était autre qu’Andreas Ryff, célèbre pour ses connaissances de l’exploitation minière, le futur homme politique helvétique, qui, à partir de 1582 allait pendant trois ans labourer en tous sens le périmètre des « Neuf-Tours », sans vraiment comprendre de quoi il s’agissait.

À l’issue de l’opération menée par Ryff, les fouilles allaient continuer sous la direction d’une autre personne et la nouvelle de la mise au jour de vestiges romains à Augst allait progressivement se répandre parmi les cercles d’érudits bâlois. Aussi n’est-il pas surprenant que Basilius Amerbach, collectionneur passionné, numismate et curieux de l’Antiquité, ait pris la route d’Augst, pour se rendre compte par lui-même. Dès l’époque où il était étudiant, Basilius avait été fasciné par les monuments de l’Antiquité, avait copié et traduit avec enthousiasme des inscriptions romaines?; il semblerait aussi qu’à la faveur de son long périple en Italie en 1556, il ait rencontré l’architecte réputé fin connaisseur des monuments romains Pietro Ligorio.

Pour Amerbach, très cultivé dans de multiples domaines, ce fut donc une chance lorsque soudain, en 1587, se présenta l’occasion de faire des recherches sur l’architecture romaine, pour ainsi dire à deux pas de chez lui.

Bâle avait vécu une période difficile, marquée par les troubles de la Réforme et une succession d’épidémies de peste, dont la dernière, en 1563/1564 avait fait des milliers de victimes

Parallèlement à ces évènements, la société elle aussi avait cependant connu de profonds changements. L’imprimerie avait favorisé l’essor considérable de la ville située sur un coude du Rhin, des érudits venus d’autres pays séjournaient fréquemment à Bâle, l’université fondée en 1460 était en train de devenir une institution de renom tenant le haut du pavé en Europe, et des immigrants récemment intégrés dans la bourgeoisie offraient de nouvelles impulsions à la communauté urbaine.

Dans ce contexte, il n’y a rien de surprenant à ce qu’un personnage tel que Basilius Amerbach, pétri de culture humaniste, s’intéresse aux vestiges antiques si proches. En revanche, le cœur que mit Amerbach à l’ouvrage, quand il décida en 1588 d’investiguer et de documenter les vestiges du théâtre d’Augusta Raurica, est plutôt remarquable. La méticulosité avec laquelle il se consacra à l’opération se manifeste notamment dans le fait que, mis au défi par la taille et la complexité du site, il convainquit Hans Bock l’Ancien de l’aider à arpenter et à documenter les ruines sous forme de dessins. En 1590, le duo dissemblable, constitué d’un juriste et d’un artiste, était à l’apogée de sa collaboration. En mai et en octobre, ils travaillaient sur le terrain ; durant l’hiver suivant, Amerbach ambitionna d’optimiser l’exactitude du plan, qu’il n’estimait toujours pas satisfaisante. Il est possible que tous deux aient même prévu un nouvel arpentage suivant une méthode perfectionnée. Quand Basilius décéda soudainement en avril 1591, l’opération prit brusquement fin ; il resta la documentation inachevée, qui avait atteint dans l’intervalle une liasse de presque 50 feuillets, remplis de plans, dessins et descriptions.

Après l’achat du cabinet Amerbach, les documents allaient revenir en 1661 à la Bibliothèque de l’université de Bâle où, précieux trésors de la division des manuscrits, ils reposent désormais.


15h45 Discussion – Diskussion


16h00 Jean Paul Sorg, Mulhouse
France et Allemagne dans la vie et la pensée d’Albert Schweitzer – Frankreich und Deutschland im Leben und Gedanke Albert Schweitzer

Singulière position d’Albert Schweitzer (dans le temps et l’espace) : Citoyen allemand de1875 à 1919 : 44 ans et citoyen français de 1919 à 1965 : 46 ans.

Comme il a écrit la plupart de ses livres (pas tous) et rédigé la plupart de ses sermons, conférences et textes de circonstance en allemand, avant 1919 et bien après, les Allemands ont la tendance naturelle de le considérer comme un des leurs, comme un écrivain, un penseur et un humaniste allemand. Ce n’est pas faux ! Cela explique en partie que les Français, qui n’aiment pas les ambiguïtés et les choses inclassables, ne le considèrent pas comme un des leurs, une de leurs « gloires nationales » (avec un Prix Nobel de la paix en 1952 tout de même !), qu’ils le dédaignent, le regardent avec suspicion ou l’ignorent. A tort !

Nous allons montrer que par des éléments reçus d’un héritage politique et culturel et aussi, et davantage, par des choix déterminants qu’il fit avant la césure de la guerre de 1914-1918, il était plus français, d’esprit, de langue et de culture, qu’on ne le croit généralement, que les Français ne le croient et que les Allemands ne le pensent.

Né en 1875 (= 1870 + 5).

„Ich wurde am 14. Januar 1875 in dem Städtchen Kaysersberg im Oberelsass geboren… Nach diesem Kaysersberg ist der berühmte mittelalterliche Prediger Geiler von Kaysersberg (1445-1510) der am Strassburger Münster predigte, benannt… Als Knabe habe ich mir sehr viel darauf eingebildet, in der Stadt Geilers von Kaysersberg geboren zu sein…“

Deux prédicateurs si remarquables, Geiler von Kaysersberg et Albert Schweitzer, que l’on a pieusement recueilli leurs sermons. Les deux, sur l’axe rhénan du christianisme, furent des réformateurs qui ont libéré la pensée et la foi de la pesanteur théologique des dogmes.

On ne comprend pas bien Schweitzer si on oublie que la génération de ses parents et de ses grands-parents a vécu dans une Alsace française, pendant le Second Empire, et reçu donc une éducation scolaire française, tout en gardant cependant des attaches solides avec la culture allemande et en conservant l’usage quotidien du dialecte (alémanique ou francique). Heureuse époque de ce point de vue ! La génération des parents d’Albert Schweitzer et de ses maîtres d’école et de musique (comme au piano et à l’orgue Eugène Münch) était tranquillement bilingue, sachant l’allemand et sachant s’exprimer en français plus aisément qu’Albert Schweitzer jamais ne le saura…

La chance particulière d’Albert Schweitzer était d’avoir des parents installés (avant 1870) à Paris : oncles Auguste et Charles, tantes Mathilde (née Hertle) et Louise (née Guillemin), cousins et cousines, dont Anne-Marie Sartre-Schweitzer, la maman de…

Correspondance régulière obligée en français dès le plus jeune âge. « Französisch empfinde ich trotzdem nicht als Muttersprache, obwohl ich mich von jeher für meine an meine Eltern gerichteten Briefe ausschliesslich des Französischen bediente, weil dies so Brauch in der Familie war.“

Premier voyage à Paris en 1893, après son Abitur. Audition d’orgue devant Charles-Marie Widor, dont il deviendra tout de suite un élève particulier et bientôt un collaborateur et ami.

Depuis, voyages réguliers à Paris, trois, quatre fois l’année. Semestre d’hiver 1898-1899, pour des études de philosophie.

Membre cofondateur fin 1904 de la Société Jean-Sébastien Bach de Paris. Il en sera jusqu’en 1913 un des membres les plus actifs, organiste lors des deux concerts annuels et conseiller artistique. Publication  de son premier livre sur Bach en 1905, Jean-Sébastien le musicien-poète.

La même année 1905 (das Schicksalsjahr), premiers contacts avec la Société des Missions évangéliques de Paris. Visites obligées fréquentes et correspondance abondante.

Le choix obstiné de la station missionnaire de Lambaréné, sur un territoire colonial français. Volonté de créer là-bas une œuvre humanitaire supraconfessionnelle et supranationale.

En appuyant sur le paradoxe, on pourrait dire qu’il n’a jamais été plus actif et créatif en français que durant sa période de citoyenneté allemande et que devenu citoyen français il n’est pas devenu, comme par un enchantement jacobin, écrivain et intellectuel français, mais qu’il étendu ses activités à l’international et développé – et publié – en allemand les parties principales de sa pensée religieuse et philosophique.

Le 8 juillet 1949, à Aspen (Etats-Unis), lors de la fête de la célébration du bicentenaire de la naissance de Goethe, il donne une de ses conférences en français, « Goethe, l’homme et l’œuvre ».

En 1954, le 4 novembre, il prononcera en français son discours de Prix Nobel de la paix, « Le problème de la paix, aujourd’hui ».

Vers la fin de sa vie, pressé de se déterminer comme français ou allemand, il s’est défini comme  « homme de Gunsbach et citoyen du monde ».

En 1905, en prélude à Jean-Sébastien Bach, le musicien-poète, il avait écrit : « Si de tout temps le beau privilège de l’Alsace a été de faire connaître l’art français et la science française en Allemagne et, en même temps, de frayer la voie, en France, à ceux des penseurs et des artistes allemands qui ont une importance européenne, cette tâche ne s’impose-t-elle pas aux Alsaciens de notre génération qui sont restés en contact avec la culture française, plus qu’à ceux de n’importe quelle autre époque ? »

Travaillant dans les années 1950 sur ses manuscrits philosophiques, il nota en marge :

„Ich selber, der ich in der deutschen und französischen Sprache lebe, versuche immer, einen philosophischen Gedanken ins Französische zu übersetzen – um zu sehen, was in ihm von der Sprache unabhängig ist.

 Dass in der deutschen Philosophie vieles möglich ist, weil die Sprache philosophisch alles erlaubt… Die ist ein Vorteil und ein Nachteil. Dass die deutsche Philosophie immer als Avant-Garde marschiert, hat z. T. darin seinen Grund. Dass Bergson mit starrer Sprache kämpfen muss, dies hat einen moderierenden Einfluss auf seine Philosophie.“

 Jean-Paul Sorg


16h30 Discussion conclusive – Schlussdiskussion

 

Fin du colloque vers 16h45 – Tagungsende ca. 16h45